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«André Sugnaux a une vraie foi en l’humanité»

L’artiste glânois André Sugnaux (à g.) a accepté de se confier à Bernard Chollet pour qu’il puisse écrire sa biographie. VJ

Ancien enseignant au Cr�t, Bernard Chollet signe André Sugnaux: peindre l’émotion. C’est parce qu’il a été séduit par l’humanisme de cet artiste gl�nois que l’auteur a voulu lui consacrer une biographie illustrée. Rencontre.

«L’œuvre et la vie d’André Sugnaux sont exceptionnels.» Ces mots sont ceux de l’auteure de Mézières Mousse Boulanger dans la préface de la première biographie illustrée consacrée à l’artiste de Prez-vers-Siviriez. Ce livre André Sugnaux: peindre l’émotion, sorti en janvier aux Editions de l’Aire, on le doit à Bernard Chollet. Enseignant au Cr�t de 2001 à 2009, il ne cache pas son admiration pour le peintre: «Ses qualités d’ouverture et de tolérance sont à transmettre. Elles peuvent éclairer la lanterne de certains lecteurs. Il a une vraie foi en l’humanité.»

En 2014, Bernard Chollet propose à André Sugnaux, qu’il connaît depuis ses 16 ans lorsqu’il emménage à Romont, d’écrire sa biographie. Le premier livre du Veveysan, Méandres, qu’il ne juge «pas bon», après coup, venait de paraître. Il voulait donc se consacrer à l’écriture d’une biographie, celle d’un homme dont il n’a cessé de suivre le travail aux teintes chaudes et lumineuses. L’une des œuvres de l’artiste, un cadeau de mariage de ce dernier, est d’ailleurs accrochée dans son salon.

Un vrai modeste

Dans un premier temps surpris par la proposition, le Gl�nois accepte. Il se pose quand m�me la question: «Est-ce qu’il (Bernard Chollet, n.d.l.r.) me connaît vraiment assez?» L’auteur se souvient de la première réaction de l’artiste à l’évocation de cette idée: «Je te préviens, je ne fais pas cela pour la gloire.» Modeste, André Sugnaux estime ne pas mériter une biographie. Ce n’était pas l’avis de Bernard Chollet: «Tout le monde n’a pas eu une vie aussi riche en expériences.»

S’ensuivent alors plusieurs entretiens, vingt en tout, répartis sur huit mois. Le Gl�nois se confie sur son travail, ses rencontres et ses nombreux voyages. «A 75 ans, ce livre est une sorte de point final, il permet avec l’écriture de Bernard de mieux connaître mon travail pictural et ce que mes œuvres évoquent.» L’artiste et l’écrivain se mettent ensuite en qu�te d’un éditeur.

Ils se tournent vers les Editions Ouverture au Mont-sur-Lausanne. La disparition du fondateur Jean-Samuel Grand stoppe la publication. Finalement, c’est Michel Moret des Editions de l’Aire, à Vevey, qui se montre intéressé. Sauf qu’il demande encore aux deux hommes de récolter 10 000 francs. Ils sollicitent alors des entreprises gl�noises et le Service de la culture du canton de Fribourg. Il aura donc fallu quatre ans entre l’évocation de cette biographie et le moment de sa publication.

Envie d’ailleurs

André Sugnaux effectue d’abord un apprentissage d’électricien, plus par contrainte que par choix. «Nous avions un carnet où nous devions décrire notre travail et nos outils. Le mien ne contenait que des dessins», témoigne-t-il. Il commence à gagner sa vie, économise en vue d’aller étudier à l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts à Paris, ce qu’il parvient à réussir. Les portes s’ouvrent et avec elle le goût de l’aventure.

De la Tunisie à Tahiti, à la découverte de Paul Gauguin, en passant par l’Egypte, et sa rencontre avec Sœur Emmanuelle, l’artiste ne cesse de voyager. La Russie tient cependant une place importante dans son travail. C’est dans la Ville Lumière qu’André Sugnaux découvre l’art russe. Il se rend après la chute du communisme à Saint-Pétersbourg pour enseigner la peinture moderne. Avec le soutien de l’Union des artistes russes et du sculpteur Leonid Kolibaba, il visite les camps désaffectés des goulags soviétiques, récolte le témoignage de survivants et récupère des vestiges.

Il suffit de l’entendre raconter pour �tre happé par ces destins brisés par le travail inhumain. «Il dessine chaque jour les visions qui l’assaillent lorsqu’il foule les terres imprégnées de la souffrance des prisonniers», écrit Mousse Boulanger. Ses cinq frères ont aussi suivi une voie artistique. «Notre père était aussi un artiste, mais il ne nous l’avait jamais dit. Quand je lui ai dit que je voulais faire les Beaux-Arts, il m’a tout de suite encouragé.» Au fil des mois et de leurs entretiens réguliers, André Sugnaux et Bernard Chollet sont passés de connaissances de jeunesse à des amis. «Je n’ai rien à cacher et en m�me temps beaucoup. Lors des entretiens avec Bernard, je n’étais pas au confessionnal», rigole l’artiste. Pour découvrir ce qu’il y a sous le vernis, il est donc nécessaire de lire André Sugnaux: peindre l’émotion. Valentin Jordil

André Sugnaux: peindre l’émotion, de Bernard Chollet, Edition de l’Aire, 229 pp.

 

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