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Bossonnens continue de voir rouge face au géant jaune

Le Grangeois Rodolphe Aeschlimann se bat pour garder un bureau de poste dans le village voisin, depuis 2017. VJ

MÉCONTENTEMENT BOSSONNENS

Infatigable, le retraité de Granges (Veveyse) Rodolphe Aeschlimann continue de lutter, au côté du Conseil communal, pour le maintien de son office postal à Bossonnens. Une nouvelle action de mobilisation a eu lieu, samedi matin. Sur place, la porte-parole du géant jaune a dû répondre à de nombreuses critiques.

confirme qu’elle fermera sa succursale de La grogne face au géant jaune s’est exprimée, samedi matin. Ils étaient une soixantaine de personnes à avoir répondu à l’appel de Rodolphe Aeschlimann, retraité de Granges, qui se bat depuis 2017 avec le Conseil communal pour maintenir l’office postal, rénové en 2006. «Malgré toutes les demandes, La Poste ne lâche pas son os. Elle veut démanteler. C’est-à-dire fermer son office, transférer soit dans une agence, soit mettre le boulot sur les facteurs», a clamé Rodolphe Aeschlimann.

La syndique Anne-Lyse Menoud a déclaré que le service à domicile était largement insuffisant et insatisfaisant: «Si une agence postale ou un service à domicile peuvent être une solution satisfaisante, souhaitable ou souhaitée, dans l’une ou l’autre situation, ce n’est pas le cas à Bossonnens.» Malgré une pétition soutenue par 1300 paraphes, La Poste confirme qu’elle fermera sa succursale de Bossonnens (voir Le Messager du 13 octobre 2017). Si aucun accord avec un éventuel partenaire pour accueillir une agence postale n’aboutit, seul un service à domicile perdurera.

La responsable de la communication du géant jaune pour les cantons de Vaud et Fribourg Tiziana Boebner (lire interview ci-dessous) et le responsable d’exploitation de La Poste secteur Sud fribourgeois Claude-Olivier Bovigny s’étaient déplacés pour entendre les doléances des citoyens. «C’est vous qui démantelez le service postal», lui a lancé Roger Chappuis, buraliste postal à Palézieux-Gare pendant près de trois décennies. «Aberrant», «scandaleux» ou «irrespectueux» sont notamment les mots entendus lors des prises de parole d’usagers et d’anciens employés qui se sont, spontanément, succédé à la tribune. Dans le district, les offices de poste d’Attalens et de Châtel-St-Denis seront encore maintenus jusqu’en 2020 au moins. De l’autre côté de la frontière cantonale, le bureau de Palézieux-Village a fermé ses portes en 2005, Châtillens en 2009 et Palézieux-Gare en 2013, remplacé par une agence postale au guichet des CFF, puis des TPF en 2018.

Accessibilité mise en avant

Rodolphe Aeschlimann a rappelé dans son discours qu’en septembre dernier, le Conseil des Etats a refusé une motion demandant un moratoire sur les fermetures d’offices de poste. «Parler de développement durable, équiper son personnel de véhicules électriques, alors qu’on oblige les citoyens-clients de devoir se déplacer, parfois sur plusieurs kilomètres, est totalement aberrant», a estimé Anne-Lyse Menoud.

La poste de Bossonnens est un pôle postal important, selon la syndique: «Situé à un croisement de routes, sur le chemin de pendulaires empruntant ces différents et importants axes routiers, situé proche d’une boulangerie, d’un centre commercial et d’une gare, accessible aux personnes à mobilité réduite, bénéficiant d’heures d’ouverture étendues et de places de parc, l’office de poste de Bossonnens se doit de rester ouvert.»

Anne-Lyse Menoud a assuré que les autorités communales «entourées et soutenues par les citoyens du village et des villages voisins» continueront de se battre pour le maintien du service de poste. La manifestation était encadrée par deux policiers. Une présence, voulue par la commune, «non pas par crainte de débordements, mais en raison de la proximité de la route», a tenu à préciser la syndique. «Bravo Rolfi» ou encore «Continuez» a-t-on pu entendre à la fin de la manifestation au milieu des applaudissements nourris.

Valentin Jordil


Un service «de qualité» qui «répond» aux besoins

Pourquoi êtes-vous venue à la manifestation de Bossonnens?

Tiziana Boebner: La présence de la communication régionale est importante pour écouter et discuter avec la population. C’est en dialoguant, en comprenant les attentes et les besoins de nos clients qu’il est possible à La Poste de mieux y répondre. Raison pour laquelle, je rédige un rapport aux responsables régionaux. Nous comprenons la réaction des citoyens, mais nous ne pouvons pas promettre que, à la suite de chaque manifestation, le processus de transformation du réseau postal, pour la desserte de Bossonnens en particulier, va être interrompu. En effet, La Poste assume son mandat de service universel afin d’assurer un service de qualité élevée qui réponde aux besoins de la population. La Poste suit les directives de l’ordonnance sur La Poste qui a été adaptée par le Conseil fédéral début 2019.

Mais comprenez-vous les critiques émises par la population?
Le changement fait peur et demande du temps. Néanmoins, aujourd’hui, La Poste est là où le client se trouve. Ce n’est pas parce que nous transformons un office en filiale en partenariat ou en service à domicile que le service universel meurt. Au contraire, l’objectif de La Poste est d’adapter son offre aux besoins de la clientèle et de moderniser ses infrastructures. Nous comprenons l’émotion des citoyens qui se mobilisent. Cela démontre leur attachement à La Poste. Nous comprenons aussi que les communes souhaitent maintenir leur office de poste. Néanmoins, force est de constater que les habitudes et les besoins des clients ont changé. Nous avons pu entendre lors de la manifestation de samedi que l’argument du numérique était «une excuse» pour justifier la transformation du réseau postal. Pourtant, les chiffres sont clairs: le flux de volume au guichet a baissé et le recul des dépôts de lettres est de 71% au niveau suisse, depuis 2000.

Quels sont les chiffres pour Bossonnens?
Vu que les discussions et la procédure d’analyse sont encore en cours, pour des raisons de confidentialité, il n’est pas possible de les communiquer. Mais les chiffres de Bossonnens sont continuellement en baisse. Certes, lors de la manifestation, nous avons entendu dire que le nombre des colis augmente. C’est vrai pour le nombre de colis qui passent par les centres de tri et qui sont livrés. Néanmoins, le nombre de colis qui transitent par les offices de poste n’augmente pas. Aujourd’hui, recevoir et déposer des colis peut se faire de multiples manières.

Quel est la stratégie pour Bossonnens?
Bossonnens est l’une des filiales du canton de Fribourg qui va être transformée. Un partenaire, avec lequel La Poste a déjà conclu des partenariats en Suisse, était intéressé à accueillir la filiale postale. La commune a dès le début annoncé qu’elle voulait maintenir son office. Nous avons eu deux entretiens avec elle, en 2017 et l’an dernier. Les autorités communales n’ayant pas signé d’attestation de dialogue, le partenaire a choisi de se retirer. La Poste va donc notifier sa décision de mise en place d’un service à domicile aux autorités communales, qui ont la possibilité de recourir dans les trente jours. Quelque 1300 filiales en partenariat sont en place actuellement au niveau suisse et les enquêtes menées ont démontré que cette solution est appréciée par les clients. Dans une filiale en partenariat, 97% des prestations postales continuent à être offertes à la population. Depuis le début de l’année, il y a même davantage de filiales en partenariat que d’offices de poste traditionnels.

Propos recueillis par Valentin Jordil

Le responsable d’exploitation de La Poste secteur Sud fribourgeois Claude-Olivier Bovigny s’est déplacé à Bossonnens, samedi matin. VJ
Le responsable d’exploitation de La Poste secteur Sud fribourgeois Claude-Olivier Bovigny s’est déplacé à Bossonnens, samedi matin. VJ

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