«Avec ma femme, nous trouvions drôle de jouer un couple illégitime»

THÉÂTRE CHÂTEL-ST-DENIS

Ce soir, l’Univers@lle de Châtel-St-Denis reçoit un couple de comédiens français: Gersende et Francis Perrin. Ceux-ci interprètent deux amants dans la comédie américaine Même heure l’année prochaine. Interview.

Pour la St-Valentin, les Cultur@iles ont programmé une pièce traitant d’amour, avec humour, et de manière cocasse. Même heure l’année prochaine, une comédie à l’américaine écrite par le Canadien Bernard Slade, sera interprétée, ce soir à 21 h, à l’Univers@lle de Châtel-St-Denis, par Gersende et Francis Perrin. L’œuvre parle de deux amants mariés. Une fois par année, ils se retrouvent en secret, le temps d’un week-end, pour vivre leur passion. Francis Perrin s’est d’abord chargé de l’adapter en français avec son épouse, puis de la mettre en scène. Interview:

Est-ce la première fois que vous montez sur les planches avec votre femme?

Francis Perrin: Non, loin de là. Je l’ai rencontrée il y a vingt ans au Conservatoire dramatique de Paris, où elle auditionnait pour une pièce de Jean Anouilh. Nous avons joué plusieurs fois ensemble. Elle a ensuite mis sa carrière entre parenthèses pour se consacrer à nos enfants. Il y a trois ans, nous sommes remontés ensemble sur scène avec Comme un arbre penché.

Qu’est-ce qui vous a séduit dans Même heure l’année prochaine?

Nous nous sommes passionnés à en faire une nouvelle adaptation. Cette pièce est l’un des plus gros succès du théâtre, et cela dans le monde entier. Avec ma femme, nous trouvions drôle de jouer un couple illégitime alors que nous sommes mariés. Nous avons gardé l’époque à laquelle la pièce se passe, c’est-à-dire les années 1950 à 1975. Rien que pour la costumière, par exemple, c’était formidable.

Des amants qui se retrouvent une seule fois dans l’année, cela provoque forcément des situations hors du commun…

C’est sûr, il y a de nombreux rebondissements. Ce que l’auteur a voulu, et ce qui est très fort dans cette pièce, c’est que chaque rendez-vous est unique. Le temps qui passe et le monde, qui évolue à l’extérieur, ont un impact concret sur leurs rencontres.

Franchement, ce n’est pas un peu gonflé de parler d’adultère, le jour même de la St-Valentin?

(Rires). C’est vrai que la pièce n’est pas très morale... A l’époque où elle a été écrite, c’était encore plus grave! Mais elle tient la route. Elle parle d’un véritable coup de foudre, entre deux personnes qui n’auraient jamais dû se rencontrer. C’est l’amour, je dirais, qui fait en sorte que ça passe. D’après les échos que nous recevons, les spectateurs sortent ravis, si bien qu’ils excusent rapidement la faute commise par les deux amants (sourire). En plus, avec mon épouse, nous avons une complicité naturelle sur scène, ce qui, à mon avis, est un vrai atout pour les spectateurs. Cette pièce, nous l’avons déjà jouée soixante fois à Lyon et une dizaine en tournée.

Quels sont les ingrédients qui en font un tel succès populaire?

Elle contient tous les éléments d’une bonne comédie. Lorsque l’on assiste aux rendez-vous de ces deux amants, on sourit et on est heureux de les voir évoluer. Ils passent d’un état à un autre, c’est très amusant. Mais c’est également une vraie performance de comédiens. Au début, la maîtresse a une vingtaine d’années et l’amant 45 ans environ. A la fin, ils ont 45 et 70 ans. Il faut donc jouer le vieillissement, les personnages se transforment, les décors aussi.

Chacune des représentations est-elle différente à vos yeux?

Oui. Cela dépend notamment du lieu où l’on joue. Au théâtre, le public n’est jamais le même. Là, nous revenons de Belgique, où c’était tout simplement extraordinaire. Les réactions étaient très différentes de celles de Paris, par exemple. C’est très beau d’observer les sensibilités différentes. Mais selon moi, si cette pièce est universelle, c’est en raison de l’impact qu’a son texte, au point de vue humoristique et émotionnel.

Vous faites du théâtre, de la télévision, du cinéma. Vous êtes auteur, comédien, metteur en scène, réalisateur… Que ne faites-vous pas? Qu’est-ce qui ne vous attire pas, dans le monde de l’art?

Dès mes débuts, j’ai toujours rêvé d’une carrière éclectique et qui dure. Et j’ai eu de la chance, car c’est le cas. Là, je joue une pièce qui me plaît et je tourne une série à succès à la télévision. Ces choses, j’ai toujours eu envie de les faire par passion. Avec 53 ans de carrière derrière moi et plus de 9000 représentations à mon actif, je suis un comédien heureux!

Propos recueillis par Christian Marmy

A voir Même heure l’année prochaine, avec Gersende et Francis Perrin, ce soir à 21 h à l’Univers@lle de Châtel-St-Denis. Plus d’infos et réservations au 079 864 07 03 ou sur www.culturailes.ch