Logo

Châtel-St-Denis

De la poudre de marbre et du ciment sur les murs

Rita Strahm-Minnig entourée de ses peintures qu’elle vient d’accrocher. Ci-dessous, «Incandescence». PHOTOS RÉGINE GAPANY

Rita Strahm-Minnig présente sa deuxième exposition à la galerie Image-In de Châtel-St-Denis. Intitulée Textures, il s’agit de peintures abstraites travaillées en couches et dans la matière.

Pour sa dernière exposition avant la pause estivale, la galerie Image - In invite Rita Strahm-Minnig à présenter son travail. L’artiste de Remaufens y avait déjà exposé des œuvres acryliques en 2018. «Cette exposition est très différente, je n’utilise pas la même technique dans mes peintures récentes.»

Les visiteurs auront le loisir de comparer des séries plus anciennes avec la dernière en date, Textures, qui donne le nom à l’exposition que la galerie vernit vendredi. Rita Strahm-Minnig y a accroché plus de 32 tableaux sans compter les petits formats, à voir jusqu’au 3 juillet.

Poudre de marbre, chaux et encres

La retraitée enseignait les activités créatrices sur textile et l’économie familiale au CO de Châtel-St-Denis. Dans sa prat ique person ne l le, e l le se confronte à la matière picturale. «Quand j’ai commencé à peindre en 2003, tout le monde faisait du figuratif dans l’atelier où j’évoluais. Mais comme je ne sais pas dessiner, c’est naturellement que je me suis dirigée vers l’abstraction», confie la peintre.

Depuis 2019, elle pousse encore plus loin sa recherche de structures. Elle suit des cours en Suisse alémanique et revient avec une nouvelle technique. Délaissant pour un temps l’acrylique qui l’a longtemps accompagnée, l’artiste a choisi d’apposer des encres à deux couches de poudre de marbre et de chaux préalablement enduites sur ses toiles. «Les deux premières couches de fond ne sèchent pas en même temps, et les encres que je rajoute font que ça se craquelle», explique Rita Strahm-Minnig.

Il lui arrive d’enduire beaucoup de strates sur les couches de fond «jusqu’à ce que ça fonctionne.» Ainsi, si le hasard fait partie du processus, l’artiste sait où elle veut aller.

Son atelier se trouve au sein de la maison familiale, ce qui est «bien pratique pour les périodes de séchage». Elle y travaille avec des gants pour les structures de base, comme celles au ciment par exemple. C’est une étape physique, que l ’habitante de Remaufens effectue à la spatule. «En les faisant, je me disais, ça n’est plus de la peinture…»

Vibration de la matière

Vêtue d’un tablier qu’elle s’est cousu dans de vieux draps, la peintre met la main à la pâte. Elle enduit, extrait, tire, gratte et dégrade la surface originelle. Elle rajoute ensuite des encres aux matières. Les bleues lui répondent mieux et réagissent plus facilement que les ocres et orange qui lui résistent. La retraitée travaille également à la cire sur des petites planches de bois carrées ou ajoute des signes calligraphiques, lisibles ou pour la seule beauté du geste à ses toiles, ainsi que des impressions de chablons. Les tableaux accrochés aux murs sont lourds et solides. «Les aquarelles par exemple ne me touchent pas, avoue l’enseignante à la retraite. Le rendu est trop plat, trop léger.» L’artiste fabrique en outre elle-même de beaux cadres américains peints en noir. «Je me fait aider par un menuisier pour les angles», précise Rita Strahm-Minnig.

Ses nombreux tableaux – elle remplirait les moindres recoins de la galerie si elle s’écoutait - se lisent dans n’importe quel sens et sans titre, bien qu’elle les nomme pour la forme.

Ce qui compte aux yeux de l’artiste, c’est l’évolution de sa technique vers une peinture toujours plus riche de matières et v ibra nte. «Mes anciens tableaux? Je les trouve déjà trop plats», estime Rita Strahm-Minnig.
Régine Gapany

 

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus