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Châtel-St-Denis

D’infatigables besogneuses vivent sous la nouvelle gare

L’apicultrice pointe du doigt la reine, reconnaissable à la petite marque colorée qui lui est apposée sur le thorax.

APICULTURE CHÂTEL-ST-DENIS

Des travailleuses jaune et noir vivent sous le pont de la nouvelle gare TPF de Châtel-St-Denis. Ces deux ruches, contenant plusieurs milliers d’abeilles, ont été installées par Carine Beaud, de Graines d’apiculteurs, qui en assure l’entretien et le suivi. L’idée vient du transporteur fribourgeois, qui parraine le projet.

Les automobilistes les plus observateurs quittant le chef-lieu veveysan en direction de la Basse-Veveyse les auront sans doute remarquées. Les passagers des trains qui s’arrêtent à Châtel-St-Denis, eux, ne les auront peut-être même pas aperçues. Deux ruches, contenant d’innombrables abeilles, sont en effet installées sous le pont ferroviaire de la nouvelle gare TPF. A proximité immédiate se trouvent plusieurs constructions, destinées aux insectes, offertes par une classe de 8e HarmoS de Châtel-St-Denis.

L’idée d’utiliser ce petit bout de terrain dégagé et de le rendre vivant revient au transporteur fribourgeois. «C’est Gianfranco Quaranta, le chef du chantier de la nouvelle gare, qui m’a d’abord contactée», explique Carine Beaud, fondatrice de Graines d’apiculteurs, à Bulle. Celle qui se définit comme apicultrice pédagogique, tant son activité comprend des cours, des visites d’écoles et des animations liées aux différents cercles scolaires, est d’abord venue inspecter l’endroit. Celui-ci lui a semblé tout à fait adapté. «J’avais déjà des ruches sur un toit, mais sous un pont, pas encore (sourire).» Fin mars, à la suite d’un accord trouvé avec les TPF, deux ruches sont donc venues agrémenter cette zone. «Elles peuvent représenter jusqu’à 100 000 abeilles, au plus fort de l’année, c’est-à-dire durant l’été», explique Carine Beaud. Le parrainage des TPF représente un montant annuel avoisinant les 2000 francs. «En contrepartie, ils recevront cent pots de miel par an», déclare l’apicultrice.

Des essaims importants

L’objectif de ces installations est clair: participer à la sauvegarde des abeilles, qui jouent un rôle crucial dans la pollinisation des arbres fruitiers en Suisse. «Environ 90% d’entre eux sont dépendants des abeilles mellifères, c’est-à-dire les abeilles domestiques, celles qui font du miel», précise Carine Beaud. Une fois tous les dix jours, celle-ci entretient ses ruches. Avant l’arrivée des deux dernières, sous le pont de la gare, l’apicultrice en comptait déjà dix sur le territoire de Châtel-St-Denis, Cité amie des abeilles: quatre au bâtiment communal et six au chalet des Pueys, aux Paccots (voir Le Messager du 27 avril 2018).

Ombre et Tatrel à proximité

Sous le pont ferroviaire, les abeilles sont idéalement placées, d’après Carine Beaud. Elles bénéficient de l’ombre, «ce qui leur donne moins de boulot pour rafraîchir leurs ruches». De plus, elles sont à proximité immédiate du Tatrel, le ruisseau dont le tracé a été redéfini lors du chantier de la nouvelle gare et dont le lit est désormais à ciel ouvert. «Je trouve très chouette qu’une entreprise comme les TPF s’investisse pour cette cause, souligne l’apicultrice. Ça donne une deuxième utilité au pont, que je trouve intéressante: laisser une place à la nature là où l’être humain construit.»

Les abeilles n’ont pas souffert de la crise sanitaire. Au contraire, elles ont profité d’un printemps exceptionnel, qui offrait des conditions optimales à ces inarrêtables besogneuses. Ce n’est malheureusement pas le même cas de figure pour Carine Beaud, qui a dû annuler toutes les activités de groupe programmées. «J’ai même renoncé à celles de cet été, malgré les demandes qui m’ont été adressées, confie-t-elle. Lorsque j’organise des animations, il y a déjà un volet sécuritaire assez important. Alors y rajouter des éléments préventifs liés à la pandémie, cela faisait trop, à mes yeux. Pour moi, c’est important que les participants découvrent le monde des abeilles de façon conviviale, avec un goûter organisé à la fin.» Nul doute que du bon miel sera à nouveau dégusté prochainement, une fois que les humains, à l’instar des abeilles, pourront à nouveau s’approcher, virevolter et se tourner autour sans aucun risque.

Christian Marmy

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