Logo

Châtel-St-Denis

Du rock qui s’écoute couché dans l’herbe

Dans leur local de répétition à Sorens, Amelia Kamber, son frère Alexander (au centre) et leur ami Jonathan Gay évoquent leurs projets et leurs ambitions, sous le regard de leur mascotte Geoffrey. RÉGINE GAPANY

Le groupe de rock alternatif châtelois Glaascats a remporté un prix suisse pour l’un de ses morceaux. Rencontre avec le trio qui foulera plusieurs scènes cet été.

Leur nom ne vous dit peut-être rien. Pourtant, Glaascats trace son chemin à pas de géant dans le paysage musical suisse. Ce groupe de rock made in Châtel-Saint-Denis a remporté au mois de mars le prix Fondation Suisa Award dans la catégorie rock, lors du m4music festival à Zurich. Un rock qui s’écoute couché dans l’herbe, selon un juré (lire ci-contre).

Derrière les mélodies enivrantes se cachent Alexander (19 ans) et Amelia Kamber (17 ans), Jonathan Gay (18 ans) et Geoffrey, leur bichon maltais. Ils nous ont ouvert les portes de leur modeste et cosy local de répétition à Sorens, dans le garage de la maison familiale où vit Jonathan.

Les Châtelois Alexander et Amelia sont à l ’origine du groupe. «D’où les deux «a» dans Glaascats, en référence à la première lettre de nos prénoms», indique la jeune femme qui a cinq ans de cours de chant à son actif. Frère et sœur ont commencé à composer et jouer des titres folks il y a quelques années. Lui avec son ukulélé, elle son micro.

Alexander rencontre Jonathan en 2020, lors d’une jam-session chez des amis. C’est le coup de foudre musical. Le Sorensois rejoint peu après Glaascats, avec neuf années de batterie dans ses bagages. Il enseigne la basse à Amelia et apprend en autodidacte la guitare et le synthé.

Libre interprétation

Alexander, lui, joue principalement de la guitare et lie sa voix à celle de sa sœur, dans un anglais irréprochable, hérité de leur maman américaine. La composition se fait à deux. «Avec Alex, en collant des petits morceaux de mélodie qu’on compose chacun de notre côté», explique Jonathan.

En résultent des morceaux inspirés de leurs propres histoires. «Je laisse aux gens la libre interprétation. Il n’y a pas de sens universel», explique Alexander, qui écrit généralement le texte.

Le titre For Supper, avec lequel ils ont remporté leur prix, est plutôt engagé. «Il parle de liberté en faisant référence à la période Covid, sans socialisation.»

Le groupe a déjà à son actif deux albums de huit titres chacun, un EP et sept singles. Il les enregistre à Châtel-Saint-Denis, aidé par le père d ’Amelia et Alexander. «Notre but est d’être complètement autonomes, en nous produisant nous-mêmes», explique Jonathan. Malgré des emplois du temps chargés, les trois amis se voient dès qu’ils le peuvent. Amelia suit sa formation de céramiste à Vevey, Jonathan son cursus de technicien du son à Lausanne et Alexander enchaîne les petits jobs. «Je travaille dans un domaine et je pèle des patates toute la journée», se marre le musicien. Son ami abonde: «Le but était de gagner de l’argent pour s’acheter un van, et on a réussi.»

Prairies bulgares

Le nouveau moyen de transport tombe à pic, car depuis leur victoire, les propositions affluent. «On ne s’attendait pas du tout à gagner. On s’était inscrit sans conviction», lance Amelia. A la clé, 3000 francs et du coaching. «Notamment sur comment distribuer notre musique. On a surtout gagné en visibilité, en étant diffusé par exemple sur Couleur 3.»

A terme, les musiciens espèrent vivre de leur art et sillonner les continents. Avec un festival rêvé? Alexander sourit: «Meadows in the Mountains, qui a lieu dans les prairies bulgares. Bon, c’est un truc de hippies.» Et ses acolytes de rétorquer: «En même temps, on est un peu des hippies.»

Avant les champs de Bulgarie, les Châtelois investiront quelques scènes romandes. Notamment celles de l’Abyss festival à Hauteville (23 juin) et du Rockin chair à Vevey (25 juin). Un single est prévu cette année et d’autres projets se profilent pour 2023. Elodie Fessler


«Vraie recherche mélodique»

Le festival m4music est le festival pop du Pour-cent culturel Migros. Sa dernière édition a réuni 4000 spectateurs les 25 et 26 mars à Zurich. Outre les ateliers et les concerts proposés, s’est tenu le Demotape Clinic, concours récompensant la relève musicale suisse. Le jury a écouté 1008 démos, avant d’en sélectionner quinze par catégorie. Gilles Vallet, programmateur du Romandie et du Festival de la Cité (Lausanne/Nyon) était le seul juré francophone. Il revient sur la victoire des Fribourgeois. «On était d’accord à l’unanimité de leur donner la première place. Ils ont proposé un chouette projet bien abouti en lo-fi (low-fidelity), c‘est-à-dire un son fait maison qui n’a pas été trop travaillé. J’ai beaucoup aimé le timbre de la voix, les harmonies et les mélodies.»

Difficile pour lui de trouver des références avec lesquelles comparer le groupe. «Je dirais que leur musique ouvre à l’imaginaire et à la rêverie. On l’écouterait volontiers en étant couché dans l’herbe.» Malgré le jeune âge des membres et de leur projet, Gilles Vallet est formel: «Il y a déjà une vraie recherche mélodique. Ils n’ont pas choisi la simplicité, c’est ce qui les a démarqués. J’y vois un gros potentiel pour la suite.» EF

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus