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Châtel-St-Denis

Hommage à Teysachaux

La montagne adopte parfois définitivement des randonneurs et capture durablement le regard d'artistes. Photos MMS

MONTAGNE LES PACCOTS

Au cœur des Préalpes fribourgeoises qui veillent sur la région se glisse, discret, Teysachaux. Le sommet semble appeler les regards, tout comme les amateurs d’altitude. Artistes et alpinistes ne s’y sont pas trompés. Ils l’approchent, l’apprivoisent et l’aiment. Hommage.

Avec ses 1909 mètres d’altitude et un dénivelé de plus ou moins 871 mètres pour se frotter à son point culminant, Teysachaux n’a rien à envier aux autres monts des Préalpes. Sans prétention, il tient toute sa place. Son c har me résiderait presque dans sa fausse modestie aux côtés de l’emblématique Moléson et en voisin de la Dent-de-Lys. Peu de ceux qui l’ont observé échappent à son attraction. Il suffit d’en écouter certains pour se rendre compte de la relation particulière qu’ils entretiennent avec lui.

Le photographe

Didier Leuenberger fait partie des conquérants et des conquis. Son regard avisé de preneur de vues aborde Teysachaux en contre-pied du sommet attenant du Moléson, qui trône sur nombre d’images. «C’est tout d’abord sa forme que j’adore, confie-t-il. Originale et intéressante, elle se fond admirablement dans l’ensemble constitué du Moléson et de la Dent-de-Lys.» Domicilié aux Paccots, le photographe s’est naturellement tourné dans cette direction. Sans se priver, à chaque sortie, de l’approcher de différents endroits – notamment depuis Niremont – et d’en faire un sujet, à chaque fois, traité de manière singulière.

Il s’est ainsi employé à jouer avec de multiples clichés, des plus classiques à d’autres, aux angles moins habituels. Encore présent dimanche sur ces sentiers, Didier Leuenberger raconte que, depuis le chalet du Gros-Plané, en début de montée, «Teysachaux laissait voir ses rochers, avec des moutons en contrebas, tranquilles, donnant au site toute son allure bucolique». En quelque sorte, un univers de pâturages devenant progressivement alpin. Voilà plus de dix ans que, sous son œil, la montagne se laisse conquérir par l’image et ses souliers d’explorateur, en toute saison. Et donne à entrevoir ses moindres aspérités, ainsi que ses nuances colorées apportées par le soleil couchant.

L’artiste souligne encore: «Je suis attaché à ce sommet, j’aime le photographier.

En été ou en hiver, il est très différent, la neige amène des contrastes et l’habille, en lui donnant toute la prestance qu’il mérite. Pour moi, Teysachaux est un gardien de notre région, préservée du tourisme de masse. Il est pudique et aussi intéressant que le Moléson. Il faut l’avoir approché pour comprendre que ces deux cimes ne s’opposent pas. En fait, elles se donnent la main.»

La peintre

Au sein de la galerie d’art de Sandra Leitao Kupferschmid, le tableau représentant Teysachaux en hiver, «au soleillevant», tient-elle à préciser, se dresse au milieu des autres toiles. L’artiste évoque le combat créatif mené pour parvenir à dompter cette montagne et la coucher sur la toile. Au même titre que les efforts de l’alpiniste avant de toucher au but. Les gestes ne sont pas identiques, mais méritent de la ténacité, pour atteindre cette ultime hauteur.

«Depuis mon installation à Châtel-St-Denis, je scrute Teysachaux par des regards quotidiens, déclare-t-elle. C’est un lieu qui se conquiert aussi de loin. Je pressentais qu’un jour je lui consacrerais une création, de surcroît dans une peinture à l’huile, plus exigeante que l’aquarelle. Cette montagne représente pour moi l’identité de Châtel-St-Denis.»

Sandra Leitao Kupferschmid, comme Didier Leuenberger, souligne la magie du lieu en hiver: «Selon l’enneigement, la montagne change de visage. Par exemple, le contre-jour du matin efface les couloirs sur le versant. Elle nous raconte chaque fois autre chose, comme chaque randonneur qui me fait le récit de sa montée.»

L’inlassable montagnard

René Monnard, ancien résident d’Attalens, puis de Châtel-St-Denis, dorénavant installé dans le Valais, n’a pas oublié Teysachaux. C’est l’un des alpinistes qui, avec ses collègues de la section du Club alpin, l’a gravi maintes et maintes fois. D’ailleurs, à la question du nombre d’ascensions, entre les années 1960 et 1980, il ne peut répondre avec certitude. «Peut-être une cinquantaine de fois.» Mais, à vrai dire, sans doute beaucoup plus. René Monnard précise: «Teysachaux est le sommet le plus visible depuis Châtel-St-Denis et, avec ses rochers, ce n’est certainement pas qu’une montagne à vaches. Elle était d’ailleurs notre terrain d’entraînement, puisqu’il nous arrivait, dans la même journée, de la parcourir plusieurs fois, ou d’y venir en soirée après le travail.»

Un autre avantage de l’endroit, selon le randonneur, est la possibilité de parcourir Teysachaux en organisant un circuit, via deux voies principales, plutôt que de rebrousser chemin. En passant, par exemple, par Tremetta et par la buvette du Gros-Plané. Parmi ses souvenirs, il en est un, mémorable: «J’y ai emmené mon fils de dix ans, et nous y avons planté une tente, fait un bivouac et dégusté nos victuailles à l’arrivée.»
Comme pour tous les amoureux de cette cime, la saison froide lui apporte des caractéristiques particulières, selon ce témoin des altitudes locales. «Si, l’été, la liaison entre Tremetta et Teysachaux offre une vue extraordinaire, l’hiver, la façade nordouest de ce dernier reste jouable en peaux de phoque et ne représente pas les dangers de la Dent-de-Lys.»

A écouter les observateurs de cet emblème régional, il convient certainement de lever, chaque matin, les yeux vers Teysachaux. Eté comme hiver. Une invitation à vivre l’expérience d’un lien singulier, à nul autre pareil.

Michel Machicoane Stocker


A la santé de Teysachaux

Les regards portés sur Teysachaux sont multiples. D’autres déclinaisons possibles voient encore le jour. C’est ainsi que la maison Boss’Beer, à Bossonnens, célèbre l’intéressé de manière inattendue. «Nous avons eu l’idée de lancer un concours sur Facebook pour nommer nos bières, voulant mettre en valeur la région, explique Trix Wenger, directrice de l’entreprise. Le nom de cette montagne, que nous voyons depuis notre terrasse, a été suggéré par un membre de l’office du tourisme, et retenu. Nous l’avons donné à une bière blonde qui, d’ailleurs, fait honneur au sommet, puisque c’est la plus bue. Et notre eau est issue des sources des Préalpes fribourgeoises.» Une autre manière de déguster le superbe rocher des Paccots. MMS

 

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