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Châtel-St-Denis

«Je n’ai jamais forcé le trait pour créer un personnage»

Nathanaël Rochat: «Ce que j’ai encore de la peine à comprendre, c’est pourquoi je me suis autant entêté. J’étais seul avec mon projet, certains n’y croyaient pas du tout. Et, finalement, j’ai continué malgré les plans foireux.» NATHAN HAUSERMANN

HUMOUR

Nathanaël Rochat présentera son nouveau spectacle samedi à Châtel-St-Denis sur la scène de l’Univers@lle. Fidèle à lui-même, le Vaudois jonglera avec flegme entre des propos qui ont du fond et des «âneries».

Certains mitraillent les punchlines, enchaînent les vannes à un rythme effréné ou courent partout. D’autres n’occupent pas ce terrain-là. A l’image de Nathanaël Rochat. Bien connu en Suisse romande, notamment grâce à ses chroniques dans l’émission de la RTS Les beaux parleurs, le Vaudois de 49 ans assume de prendre son temps pour raconter ses «âneries». Samedi, à guichets fermés, il présentera son nouveau spectacle Y’a moyen sur la scène de l’Univers@lle de Châtel-St-Denis (20 h 30).

On vous décrit comme flegmatique, mou, avec une énergie proche du néant. Ce portrait vous convient-il?

C’est ce que j’entends le plus souvent sur mon compte, donc ces propos doivent être justes. Je suis comme ça dans la vie. Je n’ai jamais forcé le trait pour créer un personnage. Pour être franc, cela m’embêterait que le public ne retienne que cette description. Mais, finalement, que l’on me décrive comme mou, lent ou ce que vous voulez n’est pas si grave, tant que les gens s’amusent. Je préfère me concentrer sur le propos. Parfois, il a un peu de fond, parfois il s’agit juste de bêtises. Quelqu’un m’a dit un jour que je représentais le bon sens paysan. C’est peutêtre pour cette raison que je ne m’exporte pas bien. Les Suisses romands me comprennent, mais sitôt que je m’approche de Paris et de la France, je passe pour le Schpountz de Fernandel ou l’attardé de service.

Justement, une vague d’humoristes suisses déferle actuellement sur Paris. Cela ne vous intéresse pas de sortir des frontières?

Je n’ai pas du tout envie de tout recommencer et de me battre pour me faire une place. En France, les humoristes sont tellement nombreux et je ne connais rien à la politique française. Je ne pourrais donc pas faire aussi bien qu’eux. Des artistes comme Marina Rollman ou Alexandre Kominek (n.d.l.r.: qui réalisent actuellement des  chroniques sur France Inter notamment) sont nés à Genève. Peut-être qu’ils avaient envie de rejoindre Paris. Je viens de la vallée de Joux. Lausanne et Genève représentent Broadway. J’ai déjà réalisé mon exode rural. Et puis, il faut admettre que tous ces gens qui se barrent représentent de la concurrence en moins.

Existe-t-il une rivalité entre humoristes?

Comme partout, c’est normal. J’ai parfois ressenti des pointes de jalousie. Mais on reste copains et tout le monde est réglo.

Vous êtes désormais reconnu en Suisse romande. Ce succès a-t-il pris du temps à se concrétiser?

Je compare ma carrière à un faux plat montant. J’ai connu des débuts avec trois personnes dans la salle. C’est parfois compliqué, mais ces moments vous font les pieds. J’ai de l’affection pour ces fiascos qui m’ont été utiles. Aujourd’hui, j’aime cette sensation de toujours progresser, de ne pas plafonner.

En France, les humoristes sont présents partout, à la télévision, à la radio. Cet art est devenu une industrie. Observe-t-on le même phénomène en Suisse?

A mes débuts, on jouait de temps en temps. Aujourd’hui, il existe beaucoup plus de scènes ouvertes et de nombreux jeunes tentent leur chance. Ils ont raison de jouer. C’est ainsi qu’on progresse. Le nouveau Gad Elmaleh, c’est quelqu’un qu’on ne connaît pas encore. Pour une question de temps, je n’y vais pas souvent. Et il faut avouer que ce n’est pas forcément facile. Je constate un petit côté œdipien. Les nouveaux ont envie de prendre la place des gens déjà établis et on se sent attendus au tournant. Ces petites scènes ne représentent pas les endroits où je me sens le plus à l’aise. Ils n’ont rien à voir avec le rendez-vous de samedi à Châtel-St-Denis, par exemple. Lors de cette soirée, les gens ont acheté un billet pour me voir et je pars du principe qu’ils m’apprécient déjà un peu. Le public de découverte n’est pas forcément acquis.

Qu’allez-vous justement présenter sur la scène de l’Univers@lle?

Il s’agit de mon nouveau spectacle durant lequel j’enchaîne les sujets avec la télévision comme fil rouge. Mais il s’agit surtout d’un prétexte pour dire des âneries. Valentin Castella

Châtel-St-Denis, Univers@lle, samedi 28 janvier à 20 h 30

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