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Châtel-St-Denis

«Je suis un électron libre»

Quentin Bovet: «Beaucoup d’élèves sont venus me voir de leur propre chef. Cela démontre que ma présence était attendue.» VJ

CYCLE D’ORIENTATION CHÂTEL-ST-DENIS

Au Cycle d’orientation de la Veveyse, à Châtel-St-Denis, Quentin Bovet encadre et conseille les élèves qui rencontrent d’importantes difficultés sociales. Il intervient tous les jours pour gérer des situations complexes. Profitant des vacances scolaires d’automne, Le Messager est allé à sa rencontre.

En ce lundi matin, début de la seconde semaine des vacances scolaires d’automne, les couloirs du Cycle d’orientation (CO) de la Veveyse, à Châtel-St-Denis, sont vides. Un silence inhabituel y règne. La porte d’un bureau, au rez-dechaussée, est pourtant ouverte. Cet espace, encore vide, avec un canapé moelleux et une plante verte est occupé par Quentin Bovet.

Travailleur social en milieu scolaire depuis le début de la rentrée, ce Fribourgeois de 31 ans ne manque pas de travail. «J’ai beaucoup à faire. Cela montre qu’il y avait un besoin. D’autant plus que ce poste n’existait pas avant, témoigne Quentin Bovet. Si les élèves vont mieux, les professeurs pourront se concentrer sur le travail et vice versa.» Engagé à 40% par la Direction de l’instruction publique, de la culture et du sport et à 40% par les communes de la Veveyse, Quentin Bovet juge «très positif» ses premiers mois au sein du CO châtelois.

Son rôle? Encadrer, accompagner et conseiller les 800 élèves fréquentant le CO de la Veveyse. Il suit déjà une quarantaine d’adolescents qui ont des degrés divers de difficultés. «Beaucoup d’élèves sont venus me voir de leur propre chef. Cela démontre que ma présence était attendue. Je préfère cela plutôt que les professeurs m’envoient les élèves avec qui ils ont un problème.»

Période compliquée

Quentin Bovet suit certains élèves sur le long terme. D’autres, il ne les voit qu’une seule fois. «Le CO est leur premier lieu de sociabilisation. Ils manquent souvent de repères. Le point commun entre toutes ces problématiques, c’est l’identité. A 15 ans, on leur demande de dire qui ils sont et quelle personne ils souhaitent devenir. C’est tôt.»

Quentin Bovet se voit comme un pivot et un facilitateur. «Je ne suis pas là pour punir, mais pour trouver des solutions. Il est plus facile pour les élèves de parler avec moi qu’avec la direction, par exemple. Il y a moins d’enjeux. Je suis là pour soulager tout le monde, direction, professeurs, élèves et parents. Je suis un électron libre. Je suis également un lien vers les partenaires extérieurs, comme la police de proximité.»

Quentin Bovet regorge d’idées. Le travailleur social a déjà initié un groupe d’aide avec l’aumônerie, l’orientation professionnelle ou encore les trois médiateurs «pour améliorer la prise en charge des élèves». Il va notamment faire davantage de prévention. «Répondre aux problèmes, c’est bien. Mais si on peut les éviter, c’est encore mieux. L’alcool ou les drogues sont une échappatoire pour ces jeunes.» Le nouveau travailleur social souhaite ainsi proposer des activités de prévention plus «ludiques» pour les élèves.

Impliquer les adolescents

A la fin de l’année, par exemple, les élèves récolteront des fonds à travers des joutes sportives en faveur de l’AR-FEC (Association romande des familles d’enfants atteints d’un cancer) et L’ange Léo. «L’objectif est d’impliquer les élèves pour ensuite développer une thématique. Au lieu de leur faire un Power Point en classe, nous faisons venir des intervenants. Ce fut le cas pour les drogues: un ancien toxicomane est venu raconter ce qu’était sa vie.» La Veveyse est confrontée aux mêmes problèmes qu’ailleurs, selon Quentin Bovet. «La seule différence, c’est que les problèmes sont arrivés moins vites, car on reste dans un esprit villageois.» Il salue d’ailleurs la création par la commune d’Attalens d’une plateforme réunissant tous les acteurs de la jeunesse. «Nous devons réfléchir à une prise en charge globale.» Il a d’ailleurs déjà rencontré son confrère d’Attalens Julien Hornecker. «Nous sommes tenus au secret professionnel, nous ne parlons donc pas des cas individuels, mais des problématiques qui sont souvent les mêmes», explique-t-il.

Des foyers au CO

Quentin Bovet a déjà une longue expérience avec les jeunes. Après un bachelor en 2013 à la Haute Ecole de travail social, à Givisiez, il travaille au Foyer St-Etienne pendant sept ans, puis à la Fondation des Buissonnets. Il a également suivi un master en socioanthropologie à l’Université de Fribourg. «Je dois encore rédiger ma thèse», indique-t-il.

Qu’est-ce qui l’a alors poussé à travailler en milieu scolaire? «Les foyers sont la dernière réponse. On sépare le jeune de sa famille et de son école. C’est une mesure assez extrême et les résultats sont mitigés. J’avais l’envie de travailler avant cette étape, en trouvant des solutions avant d’en arriver là. Dans l’idéal, il faudrait déjà des travailleurs sociaux dans les écoles primaires. Car certains élèves du CO traînent des casseroles depuis la primaire.»

Quentin Bovet estime avoir eu une adolescence «plutôt calme» et avoir été soutenu par ses parents. «Ce n’a pas toujours été le cas de mes camarades. S’ils avaient eu un coup de pouce à cette époque, ça aurait été utile.»
Valentin Jordil

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