Logo

Châtel-St-Denis

La musique plus que jamais au rendez-vous

Le virus n’aura pas raison de la liberté de s’essayer à bien des genres musicaux. DR

  • En ces temps de ralentissement d’activité, l’écho de la musique résonne encore dans nos villes et nos campagnes, notamment par des improvisations de soutien aux soignants.
  • Du côté des professionnels, l’école Artist Factory (anciennement Bussardmusicacademy), de Châtel-St-Denis, n’a, elle non plus, rien lâché.
  • S’étant immédiatement réorganisée, elle a pu maintenir ses cours, évitant l’abandon de ses élèves et toute rupture dans ses enseignements. Décryptage d’une expérience inédite.

Dans la situation de confinement actuel, comment dispenser un apprentissage régulier de la musique, étayé d’un suivi des élèves, ne négligeant ni leurs acquis ni leur progression? Un dilemme qui s’est immédiatement posé, dès la mimars, aux dirigeants et aux professeurs de l’école de musique Artist Factory, à l’instar du défi identique de tous les établissements scolaires. «Le 13 mars, c’est comme un mur qui nous est tombé sur la tête. Il nous fallait réagir très vite pour trouver les meilleures solutions afin de poursuivre notre activité», déclare Alain Hornung, directeur administratif de l’école.

Adaptation instantanée

Mettre en place, du jour au lendemain, une réorganisation pour plus de quatre cents élèves a représenté une véritable gageure. L’ensemble de l’équipe s’est très rapidement mobilisé. Dans un premier temps, le streaming, (lecture audio et vidéo de morceaux via internet, n.d.l.r.), est privilégié. «Nous avons réagi plus vite que l’Etat, mais notre initiative, après une semaine, était déjà tuée dans l’œuf. Dès le 16 mars, nous n’avions plus le droit de rassembler plusieurs personnes dans une seule pièce», explique-t-il.

Aux toutes premières dispositions prises, une nouvelle décision consiste alors à dispenser les cours individuels par internet, via le programme Skype. Alain Hornung et son codirecteur Sébastien Chave expliquent le détail de la démarche entreprise pour ne pas perdre de temps et maintenir le programme: «Les membres du personnel administratif ont contacté, un à un, les élèves et les professeurs. En quatre jours, avec cette communication massive, ils ont tous répondu favorablement, en respectant le planning initial. Chaque enseignant a effectué un test pour vérifier le bon fonctionnement du système et pouvoir donner ses cours à distance.»

Effets de crise…

Si la réactivité a été manifeste, avec une seule absence à déplorer et un professeur appelé à la Protection civile, la crise sanitaire ne s’avère toutefois pas sans effets. Les cours en groupe, les ateliers et l’éveil musical n’ont pas pu être maintenus. Les auditions, en instrument simple, prévues au moment du confinement, ont été annulées. Les impacts se révèlent inévitables, sur le déroulement normal de l’enseignement, mais aussi au niveau financier, concèdent les deux responsables. Cette situation de crise intervient juste après leur reprise de l’école de musique, en septembre dernier, et le changement de nom (lire encadré).

Paradoxalement, la période s’avère propice à une créativité inédite. Sébastien Chave reconnaît que les contraintes techniques liées à la distance ont sollicité l’imagination: «Aujourd’hui, avec trois semaines de recul, nous constatons certes un déficit affectif, mais au profit d’une maîtrise des outils informatiques et de la créativité musicale. Par exemple, les élèves ont davantage de temps pour s’entraîner à la maison… ce qui convient bien aux parents, malgré les conséquences acoustiques que cela engendre. Les professeurs doivent aussi réinventer leur méthode, parce qu’un enseignant de piano ne peut pas, par exemple, suivre les mains de ses élèves sur le clavier».

Avec l’envoi des partitions ou de vidéos par internet, l’autonomie, l’implication de chaque apprenant ainsi que la dimension ludique sont beaucoup plus présentes. Lors des cours, chacun doit attendre son tour pour s’exprimer. Les élèves, après avoir regardé des vidéos, peuvent en parler avec leurs professeurs. Autant d’illustrations où la relation entre maître et élève se trouve modifiée. Ce qui ne ravit pas franchement les directeurs: «Donner un cours à distance, cela va un moment, mais jouer ensemble, en présence d’autres musiciens, est l’essence même de la musique», estime Sébastien Chave.

Après la crise, quelles modalités pourraient perdurer? Si élèves et professeurs ont joué le jeu et que les contraintes ont suscité quelques innovations, l’envie de rejouer collectivement, en respect des normes sanitaires, se fait sentir. «Nous allons garder les bonnes idées, rester proactifs, vivre encore au jour le jour et traiter les situations au cas par cas. Nous ne sommes pas une école par correspondance», conclut le directeur.

Michel Machicoane Stocker

Plus d’infos sur www.artistfactory.ch

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus