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Châtel-St-Denis

L’architecte qui se rêvait jazzman

Xavier Koeb (au centre) a créé en 1996 le Blue mountain jazz band: «Comme dans tous les orchestres, il y a eu des hauts et des bas, les musiciens ont changé.» DR

CULLY JAZZ CHÂTEL-ST-DENIS

Chaque année, aux prémices du printemps, les mélomanes et autres fêtards se donnent rendez-vous pour le «plus grand des petits festivals», le Cully Jazz Festival, qui vivra sa 38e édition du 27 mars au 4 avril. Ancien député de Maracon, désormais habitant de Châtel-St-Denis, Xavier Koeb s’y produit depuis près de trois décennies. Il raconte au Messager sa passion pour le jazz.

La 38e édition du Cully Jazz Festival est attendue du 27 mars au 4 avril. Outre la vue sur le lac, les caveaux pleins et les bouteilles de chasselas partagées – toujours avec modération – entre amis, il y a de fortes chances d’y croiser Xavier Koeb et son banjo. Féru de jazz, celui qui habite désormais à Châtel-St-Denis y joue chaque année (ou presque) avec ses amis. Et ce depuis 1991. La première fois ce fut avec les New Orleans jazz babies.

Il a même siégé pendant douze ans au conseil de fondation du Cully Jazz Festival, qu’il a quitté en 2018. «C’est comme en politique, il faut savoir céder sa place», estime-t-il. Le 4 avril, il se produira avec le Blue mountain jazz band, qu’il a fondé. L’histoire entre le jazz et Xavier Koeb, 76 ans, a commencé avec Sidney Bechet, «on m’avait offert un disque», et The firehouse five plus two, à la toute fin des années 1950. «Je me suis dit: “Qu’est-ce que c’est beau”. Quelqu’un d’autre, c’est l’accordéon suisse qui va lui parler, moi, c’est le jazz.»

La fièvre du samedi soir

A 16 ans, il va régulièrement écouter des orchestres les samedis soir «dans l’arrière-salle des bistrots» avec ses copains: «Une fois, un gars m’a prêté sa guitare, il voulait faire une pause. Je connaissais trois accords. J’étais fier, je me suis appliqué.» Alors apprenti dessinateur, il s’achète une guitare «bon marché»: «D’ailleurs, elle s’est cassée.» De fil en aiguille, «avec des copains», il monte un petit groupe. «Mon Dieu, si j’écoutais cela aujourd’hui, je trouverais notre son épouvantable (éclat de rire). C’était le début.»

Le jazz s’évapore alors, durant deux décennies, au profit de la «vraie vie, même si le jazz, c’est aussi la vraie vie». Il réapparaît «de façon très amateure» à la fin des années 1980. En 1996, Xavier Koeb crée donc le Blue mountain jazz band. «Comme dans tous les orchestres, il y a eu des hauts et des bas, les musiciens ont changé, note celui qui a joué dans une dizaine de groupes de jazz. Ça a été crescendo. Le groupe s’est amélioré, s’est étoffé. Nous avons commencé à faire des disques, des tournées et des festivals.»

Le nom du groupe n’a pas été choisi au hasard. «Il y a une trentaine d’années, nous faisions la diane au Montreux Jazz Festival à 4 h, se souvient-il. Nous allions jouer devant la maison du syndic, du chef de la police et de quelques notables. C’était officiel. Nous avions même une voiture de police qui nous suivait discrètement au cas où quelqu’un rouspéterait.

Faire swinguer le Grand Conseil

Le petit groupe termine alors cette tournée chez un directeur d’une grande boucherie, à Villeneuve. «Il était 5 h, le soleil se levait et les Monts d’Arvel étaient bleus. C’était extraordinaire. “Monts d’Arvel jazz band”, ça ne sonnait pas la même chose (sourire).» C’est sous ce nom que le groupe se produira pour la première en 1997 à la Foire aux oignons d’Oron.

Depuis, le jazz n’a plus quitté Xavier Koeb. «Je suis accro. Bon, il se trouve qu’il n’y a pas d’effets secondaires», déclare-t-il en souriant. L’architecte, désormais à la retraite, amène alors le jazz dans des endroits moins attendus, comme l’hémicycle du Grand Conseil vaudois, où il a siégé de 1999 à 2007.

Avec d’autres parlementaires, le socialiste crée le premier orchestre de jazz du Parlement vaudois. On y trouvait alors le libéral-radical et syndic de Prilly Alain Gilliéron, le syndic de Moudon Gilbert Gubler, aussi PLR, à la contrebasse, ou encore le socialiste Olivier Kernen, syndic d’Yverdon-les-Bains, à la batterie.

Xavier Koeb y voit l’illustration parfaite de l’esprit de concordance de la démocratie helvétique: «Nous n’avions pas les mêmes idées, mais nous étions capables d’aller boire un verre après la séance et ça n’empêchait pas d’avoir de l’estime pour la personne.» Le Vaudois revendique de faire du jazz «traditionnel», qui couvre les années 1925 à 1935, «avec des instruments»: «Je dis toujours que nous pouvons jouer dans le pré, nous n’avons pas besoin de sono.» Il regrette toutefois qu’il n’y ait pas vraiment une relève pour ce type de jazz. Les cinq compères du Blue mountain jazz band continueront de partager leur passion avec le public, notamment lors du Cully Jazz Festival, le 4 avril.


Valentin Jordil

38e Cully Jazz Festival, du vendredi 27 mars au samedi 4 avril. Concert du Blue mountain jazz band, le 4 avril à 18 h au Biniou (rue du Temple 11, à Cully). Plus d’infos sur www.cullyjazz.ch

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