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Châtel-St-Denis

Le bonheur dans le lâcher prise

Jean-Daniel Cart pose devant ses peintures à l’huile et à côté de sa sculpture le bouquet en écorce de sapin. PHOTOS RÉGINE GAPANY

Jean-Daniel Cart expose ses créations à la galerie Image-In de Châtel-St-Denis jusqu’au 22 mai. L’ancien peintre d’enseignes s’est jeté il y a treize ans dans la peinture abstraite à la suite d’une rencontre déterminante avec l’artiste vietnamien Lam Chi Van.

«J’ai 74 ans et je ne me prends plus la tête», annonce d’emblée Jean-Daniel Cart qui vernit ce soir une exposition de peintures et de sculptures à la galerie Image-In de Châtel-St-Denis.

L’artiste peignait en 2009 des aquarelles figuratives quand un ami lui suggéra d’aller visiter l’exposition du maître en calligraphie vietnamien Lam Chi Van, à Renens. La révélation. Il s’inscrit à ses cours et s’initia au lâcher prise à ses côtés durant quatre ans.

Dans sa vie de décorateur d’art, le peintre d’enseignes s’est adonné à de nombreuses reprises à la peinture murale. «Je peignais des trompes-l’œil figuratifs. Il y a toujours une pression dans ce genre d’ouvrages par rapport au client liée à la peur de se louper. Après avoir passé trente ans à calculer des lignes de fuite et des proportions, j’ai découvert avec Lam Chi Van une façon de peindre spontanée qui donne beaucoup de vie aux images.»

Peins et oublie que tu peins

Il s’agit du Wu Wei, une technique chinoise qui consiste à faire sans réfléchir et qui signifie littéralement «ne pas essayer». Jeanne Kuonen, du comité de la galerie et également artiste, nuance : «Sans réfléchir oui, mais il faut tout de même avoir des notions au préalable.» Jean-Daniel Cart, de par son expérience professionnelle, connaît la matière et savoure maintenant sa liberté de retraité en l’enrichissant d’un trait spontané.

«Je prends tout le temps l ’exemple de la signature, on ne pense pas à la lettre que l’on est en train d’écrire quand on fait ce geste. C’est spontané. De la même façon, quand je réfléchis trop ou si je commence à essayer de faire du beau, j’arrête et je reviens le lendemain.»

Le bois et la pierre

Le membre du comité de Bossonn’Art qui vit maintenant à Bulle pratique aussi la sculpture. Dans ce domaine qu’il trouve moins propice au lâcher prise, il renoue avec le trompel ’œil en jouant sur les matières.
A l ’instar des trois sages, que beaucoup prennent pour de la pierre, alors qu’il s’agit de bois. On retrouve ici la patte du décorateur d’art et de ses colonnes en faux marbre.
Il arrive aussi à Jean-Daniel Cart de chercher des racines près du barrage de l’Hongrin et de les poncer afin d’en faire ressortir les veines. Fasciné par ces vieilles branches, il avoue: «La nature nous donne beaucoup.»

Quand il n’est pas dans son atelier à La Claie-aux-Moines, le Bullois visite des expositions, dont celles de Zao Wou-Ki, une de ses inspirations. Mais le retraité passe quasiment chaque jour dans sa loge, surtout en hiver. «Je m’y sens tellement bien, entouré de mes peintures. Avec ma musique, je suis dans mon monde, j’ai une chance énorme», sourit Jean-Daniel Cart. En deux mots, lâcher prise et gratitude.
Régine Gapany

Jean-Daniel Cart à la galerie Image-In jusqu’au 22 mai. Ouverture: ve de 16 h à 20 h; sa et di de 13 h 30 à 18 h. Vernissage, en présence de l’artiste, 6 mai à 18 h

 

Meurt et devient
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