Le massif du Scé va s’offrir une cure de jouvence

FORÊTS CHÂTEL-ST-DENIS

Dès lundi, une première coupe d’arbres commencera dans le secteur de la chapelle du Scé, à Châtel-St-Denis. Des branches de frênes touchés par la chalarose menacent, notamment, de chuter. Explications sur place avec Guy Perroud, chef du Service des forêts de la commune.

Les nombreux promeneurs, amateurs de course à pied et fidèles – qui fréquentent les près de trois hectares du massif forestier du Scé, à Châtel-St-Denis – ne sont certainement pas passés à côté des points rouges apparus sur certains arbres. «Au premier regard, la forêt du Scé est belle, mais elle cache pas mal de choses, souligne Guy Perroud, chef du Service des forêts, lors des premiers pas sur le sentier. Nous sommes à la fois des pompiers et des jardiniers.»

Dès lundi et jusqu’au 2 octobre, le Service des forêts de Châtel-St-Denis va en effet abattre 212 tiges, représentant 222 m3 de bois. «Une majorité de frênes et de hêtres sont malades. D’autres sont instables et risquent de tomber à tout moment, note Guy Perroud. Certains atteignent quand même les trente mètres. Même en l’absence de vent, leurs branches complètement sèches peuvent se détacher. C’est aussi la raison pour laquelle nous allons faire du “toilettage” sur certains arbres, en coupant leurs branchages qui menacent de tomber.»

La sélection des arbres à abattre n’est pas aléatoire. Guy Perroud observe et analyse l’emplacement de l’arbre, ainsi que sa trajectoire quand il tombera et, enfin, marque d’un point de peinture rouge le tronc. Des arbres sont ainsi «sacrifiés» pour permettre à un arbre d’être abattu dans de bonnes conditions, explique le garde forestier communal.

Assurer la sécurité

Propriétaire de cette forêt de 2,45 hectares, principalement composée de feuillus, la commune a ainsi la responsabilité de la sécuriser, rappelle le chef du Service. Il ajoute qu’elle est très prisée par les Châtelois: «Le massif du Scé est l’une des principales forêts de délassement et de loisirs de la commune. J’estime entre cinquante et soixante le nombre de promeneurs par jour.» Durant le travail des forestiers, l’accès de la piste Vita et du sentier botanique sera interdit. «La dernière intervention dans ce secteur date de 2001», se souvient celui qui est également garde forestier du triage de Châtel-St-Denis.

Comme ailleurs en Europe, les arbres du Scé ne sont pas épargnés par la chalarose, un champignon venu des pays de l’Est il y a vingt ans. «Un ou deux ans suffissent pour qu’ils soient complètement secs.» Cette coupe de bois permettra également d’apporter de la lumière à certains endroits et ainsi à des jeunes pousses de se développer. Bref, à régénérer naturellement la forêt, puisque aucun nouvel arbre ne sera planté par l’homme.

Cette première coupe d’arbres – une seconde devrait intervenir cet hiver – sera également un exercice pour quatre apprentis bûcherons fribourgeois de 3e année, dans le cadre d’un cours interentreprises. «Ce sera un bon entraînement, assure-t-il. Il s’agira de bien observer afin, par exemple, de ne pas endommager les éléments de la piste Vita lorsque l’arbre tombera.» Les apprenants auront également le rôle de «sentinelles» durant les phases d’abattage.

Des tas pour la biodiversité

Si les troncs sont évacués, les forestiers abandonneront des tas de branches sur place – en retrait des sentiers pé- destres – pour laisser de la matière organique, de l’engrais à la forêt, et des cachettes pour les habitants de la forêt. Le bois coupé sera utilisé comme bois de feu ou pour la centrale de chauffage du Lussy, qui fournit de l’énergie à la piscine, à la salle de sport, aux écoles, au bâtiment du cinéma, ainsi qu’à des immeubles et à des villas individuelles.

A la fin des travaux de bûcheronnage, les sentiers seront remis en état par les équipes de Guy Perroud, qui gèrent 1423 hectares de forêts publiques et privées sur le territoire châtelois. A noter que Châtel-St-Denis possède la deuxième plus grande superficie de forêts du canton. Guy Perroud n’est pas de nature optimiste, encore moins lorsqu’il s’agit de la forêt. «Nos forêts souffrent du manque d’eau et des périodes, toujours plus longues, de fortes chaleurs. Les maladies sont toujours plus nombreuses.»
Valentin Jordil