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Châtel-St-Denis

Le «Veveyse Express» est sur les rails

Le conseiller d’Etat Georges Godel en discussion avec Jacques Boschung (à dr.), directeur de la division Infrastructure des CFF. PHOTOS MICHEL MACHICOANE STOCKER

TRANSPORTS PUBLICS CHÂTEL-ST-DENIS

Inaugurée samedi matin, la nouvelle gare de Châtel-St-Denis invite les usagers à repenser leur mobilité quotidienne. Elle est désormais la deuxième plus grande gare TPF après celle de Bulle, et qui se veut un modèle pour l’ensemble du canton, en termes de modularité des transports. Reportage.

«Un défi», «un projet magnifique», «une gare cinq étoiles», «un ouvrage impressionnant, grâce à son quai aérien». Le directeur général des Transports publics fribourgeois (TPF), coiffé de sa future casquette de directeur des CFF, Vincent Ducrot, le syndic Damien Colliard, ainsi que les conseillers d’Etat Jean-François Steiert et Georges Godel n’ont pas manqué de superlatifs dans leurs discours, lors de l’inauguration de la nouvelle gare de Châtel-St-Denis*, samedi matin. La gare du chef-lieu veveysan n’est plus une impasse, situation engendrée par la fermeture de la ligne Châtel-St-Denis - Vevey en 1969.

Il est 12 h 15 quand les quatre hommes ont coupé, ensemble, le ruban rouge sous le regard des élus fédéraux, cantonaux, veveysans et châtelois, ainsi que du Châtelois Jacques Boschung, directeur de la division Infrastructure des CFF. Son futur patron, Vincent Ducrot, n’a pas caché sa fierté: «Même si je suis cartésien, pragmatique et un ingénieur, aujourd’hui, est un jour d’émotions.» Georges Godel n’a pas manqué de souligner que la Veveyse était «une terre de talents».

Qualifié par le syndic de «Veveyse Express» – clin d’œil au Léman Express, inauguré jeudi dernier – la nouvelle gare sera «un lien entre les communes de la Veveyse» et «une liaison entre les cantons de Vaud et Fribourg». Actuellement, la gare de Palézieux voit défiler 1400 passagers quotidiens, tandis qu’ils sont 2000 à Châtel-St-Denis. Les TPF s’attendent à une augmentation de 65% de la fréquentation à Palézieux et de 50% à Bossonnens et à Remaufens pour les vingt prochaines années.

Près de trois ans de chantier

Devisé à 60 millions de francs, le chantier, qui aura duré près de trois ans, était important puisqu’il s’agissait de moderniser et de mettre en conformité les gares de Palézieux, Remaufens, Bossonnens et Châtel-St-Denis avec la Loi sur l’égalité pour les handicapés (LHand). Outre les aspects légaux et sécuritaires, le chantier a permis d’introduire la cadence des RER Fribourg | Freiburg à la demi-heure, dès dimanche, et de gagner trois minutes de trajet entre Bulle et Palézieux.

Pas moins de 2300 traverses en béton, 3500 tonnes de ballast, 9000 m3 de béton ou encore 1200 tonnes d’acier, ont été nécessaires pour construire cette nouvelle installation. «J’entends encore certains citoyens et même des élus se plaindre auprès du Conseil communal: “Vous n’avez que la gare en tête, c’est de la folie”», a déclaré le syndic. Le chantier, nommé Programme Châtel-St-Denis et estimé à 250 millions de francs, n’est cependant pas terminé. Il durera encore une quinzaine d’années. Au printemps prochain devrait démarrer la construction d’un quartier, pouvant accueillir 300 habitants et des commerces, autour de la nouvelle gare, puis d’un autre sur le site de l’ancienne gare. Un complexe qui devrait être achevé en 2022. «Ce qui permettra de réduire la bise (rires dans l’assistance)», selon Vincent Ducrot.

Georges Godel, qui est président du conseil d’administration des TPF, a également ironisé sur la température glaciale de samedi matin, faisant référence à l’adage «de Fribourg, il ne vient que la bise et les impôts»: «Il n’y aura plus la bise qui viendra de Fribourg, mais je ne suis pas sûr que les impôts s’arrêtent.» Le syndic en a appelé «à la clémence des citoyens»: «Il y aura encore des perturbations et des nuisances durant les prochaines années.» Vincent Ducrot a remis à Damien Colliard la plaque de l’ancienne gare, typique des «gares-chalets» des TPF.

Elle sera installée dans la nouvelle gare comme un clin d’œil au passé. «Nous, les cheminots, nous sommes tous un peu nostalgiques», a indiqué Vincent Ducrot. Outre le déplacement de la gare, le chantier – géré par les TPF, la commune et la Direction cantonale de l’aménagement, de l’environnement et des constructions – a engendré la réalisation d’une nouvelle route cantonale, la revitalisation du ruisseau le Tatrel et la création d’une voie verte, qui doit encore être réalisée.

Avec ces améliorations, Châtel-St-Denis devient la deuxième plus grande gare TPF, après celle de Bulle. «Ce que nous construisons ici aura des répercussions jusqu’à l’autre bout du pays, puisque nous aurons un système avec de nouvelles cor respondances, a souligné le directeur des TPF. Notre nouvelle gare, nos nouvelles stations en Veveyse sont un maillon de cette gigantesque chaîne des correspondances nationales.»

Un exemple pour le canton

Vincent Ducrot a toutefois reconnu «quelques défauts de jeunesse», liés au nouveau système de sécurité utilisé pour la première fois sur une voie métrique. Ce qui a engendré des retards, avec des pertes de correspondances, et des trains supprimés dans les premiers jours. «C’est réglé, a assuré le porte-parole des TPF Stéphane Berney. Des réserves de bus sont toujours à disposition en cas de souci.»

Des problèmes d’infiltration, notamment dans le parking de 120 places, devront être réglés. Des investigations sont en cours pour en connaître la source. L’ouverture des cinquante premières places est repoussée au printemps, même si l’autorisation d’exploitation des lieux a été délivrée. Les joints sur les marquises qui surplombent les quais seront également changés, a indiqué Stéphane Berney.

Faisant interagir le train, la voiture et une gare routière pour les bus, la nouvelle gare de Châtel-St-Denis se veut un modèle pour l’ensemble du canton. «Ce lieu est un jalon important du réseau des transports publics, qui est résolument tourné vers l’avenir, et du développement que connaîtra la mobilité publique», a estimé Georges Godel.

Pour son collègue Jean-François Steiert, les TPF «font entrer leur réseau dans le XXIe siècle»: «Châtel-St-Denis est un exemple de ce que le Conseil d’Etat souhaite pouvoir proposer à la population dans tout le canton. Non seulement une gare, mais une vision moderne, qui est de concilier mobilité et urbanisme avec un quartier qui offre, certes des habitations, mais aussi des commerces, d’autres activités, des emplois à proximité de transports publics qui nous relient plus facilement et plus rapidement à nos voisins.»

A l’issue de la partie officielle, tandis que les 200 invités profitaient de l’apéritif dinatoire, le public a pu découvrir les quatre nouvelles infrastructures en empruntant la ligne gratuitement, grâce à un ticket vert commémoratif cartonné et pas plus grand que deux timbres-poste. Entre 500 à 600, selon les TPF, ont ainsi découvert les quatre gares rénovées, profitant du vin chaud, du thé et des biscuits.

Valentin Jordil

  • Récemment nommé à la tête des CFF, Vincent Ducrot était au coeur de l’attention médiatique.
  • Une tyrolienne, installée sur le quai aérien, offrait une vue imprenable et des sensations fortes.
  • L’honneur de couper le ruban inaugural est revenu au syndic Damien Colliard, au conseiller d’Etat Jean-François Steiert, au directeur des TPF Vincent Ducrot et au conseiller d’Etat Georges Godel (de g. à dr.).

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