HANDICAP CHÂTEL-ST-DENIS
La fondation châteloise Loisirs pour tous est un vecteur de sourires et de sensations fortes pour les personnes à mobilité réduite, depuis une décennie. Elle célébrera ce jubilé, demain, sur la piste des Joncs.
«Nous avons souvent les larmes aux yeux.» Au moment de se pencher sur les 10 ans de la fondation Loisirs pour tous, que Christine Vauthey préside depuis sa création, la Châteloise est animée par le «feu sacré»: «Quand je suis arrivée, je ne connaissais rien au monde du handicap, comme la plupart des gens qui m’accompagnaient au comité. Nous nous sommes tous pris une vraie baffe de la part de la vie. C’est la raison pour laquelle nous sommes toujours la même équipe. Les personnes touchées par un handicap ou une maladie ont davantage le sourire que nous. Nous, valides, avons une qualité de vie extraordinaire. Arrêtons donc de nous plaindre!»
Fondée en 2009 à Châtel-St-Denis par la Jeune Chambre économique de Châtel-St-Denis et environs – devenue entretemps la Jeune Chambre internationale de la Veveyse – «pour marquer d’une pierre blanche ses 20 ans», se souvient Christine Vauthey. Plusieurs projets étaient en lice. Mais c’est celui de Loisirs pour tous – soufflé par Yves Büchler, directeur de l’Ecole suisse de ski aux Paccots – qui a finalement été choisi. Ce jubilé sera célébré, demain dès 14 h, sur la piste des Joncs, aux Paccots, avec des démonstrations de fauteuils-ski (snowkart, tandem et dualski) et un repas dès 18 h 30 (inscriptions à info@loisirspourtous.ch ou au 079 757 93 79).
Rendre le sport accessible
Loisirs pour tous a connu une «belle évolution», selon sa présidente: «Au début, nous avions deux containers aux Paccots et quelques engins. Aujourd’hui, nous possédons l’un des parcs de matériel les plus importants de Suisse romande.» Dans un premier temps, Loisirs pour tous se voue à rendre accessibles les activités d’hiver et la randonnée aux personnes à mobilité réduite, à l’aide de joëlettes, sorte de poussettes à une roue pesant approximativement 35 kg. La fondation développe alors les collaborations. «Ça ne servait à rien d’inventer ce qui existait déjà, mais il fallait plutôt l’adapter», note Christine Vauthey.
Elle propose ainsi des balades avec des chiens de traîneau, en fournissant un attelage adapté et investit dans des sièges adaptés pour les vols en montgolfière. Plus d’une dizaine de sports adaptés d’été et d’hiver sont désormais proposés, soit 800 heures (contre une soixantaine en 2009). «Nous restons petits par rapport à d’autres fondations ou associations actives dans le sport adapté. Notre volonté est d’être actifs dans notre région», souligne-t-elle. La force de la fondation, selon sa présidente, c’est justement sa «proximité» et les «pentes douces» des Préalpes fribourgeoises.
Loisirs pour tous s’appuie sur un budget d’environ 60 000 francs par an, couvert par les cotisations des deux cents membres du Cœur de la fondation et par les dons ponctuels. Par exemple, la descendeuse Noémie Kolly, dont le frère est pilote à la fondation, a remis la somme récoltée lors de la tombola de la Nuit du mérite sportif fribourgeois, vendredi soir, à Loisirs pour tous. La fondation a également développé des contrats avec une vingtaine d’entreprises, qui s’engagent à verser chacune 2000 francs sur trois ans.
Des sentiments inédits
La présidente met en avant les rencontres, qualifiées de «très enrichissantes», et les émotions vécues par la quinzaine de pilotes brevetés: «Des enfants qui disaient, plus vite, plus vite! Parce qu’ils n’avaient jamais eu la sensation de la poudreuse sur leur visage. Ou encore ce monsieur, en soins palliatifs, qui a couru Morat-Fribourg avec l’une de nos joëlettes et qui s’est éteint trois jours plus tard.»
Christine Vauthey est confiante pour l’avenir de la fondation. «Nous avons toujours eu dans un coin de notre tête l’envie de faire un center park, annoncet-elle. Si quelqu’un vient en vacances dans le canton de Fribourg, nous pourrions lui proposer un panel d’activités et un logement. Ce point, c’est ce qui pèche aujourd’hui.» Loisirs pour tous attend donc avec impatience l’ouverture de l’hôtel Le Vital aux Paccots, prévue en 2021. Classé quatre étoiles, il proposera sept chambres adaptées aux handicapés, sur trente-deux au total.
La présidente souhaite également élargir la clientèle, notamment en accentuant la collaboration avec les EMS, très peu exploitée. «Nous ne voulons pas toucher uniquement le monde du handicap. Nous sommes tous concernés par la mobilité réduite. Par exemple, nous avons pu permettre à un enfant d’aller au camp de ski avec son école, bien qu’il se soit cassé la jambe. Nous lui avons mis à disposition un fauteuil-ski et il a pu y aller. Dans l’esprit des gens, Loisirs pour tous correspond à “handicap”, mais pas que...»
Valentin Jordil
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