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Châtel-St-Denis

L’un des deux braqueurs de banque face à la Cour

Le braquage a duré quarante-cinq secondes. Le temps pour les voleurs de dérober plus de 40 000 francs. DR

TRIBUNAL
CHÂTEL-ST-DENIS

En 2020, la Banque cantonale de Fribourg d’Attalens avait été braquée par deux individus. L’un des protagonistes s’est retrouvé hier sur le banc des accusés du Tribunal pénal de la Veveyse. Le Ministère public requiert une peine de cinq ans de prison.

«Donne l’argent, grouille-toi avant que je te bute!» Derrière le comptoir de la Banque cantonale de Fribourg d’Attalens, le braqueur presse la collaboratrice. A quelques mètres, son complice tient en garde un client et un deu xième employé. La scène est digne d’un western. Elle s’est pourtant déroulée en Veveyse le 10 janvier 2020.

Hier, l’un des braqueurs, emprisonné aux Etablissements de Bellechasse, comparaissait devant le Tribunal pénal de la Veveyse, à C hâtel- St-Denis. Egalement arrêté par la police une semaine après les faits, son complice a fait l’objet d’une procédure séparée conduite par les autorités valaisannes.

Revenons à ce 10 janvier 2020. Il est exactement 16 h 47 lorsque les deux malfrats entrent dans la banque. L’un est masqué d’une écharpe, l’autre coiffé d’un capuchon. Le prévenu pénètre en premier dans l’établissement. Il se dirige vers la personne se situant au guichet. Armé d’un revolver chargé, son complice entre à son tour dans le bâtiment et crie: «Baissez-vous, braquage!»

Ce dernier oblige un client à se mettre à genoux, tout en braquant son arme alternativement en direction des banquiers et du malheureux visiteur. L’accusé, aujourd’hui âgé de 32 ans, passe ensuite derrière le guichet et menace la collaboratrice de la tuer si elle ne se dépêche pas. Une scène «traumatisante», selon le président du tribunal Pascal L’Homme. «Même si ce n’était pas moi qui étais armé, je regrette d’avoir fait peur à ces gens», a concédé l’accusé.

Quarante-cinq secondes plus tard, les deux braqueurs récupèrent une somme de 42 458 francs en diverses devises. Ils quittent le site en courant avant de fuir en voiture. Les patrouilles fribourgeoises et vaudoises débarquent, mais ne parviennent pas à les intercepter. «Comme le plan le prévoyait, nous sommes retournés dans notre appartement», situé dans un village vaudois. C’est finalement une semaine plus tard que les voleurs ont été attrapés. Aucun détail de l ’enquête n’a été transmis lors du procès. Quant à l’argent dérobé, il a été partagé «moitié-moitié». «J’ai dépensé un peu d’argent et payé des factures à ma mère.» Le complice a, lui, «remboursé des dettes», comme il l’a dit mercredi au président du Tribunal.

Un ancien du village

Deux semaines avant les faits, le prévenu et son compère avaient préparé un plan de bataille. «La banque d ’Attalens était notre cible. Je connaissais les lieux, car j’avais habité là-bas par le passé», a expliqué le complice. Des repérages ont été effectués avant les fêtes de fin d’année 2019. «A une reprise, nous avons renoncé à entrer dans la banque, car il y avait trop de monde», a avoué l’accusé. Ce dernier assure qu’il ne savait pas que l’arme était chargée de munitions. Celui qui la détenait l’a confirmé hier. Une version à laquelle le procureur Marc Bugnon ne croit pas.

Auditionné par Pascal L’Homme, le voleur, condamné à plusieurs reprises notamment pour brigandage, acquisition de fausse monnaie (6000 euros), violence et trafic de stupéfiants, a expliqué les raisons de son acte: «Je vivais illégalement en Suisse et je venais de perdre mon travail “au black”. Je n’avais plus de revenus et ma mère connaissait des problèmes financiers.» A la Cour, la mère du prévenu a confirmé, tout en insistant sur le fait que son fils avait «mûri et changé».

Dans son réquisitoire, le procureur Marc Bugnon a tenu à rectifier ces déclarations: «Il ne faut pas y voir une intention caritative. Cet argent n’a pas servi à payer des dettes. Il a principalement été utilisé dans un hôtel de luxe et pour acheter des habits.» Il a également rappelé que, depuis son interpellation, l’intéressé avait participé à des bagarres en prison.

Le représentant du Ministère public a ensuite souligné le «professionnalisme» de l’acte. «Les repérages, l’armement, la rapidité d’exécution et l’absence de scrupule le prouvent. Il a également évoqué la prise d’otage d’un client. «Lorsqu’ils sont entrés dans la banque, ils savaient qu’il était présent.»

Une interprétation que l’avocate de la défense Véronique Fontana n’a pas acceptée. «Il n’a fallu que six jours à la police pour boucler le dossier. Cette issue rapide est due au fait que les auteurs se sont conduit comme les frères Dalton. Et mon client n’est pas Joe, mais Averell. Il s’agit d’amateurs qui ont multiplié les fautes. Ils ont agi dans une région où ils sont connus de la police, ils sont sortis en courant en attirant l’attention des passants, le tout en utilisant un véhicule traçable, puisqu’il s’agissait de la voiture de l’épouse du complice.» L’avocate a précisé également que son client allait rembourser la moitié du butin dérobé et qu’il souhaite aujourd ’hui tourner le dos à son sulfureux passé.

Décrivant le prévenu comme un «stakhanoviste du brigandage» aux antécédents «calamiteux», le procureur a requis, notamment pour brigandage qualifié avec une arme, prise d’otage et fausse monnaie, une peine de cinq ans de prison et l’expulsion du pays pour une durée de quinze ans. La défense a demandé une peine entièrement compensée par une sanction déjà prononcée par le passé, et donc sa libération immédiate. En conclusion, le prévenu a répété ses regrets, tout en disant qu’il n’était «pas un gangster». Le verdict sera connu le 17 mai.
Valentin Castella / La Gruyère

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