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Châtel-St-Denis

«Mon challenge, que les gens ne se rendent plus compte qu’ils ont un masque»

Avec Multiple, Yann Lambiel revient à ce qu’il aime par-dessus tout, à savoir chanter, danser et faire le show. THOMAS MASOTTI

HUMOUR CHÂTEL-ST-DENIS

Après plusieurs mois de pause forcée, Yann Lambiel présente son nouveau spectacle Multiple, ce soir à 20 h 30, à l’Univers@lle à Châtel-St-Denis. Première représentation de la saison 2020/21 des Cultur@iles, le seul en scène de l’humoriste romand affiche déjà complet.

Yann Lambiel est retour sur la scène de l’Univers@lle à Châtel-St-Denis avec Multiple. Dans ce nouveau spectacle, qui marque le lancement de la nouvelle saison des Cultur@iles, il croque l’actualité suisse et internationale, en combinant son humour piquant, la multiplicité de ses personnages et des envies musicales inexplorées. L’occasion de faire le point avec l’humoriste valaisan, après six mois de repos forcé.

Vous retrouvez enfin la scène après plusieurs mois de repos forcé. Comment s’est passé votre semiconfinement?

Yann Lambiel: J’ai eu de la chance, parce que je fais une chronique radio tous les matins sur LFM (n.d.l.r. L’info trafiquée). Pendant le semi-confinement, cela m’a permis de continuer à écrire tous les jours. Je devais aussi enregistrer la séquence à la maison avant de l’envoyer. Ça me demandait pas mal de travail, mais c’était motivant de faire une petite production au quotidien.

Cette émission, c’est ce qui vous a permis d’entretenir vos multiples talents?

Entretenir, chercher de nouvelles choses et trouver, tout à coup, des idées comme Reste à la maison de Claude Fran- çois, qui a fait le tour des réseaux sociaux. C’est une chanson que j’avais fait pour la radio et qui est partie en France, en Belgique. La police belge l’a même diffusée dans les rues, par haut-parleur! Il y a des petites choses assez rigolotes qui se sont passées.

Une période plus calme qui vous a servi de source d’inspiration, donc…

Oui et non. Parce que nous n’avions pas tellement le choix: il n’y avait qu’un seul sujet sur lequel nous pouvions faire des gags. Mais lorsque vous avez fait tous les angles possibles et imaginables sur le coronavirus… J’étais content de voir d’autres sujets arriver! J’ai adapté un peu mon spectacle et j’évoque la pandémie au début, mais je ne voulais pas tout écrire là-dessus. Les gens veulent qu’on en parle, cela fait partie de leur vie, mais je ne suis pas sûr qu’ils aient envie de n’entendre parler que de cela.

Justement, parlez-nous de votre nouveau spectacle, Multiple, qui traite de beaucoup de choses…

C’est un spectacle qui parle du monde actuel et de la manière dont les personnalités voient les choses. J’y évoque notamment du droit de la femme, d’écologie ou encore de handicap, avec Alexandre Jollien. Il y a aussi des nouveaux personnages, plus actuels, dont Mike Horn, Guy Parmelin ou Greta Thunberg. D’ailleurs, c’est marrant, parce que quand j’ai créé ce spectacle Greta Thunberg était au sommet et, maintenant, plus personne n’en parle (rires).

Multiple fait aussi la part belle à la musique?
Oui. Je voulais revenir à ce que j’aime par-dessus tout, c’est-à-dire le show. Pouvoir chanter, danser et faire plein de choses. Et je voulais aussi retrouver un côté organique. Cela faisait dix ans que je n’avais pas eu de vraies musiques sur scène. J’ai donc engagé deux guitaristes, Florent Bernheim et Lawrence Lina, qui font toute la musique avec des loopers. Mon spectacle a un côté plus rock’n’roll, ce qui fonctionne très bien.

Lorsque la pandémie a commencé, vous veniez de lancer votre nouveau spectacle. Est-ce que ça a été frustrant de devoir tout arrêter du jour au lendemain?

Evidemment. J’ai pu faire cinq représentations et puis nous avons mis le décor et tous les instruments dans le camion pour six mois… C’était à la fois bizarre et frustrant. Mais mon spectacle était déjà un produit fini, cela aurait été encore plus difficile si je n’avais pas pu le jouer du tout. J’ai aussi eu de la chance que la tournée soit déjà complète, ce qui nous a permis de reporter la majorité des dates. J’ai des copains humoristes au Québec qui n’ont toujours pas pu reprendre le travail.

Qu’est-ce que ça fait de retrouver la scène et le public après cette période d’incertitudes?

La première représentation, avec 300 personnes portant le masque, c’était bizarre. Depuis la scène, cela donne l’impression d’un immense champignon hal-lucinogène avec des points blancs (rires)! Le plus bizarre, c’est qu’on ne voit pas les sourires. Des fois, il n’y a pas forcément de rire, juste un sourire. Mais on ne le voit plus. On entend aussi un peu moins les gens, mais on s’habitue très vite. Mon challenge, c’est qu’à la fin du spectacle, les gens ne se soient pas rendu compte qu’ils avaient un masque pendant près de deux heures.

Ce retour sur scène avait-il le goût d’une seconde première?

Ah! complètement! J’ai changé environ vingt minutes du spectacle, j’ai fait des coupes, j’ai fait tout le travail que j’aurais dû faire en mars. J’ai recommencé à Martigny et c’était vraiment comme une seconde première. C’était chouette, il y avait de nouveau ce petit challenge. Et nous nous sommes vite remis dedans, il y avait beaucoup d’envie!

Dans ce contexte anxiogène, les humoristes font plus que jamais un travail d’utilité publique?

Oui, évidemment. C’est un travail que l’on fait tout le temps. Là, effectivement, on a dû le faire par vidéo pendant quelque temps. Ce n’était pas tout à fait pareil, mais c’était un moyen de nous inviter chez les gens quand ils ne pouvaient plus sortir. Maintenant, on compte sur le public pour qu’il joue le jeu en remplissant les salles. Même avec la contrainte du masque. C’est important pour nous, humoristes, que les gens franchissent le pas et que les théâtres programment nos spectacles. La machine sera difficile à relancer, mais, pour l’instant, cela fonctionne et les gens sont au rendez-vous.

Propos recueillis par Glenn Ray

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