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Châtel-St-Denis

Quand jardinage rime avec bon voisinage

Les bacs potagers permettent aux habitants des Granges de Belmont, à Châtel-St-Denis, de cultiver leurs produits, mais également d’échanger entre voisins. IG

JARDIN CHÂTEL-ST-DENIS

Des familles de la PPE Les Granges de Belmont, à Châtel-St-Denis, ont créé, l’année dernière, des bacs potagers destinés à cultiver leurs propres produits. Face au succès grandissant, six autres bacs ont déjà été ajoutés ce printemps. Ils sont remplis avec la matière d’un compost collectif, mis en place il y a deux ans. Présentation d’un projet à la fois social et écologique.

Dans le parc des immeubles Les Granges de Belmont, à Châtel-St-Denis, les balançoires de la place de jeux côtoient les fraises et les salades plantées dans de longs bacs en bois. Les enfants semblent même se désintéresser du trampoline, pour guetter si quelques framboises ne sont pas mûres. Depuis l’année dernière, ces bacs potagers collectifs permettent aux quelque huitante habitants des trente-trois appartements de cultiver leurs propres produits.

Le semi-confinement a même été l’occasion d’agrandir l’espace à disposition, en ajoutant six bacs supplémentaires aux huit déjà existants. Aux abords des fruits et des légumes, un compost collectif fournit la matière qui permet jour après jour de remplir les bacs. «Un cycle assiette-compost-bac potager 100% collectif et écologique», décrit Claire Muller, habitante, ingénieure agronome et instigatrice du projet.

Compost vivant

Cette aventure de voisinage débute en 2018. «J’ai toujours cherché une solution pour valoriser mes déchets verts, explique Claire Muller. Les mettre dans la poubelle jaune génère vite beaucoup de volume de déchets et de gaspillage.» L’ingénieure agronome se tourne alors vers l’association vaudoise ProxiCompost, spécialisée dans la mise en place de solutions de compostage pour les collectivités. Voté en assemblée générale, le projet séduit la majorité des habitants, malgré quelques rares réticences. «Il y a certaines idées reçues, comme le fait que le compost sent mauvais ou attire les renards. Mais avec des garanties d’entretien et de suivi, le projet a été largement approuvé.»

Trois bacs sont donc construits au printemps 2018: l’un contient des déchets alimentaires, les deux autres du bois et du compost. «Nous essayons d’imiter un hummus forestier noir et spongieux, explique Claire Muller. Il s’agit en fait d’un rapport carbone sur azote: nous apportons une part d’azote, avec nos déchets, et il faut ajouter une demi-part de carbone, avec le bois.»

A ce savant mélange s’ajoutent l’eau, apportée par la pluie et des arrosages ponctuels, et l’air. Chaque personne qui vient déposer ses déchets doit ainsi brasser le tout à l’aide d’une fourche, afin de créer de l’aération. Résultat: une chaleur qui avoisine les huitante degrés et de nombreuses espèces d’insectes, signes d’un compost en bonne santé. «C’est presque un organisme vivant dont il faut s’occuper», sourit Claire Muller.

Après trois mois de dégradation, la matière devenue compost connaît encore environ deux mois de maturation. Elle est ensuite utilisée pour remplir les bacs du potager et les pots de fleurs des immeubles. «Aujourd’hui, une grande majorité des habitants vient y déposer ses déchets verts, se réjouit Claire Muller. C’est acquis dans les pratiques, et chaque nouvel arrivant est informé sur comment utiliser le compost.»

Bacs potagers

Grâce au succès du projet, la PPE s’est vite retrouvée avec une grande quantité de compost inutilisé. Au printemps 2019, l’idée d’un potager collectif est lancée. Après une approbation à l’assemblée générale, huit bacs potagers sont construits par les habitants euxmêmes durant l’été suivant. «Chaque famille peut disposer aujourd’hui d’un demi-bac, explique Claire Muller. Mais certaines en ont un entier, voire un et demi.»

S’il ne prétend pas atteindre une certaine autosuffisance, le projet permet avant tout de prendre conscience de certains enjeux alimentaires. «On voit d’où vient la nourriture que l’on a dans notre assiette et comment on fait pour la fabriquer.» Un retour à la terre bienvenu pour de nombreux habitants de la PPE, à l’instar de Sylvain Birbaum: «C’est la première fois que je faisais du jardinage et, comme un gamin, je me suis pris au jeu.»

Aventure humaine

Salades, fleurs, légumes, fruits et même cages pour tortues: chaque famille utilise donc «ses terres» selon son bon vouloir. Mais les voisins ne sont jamais loin. Car au-delà de la dimension écologique, c’est bien l’aspect communautaire qui a guidé tout le processus de ce projet. «Nous voulions que chacun ait son bac, mais que la dimension collective se retrouve dans tous les autres aspects du projet, autant dans la construction que la gestion et l’entretien, explique Claire Muller. Cela a vraiment créé des liens entre voisins.»

Autour des parcelles, on échange, on compare et on discute du temps qui impactera ou non les précieuses plantations. Grâce à un groupe WhatsApp, chacun peut également annoncer d’éventuels produits en trop. A chacun de venir se servir ensuite.
Isaac Genoud

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