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Châtel-St-Denis

Une application «de solidarité microlocale» qui plaît aux communes

En quelques clics, il est possible de voir qui se trouve dans sa zone et quels services sont proposés. DR

SOLIDARITÉ VEVEYSE/RÉGION D’ORON/VEVEY

Julien Rilliet, conseiller communal à Vevey, a mis sur pied une application servant de plateforme de solidarité. Très vite sollicité par d’autres localités, à qui l’idée a plu et qui voulaient s’en doter, il a établi une marche à suivre pour qu’elle soit déclinable. Depuis, une septantaine de communes romandes ont la leur, dont Châtel-St-Denis, Oron et Porsel.

Elle est dans les villes, dans les campagnes, et se répand à une vitesse folle… Contrairement au coronavirus, elle n’a pas de nom précis. D’ailleurs, elle est apparue justement pour y faire face. Elle, c’est l’application créée par Julien Rilliet, 30 ans, chef d’une entreprise de communication politique et digitale. «La première s’appelle Vevey Solidaire, mais les autres communes se sont ensuite dotées d’un nom générique, Citoyens solidaires ou Montreux solidaire, par exemple.»

L’application regroupe deux types d’utilisateurs: ceux qui offrent leurs services et ceux qui en ont besoin. Les premiers, en s’inscrivant, indiquent leurs disponibilités et ce qu’ils sont prêts à faire pour venir en aide à leur prochain. Les seconds regardent sur une carte, aux alentours de chez eux, qui pourrait leur rendre service et trouvent les coordonnées nécessaires.

Envie d’aider

Dans la région, trois communes disposent désormais de cette application. Châtel-St-Denis solidaire, Oron-Région et Porsel et environs ont ainsi vu le jour. Mais c’est bien à Vevey, le 13 mars dernier, que tout a commencé: «Quand la fermeture des écoles a été annoncée, je me suis demandé comment les gens allaient faire, retrace Julien Rilliet. J’avais envie de me rendre utile et, réfléchissant dans mon coin, je me suis dit que je pourrais mettre mes connaissances digitales au service de la communauté.»

Il crée donc, grâce à un outil informatique, cette application d’entraide. «L’idée de base était de proposer une plateforme de solidarité locale, voire microlocale. C’est vrai que, souvent, les gens sont plus à l’aise avec ceux qui habitent à proximité immédiate de chez eux. Initialement, je l’ai conçue pour Vevey, où je suis conseiller communal. Je ne pensais pas que ça allait prendre une telle ampleur!»

Recette toute prête

Actuellement, plus de septante déclinaisons ont vu le jour. Lausanne, par exemple, l’a mise en place par quartiers. «Il y a sans doute des communes qui l’ont reprises sans que je sois au courant, indique Julien Rilliet. Mais c’est le but: se rendre utile, juste ça. Si, au travers de mon application, j’ai pu rendre service, j’en suis très satisfait.» Selon lui, rien d’étonnant si autant de localités ont eu recours à sa plateforme. «Beaucoup de communes ne savaient pas quelle marche à suivre adopter et ne disposaient d’aucun outil pour mettre en lien leurs habitants. Mon application, pour eux, c’était du pain béni.» Surpris par les multiples demandes pour la décliner, Julien Rilliet a élaboré une marche à suivre sur un site internet spécialement créé pour l’occasion: www.citoyens-solidaires.ch.

«En dix points, la marche à suivre est hyper simple. Chacun peut ainsi faire la sienne. Il n’y a rien besoin de coder et rien non plus à télécharger: c’est le lien, la page internet, qui fait office d’application.» Au chômage technique, Julien Rilliet confie que, depuis une dizaine de jours, il ne s’occupe désormais plus que de sa création. «J’assure en quelques sortes le “service après-vente” (rires). Malgré la simplicité de la marche à suivre, il est toujours possible que des petits bugs apparaissent. Je passe beaucoup de temps à répondre au téléphone, pour résoudre les problèmes et conseiller ceux qui me contactent.»

La grande force de l’application, selon Julien Rilliet, consiste en son utilisation «microlocale». A Vevey, plus de trois cents personnes se sont inscrites. Les déplacements sont moindres et les recommandations des autorités sont respectées. Le tout, absolument gratuitement. Sa plateforme permet également, selon lui, de briser la barrière générationnelle. «Par exemple, une dame m’a demandé d’apporter des livres à sa maman, qui vit tout près de chez moi. Mais il y a également des gens qui se proposent pour passer un moment au téléphone, tout simplement, au cas où quelqu’un sentirait le besoin de discuter et qu’il ne saurait pas vers qui se tourner.»
Christian Marmy


Un «lien solidaire» instauré par la Municipalité de Maracon

«L’idée nous est venue avec mon amie Carole Demont Fossati, retrace la vice-syndique de Maracon Patricia Zeller. Nous avions envie de faire quelque chose pour les personnes âgées de notre commune.» Elles mettent sur pied un «lien solidaire», auquel le syndic Jean-Claude Serex se joint d’emblée. «Il y a quinze jours, nous avons distribué un tout-ménage dans toutes les boîtes aux lettres pour l’annoncer à la population. En fait, ce sont cinq jeunes du village qui les ont amenés. C’était les premiers jours où ils étaient chez eux et ils se sont proposés. C’était très sympa de leur part, nous tenons encore à les remercier.» Depuis, une vingtaine de bénévoles se sont portés volontaires pour apporter leur aide. Faire des courses, aller à la déchetterie, tondre le gazon, sortir le chien ou garder les enfants, ils ont prêts à répondre à toutes sortes de besoins. «Il y en a même qui proposent des activités sympathiques chez eux, tel qu’un atelier peinture, par exemple, tout en respectant les mesures de précaution bien évidemment.» Ce «lien solidaire», informel, est donc la possibilité de mettre en relation les différentes personnes de la commune. «Les gens s’adressent à nous et nous leur transmettons les contacts», explique Patricia Zeller. Pourtant, c’est elle, Carole Demont Fossati et Jean-Claude Serex qui ont tout d’abord décroché leur téléphone. «Nous avons appelé les habitants pour prendre de leurs nouvelles et leur dire de ne pas hésiter à avoir recours à ce service. Parfois, ils se gênent et n’osent pas demander de l’aide. Tout le monde ne dispose pas forcément d’un certain réseau, c’est pourquoi c’est très important pour nous de leur montrer que nous sommes là en cas de besoin.» La vice-syndique estime que sa commune de 538 âmes compte environ une septantaine de personnes âgées de plus de 65 ans. C’est avant tout pour ces aînés que ce service a été mis en place, mais toute personne qui en aurait besoin est la bienvenue. «Nous allons certainement refaire un tout-ménage dans quelque temps pour annoncer les nouveautés, s’il y en a. En tout cas, qu’une vingtaine de personnes nous ait rejoints et qu’un tel élan de solidarité apparaisse, un peu partout, ça fait chaud au cœur! CM

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