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Châtel-St-Denis

«Une équipe motivée et dynamique va continuer»

Jean Genoud remettra à la fin de l’année les rênes de l’entreprise Geosud, qu’il a fondée et qu’il dirigeait depuis 2000. DR

Ingénieur géomètre, le Châtelois Jean Genoud prend sa retraite. A la fin de l’année, il remettra officiellement à sa jeune équipe les rênes de Geosud SA, qui célèbre cette année ses 20 ans. «Hasard de calendrier», assure-t-il. Portrait de celui qui s’est également fortement investi en politique.

«Je crois surtout, qu’à un certain moment, il faut savoir laisser sa place aux forces vives, aux jeunes.» Par ces mots, Jean Genoud commentait dans Le Messager du 25 novembre 2005 – il a siégé onze ans au conseil d’administration de l’hebdomadaire veveysan – la fin de sa carrière politique, après sept ans à l’exécutif de Châtel-St-Denis et deux mandats au Grand Conseil.

Quatorze ans plus tard, les mots choisis sont presque les mêmes, cette fois-ci, à l’heure de prendre sa retraite professionnelle: «Les successions à la tête des PME peuvent être une étape délicate. C’est une grande satisfaction de voir qu’il y a une équipe motivée et dynamique qui continue. J’ai pleine confiance en eux.»

Dans un mois, il remettra officiellement les clés de son bureau de géomètre, qu’il a fondé et dirige, Geosud SA. «Je suis soulagé de ne bientôt plus avoir de charge de travail et de responsabilités. Je ressens aussi de la nostalgie en abandonnant une profession très intéressante avec des contacts privilégiés.» Ancien homme politique démocrate-chrétien et très actif dans le milieu associatif, Jean Genoud se prépare à une retraite «active», même s’il s’est pour l’instant refusé à accepter de nouveaux mandats, malgré des sollicitations.

Diplômé en géométrie de l’EPFL (Ecole polytechnique fédérale de Lausanne) en 1981, et détenteur d’un brevet fédéral, Jean Genoud ouvre son premier bureau de géomètre à Châtel-St-Denis, en 1984. «Ça a toujours été mon objectif, explique-t-il. Je savais que j’irais à l’Ecole polytechnique. J’ai hésité entre plusieurs branches. C’est le côté à la fois technique et proche de la nature qui m’a convaincu.» Très vite, il s’associe avec Pierre Morard, de Bulle.

Ensemble, ils fondent Morard et Genoud SA en concevant deux bureaux. Rapidement, l’entreprise s’agrandit. En 2000, elle fusionne avec Marilley Suard Vuichard. Ainsi, Geosud pour géomètres du Sud fribourgeois voit le jour. En 2013, une seconde entreprise rejoint le giron de Geosud, Pierre Guillaume, basé à Villars-sur-Glâne. «En vingt ans, l’effectif a doublé passant de vingt-huit à cinquante-cinq collaborateurs», retrace Jean Genoud.

Métier plus technologique

En trente-cinq ans, ce père de quatre enfants et grand-père de cinq petits-enfants a été un observateur privilégié de l’évolution de son métier: «Quand j’ai débuté, tout se mesurait déjà avec des moyens mécaniques et optiques. Mais tous les plans aux registres fonciers étaient dessinés à la main et collés sur des plaques en aluminium pour garantir la précision. Depuis, tout est informatisé. Nous n’écrivons plus aucune mesure, nous ne dessinons plus rien. Les données arrivent au bureau avant notre retour, lorsque nous allons prendre des mesures sur le terrain.»

Si les «fondamentaux du métier sont les mêmes», selon Jean Genoud, la technologie a contribué à modifier l’approche. L’entreprise s’est ainsi équipée de drones et d’un laser scanner. «Il permet, par exemple, de restituer en trois dimensions un bâtiment existant, ce qui offre à un architecte les plans de base pour un projet de transformation, explique-t-il. Le géomètre reste le spécialiste de la précision, maîtrisant ces données et qui est capable de les coordonner, de les contrôler et de les diffuser.»

Posément, Jean Genoud réfléchit à chacune de ses réponses et aux mots qu’il emploie. Les projets les plus importants, auxquels il a participé, à ses yeux sont: le remaniement parcellaire de la H189, à Bulle, et celui de Grandvillard. Il aura fallu plus de vingt ans pour qu’une quantité de petites parcelles disséminées soient réunies pour former des unités plus grandes. Résultat: des terres agricoles plus rationnelles et plus faciles d’accès grâce à la réalisation de nouveaux chemins.

Bref, plus adaptées à l’agriculture moderne. «Ce fut l’un des projets les plus complexes, en raison des droits de gravier et de l’exploitation des nappes phréatiques d’importance cantonale. Le remaniement parcellaire a géré toutes ces problématiques.» Jean Genoud, 65 ans, ne quittera pas totalement les affaires: «Je vais rester à disposition pour des conseils ou des appuis sur certains dossiers qui ont un historique important et qui ne sont pas encore terminés.»

Une personnalité appréciée

L’administrateur de La Gruyère médias SA, propriétaire du Messager, Philippe Clément, qui a côtoyé Jean Genoud au conseil d’administration du journal veveysan, évoque un homme «avenant, disponible et faisant preuve de beaucoup d’empathie»: «Il a toujours été engagé pour défendre sa région et les intérêts veveysans au sein du conseil d’administration, avec beaucoup de diplomatie.»

Ayant travaillé chez Marilley Suard Vuichard depuis 1995, puis à Geosud, son successeur Pierre Dumas, lui aussi, connaît très bien Jean Genoud. «Il a su réunir et tirer en avant l’équipe. Il a été visionnaire. C’est un modèle pour moi. Un jour, il m’a dit: “On ne regrette pas ce que l’on a fait, mais ce que l’on n’a pas fait”. C’est quelqu’un de très humain, qui a toujours eu le souci du personnel.» Une philosophie qui est très importante pour la nouvelle direction, selon Pierre Dumas. «J’aborde cette succession dans la continuité. La direction n’est pas l’affaire d’une seule personne, mais d’une équipe.»

Valentin Jordil

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