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Châtel-St-Denis

Vendre du vin sur la Toile

Hervé Badan, fondateur de Swiss Wine Selection: «Je cherchais des vins d’artisans en quantité limitée.» ASSOCIATION VINEA

VITICULTURE CHÂTEL-ST-DENIS

La start-up Swiss Wine Selection SA s’est installée à Châtel-St-Denis. Elle propose à des particuliers et à des entreprises d’acheter sur la Toile des crus suisses, sélectionnés par ses soins. Rencontre avec son fondateur Hervé Badan.

Diplômé de l’Ecole hôtelière de Lausanne, Hervé Badan lance Swiss Wine Selection SA, en 2011, après être passé par Nespresso et Laurastar, à Châtel-St-Denis. Depuis quelques mois, la start-up s’est installée à Châtel-St-Denis. L’aventure commence à la suite d’une observation: «Les gens avaient un manque de connaissances sur le vin suisse. Ils allaient voir leur petit vigneron local, mais ils ne savaient pas que tous les cantons suisses produisaient du vin, que la richesse des cépages est unique au monde par rapport à la surface viticole...»

Le bureau d’Hervé Badan n’est pas une cave remplie de milliers de flacons, mais il se résume à un ordinateur et un smartphone: «Une bouteille commandée sur notre site est directement livrée du producteur au consommateur. Je n’ai pas de stock, ce qui me permet de réduire les coûts et de proposer les prix du domaine.» Il présente un catalogue de quatorze vignerons artisans, issus des six régions viticoles de Suisse, soigneusement sélectionnés. «Les coopératives n’avaient pas besoin de moi: leurs bouteilles étant disponibles dans la grande distribution, estime-t-il. Je cherchais des vins d’artisans en quantité limitée.»

Séduire les entreprises

L’entrepreneur, qui enseigne aussi le marketing au Centre de compétences national pour la formation des métiers de la vigne et du vin, à Changins, a beaucoup misé sur sa plateforme (www.swisswineselection.ch), traduite en quatre langues, en y glissant, par exemple, un film fait maison sur chaque vigneron. Conscient que vendre du vin en ligne est compliqué, «car les gens veulent rencontrer le producteur, vivre une expérience», Hervé Badan – épaulé par un collaborateur – oriente de plus en plus Swiss Wine Selection en direction du monde des entreprises. Il offre des dégustations, des ateliers culinaires ou encore des coffrets design.

L’an dernier, c’est plus de 8000 boîtes – contenant du vin, bien sûr, mais également des produits du terroir – qui ont été commandées par des entreprises en guise de cadeau pour leurs employés ou leurs clients. «Ce qui représente 80% de notre chiffre d’affaires», explique Hervé Badan. Swiss Wine Selection enregistre une progression annuelle de 15% à 20%. Cinq ateliers protégés, à l’image du Centre d’intégration socioprofessionnelle à Fribourg, sont chargés de la logistique.

Parallèlement à Swiss Wine Selection, il fonde avec Valérie Demont, conseillère en marketing et communication, Swiss Wine Directory. Ils établissent d’abord, pour le compte de Swiss Wine Promotion, organe qui met en avant les vins suisses, un «annuaire» des vignerons de tout le pays. Par la suite, ils créent le premier guide de l’œnotourisme helvétique. «L’objectif est de s’adresser au particulier en proposant des idées d’excursions.»

Aller au-delà de l’œnotourisme

Si les vignerons sont référencés gratuitement sur le site (www.swisswinedirectory.ch), ils doivent souscrire un abonnement pour profiter de prestations supplémentaires: la rédaction d’articles en quatre langues sur leur domaine, la réalisation de vidéos et la diffusion de tous leurs événements sur les différents canaux de Swiss Wine Directory, ce qui représente une communauté de 14 000 personnes. Ils sont une soixantaine de producteurs à avoir déjà adhéré au projet.

Fourmillant d’idées, Hervé Badan envisage une refonte de Swiss Wine Directory. Il n’en dira pas plus... pour l’instant. Est-il judicieux de continuer de miser sur les vins helvétiques, alors que les vignerons se plaignent de ne pas arriver à écouler leur production? Hervé Badan nuance cette analyse. «Oui, il y a un problème sur le prix du vrac. Si le vigneron n’a pas mis tous ses œufs dans le même panier, il s’en sort. L’œnotourisme, c’est un complément, mais ce n’est pas la solution à tout.»

Valentin Jordil

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