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Culture

Dessine-moi une planète sans virus

Sandra Leitao Kupferschmid: «Il suffit de prendre son crayon ou son pinceau et de s’évader». ANA RITA AFONSO

PEINTURE CHÂTEL-ST-DENIS

  • En ces temps suspendus, les lieux culturels gardent leurs portes closes, mais d’autres activités artistiques perdurent.
  • L’Atelier Indigo, à Châtel-St-Denis, n’a pas diminué les offres de son enseignement, déjouant les contraintes de la pandémie.
  • Sa directrice et professeure Sandra Leitao Kupferschmid poursuit l’instruction et le suivi de ses élèves grâce à la technologie.

Parmi les mesures édictées par le Conseil fédéral, la fermeture de tous les établissements d’enseignement a eu l’effet d’un véritable électrochoc. L’Atelier Indigo, école d’arts, de dessin et de peinture à Châtel-St-Denis, n’y a évidemment pas échappé. Si Sandra Leitao Kupferschmid, directrice de l’établissement et enseignante, a accusé le coup de cette nouvelle, elle indique qu’elle s’y était préparée: «Les jours précédant l’annonce, ayant mûrement réfléchi à la situation, j’avais pris la décision difficile, après avoir consulté le préfet de la Veveyse François Genoud, de fermer l’école pour préserver la santé des élèves».

Un défi technique

Une fois la communication officielle tombée, tout restait à imaginer pour maintenir l’offre pédagogique et le suivi de la centaine d’artistes en herbe. Sans oublier des cours ponctuels pour une cinquantaine d’autres élèves. «Ce n’était pas évident de réagir, de rester en contact avec tous. Je devais composer avec la famille et la présence de mes deux enfants. Et puis relever le défi d’aborder l’enseignement d’une autre façon, avec les outils technologiques», précise Sandra Leitao Kupferschmid.

Il lui a donc fallu mettre en place un environnement adapté à l’apprentissage et au perfectionnement artistique. Ana Rita Afonso, étudiante en HEG, a contribué à mettre en place un programme, nommé Teams. Une permanence téléphonique est assurée par ses soins, ainsi que par Sabrina Carrera, la mère d’un élève de l’école. La première assiste les apprenants pour l’installation du programme, tandis que la seconde s’occupe des réglages techniques. «Grâce à elles, j’ai pu relever le défi des cours à distance, aux jours et aux horaires habituels», jubile Sandra Leitao Kupferschmid. Selon elle, le système est fiable et ne s’interrompt pas.

Un enjeu pédagogique

Une fois tous ces aspects techniques réglés dans un délai de quinze jours, il restait à préserver la relation pédagogique. Délestée de ces impératifs, l’enseignante a préservé son approche artistique, étayée du suivi collectif et individuel. Les élèves ont poursuivi leur dessin, ou peinture, selon leur progression, sans être privé des indications prodiguées par leur professeure. La navigation entre les écrans et les réalisations en cours, s’est révélée, en définitive, plutôt fluides et aisées, aux dires de la directrice.

Cette dernière explique: «J’ai poursuivi ma pratique habituelle, qui consiste à ne jamais intervenir directement sur les œuvres produites par mes élèves et de me tenir à un accompagnement personnalisé. Avec le contact physique, intuitif, en moins.» Si le déroulement de chaque séquence avance normalement, la profeseure doit redoubler d’attention, entre gymnastique technique et enseignement artistique. «La quantité d’énergie nécessaire à la mise en place du système s’est révélée impressionnante, mais elle s’avère encore plus importante lorsqu’il s’agit de suivre les élèves», clame-t-elle.

Un pari artistique

Selon Sandra Leitao Kupferschmid, si l’une des solutions à la problématique de cours à distance passe par la production de tutoriels informatiques, cette option ne permet pas de suivi pédagogique. C’est pourquoi elle a préféré solliciter l’imaginaire des jeunes comme des adultes. Après l’interruption momentanée des congés à Pâques, elle a réalisé une vidéo incitant à la pratique du collage d’art et du dessin d’observation. Le premier pour que les artistes en herbe expriment leur ressenti face au semiconfinement, le deuxième pour apprivoiser la nature ou d’autres sujets par leur volume. Ainsi, une élève a illustré son collage d’un immense «SOS» et de l’expression «ne jamais rien lâcher».

La distanciation imposée par le contexte n’a donc pas eu raison de la motivation des fidèles de l’Atelier Indigo, qui n’a pas subi de défection parmi ses élèves. Mais leur traditionnelle exposition annuelle est reportée en mai 2021, et le stage de dessin d’architecture à la fin du mois d’août, dans une salle de 60 m2 respectant les consignes sanitaires. En attente de prochaines instructions pour les écoles, la directrice conclut: «Avec le recul, l’expérience nous a tous fait sortir de notre zone de confort et je projette une rentrée sereine».
Michel Machicoane Stocker

Plus d’infos sur www.latelierindigo.ch

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