Logo

Culture

«J’apprécie quand ça fourmille et quand ça part dans tous les sens»

Jeudi, l’humoriste Marina Rollman sera sur les planches de l’Univers@lle pour présenter Un spectacle drôle. LOUISE ROSSIER

HUMOUR CHÂTEL-ST-DENIS

L’association des Cultur@iles reçoit jeudi l’humoriste Marina Rollman (20 h). Une date importante vu la renommée de l’artiste francosuisse âgée de 33 ans. Interview.

Jeudi, l’Univers@lle accueille l’une des artistes phare de la saison de l ’association des Cultur@iles. L’humoriste Marina Rollman fera halte à Châtel-St-Denis dans le cadre de sa tournée en Suisse romande. Elle y présentera Un spectacle drôle à 20 h.

Révélée il y a près de six ans, la franco-suisse de 33 ans n’a cessé de gravir les échelons pour devenir l’une des artistes les plus réputées en Suisse. Pétillante et pleine d’énergie sur scène, elle n’en demeure pas moins au téléphone.

Sur leur site internet, les Cultur@iles décrivent le spectacle comme «un stand-up empreint de nonchalance, de finesse, d’amour, de fulgurances humoristiques et de réflexions pratiques». La Suissesse installée à Paris saisit avec humour les bizarreries du quotidien. Elle évoque la maternité, la malbouffe, le féminisme et les réseaux sociaux.

Entre son retour en Suisse et les différentes affaires à régler, Marina Rollman, «complètement dans le stress», a accepté d’accorder quelques minutes de son temps au Messager. Pour évoquer son spectacle et sa personnalité, notamment.

Pourriez-vous définir qui est Marina Rollman?

J’estime que je suis une personne qui devient gentiment adulte, mais qui, parfois, se cherche encore. J’estime être quelqu’un de créative, curieuse et qui réfléchit beaucoup. J’analyse, je doute. Je suis une rigolote qui se définit par l’écriture et la parole. Ce trait de caractère m’a dirigé vers le métier d’humoriste.

A quel moment avez-vous choisi de prendre cette voie vers l’humour?

J’ai toujours bien aimé ce monde. Puis, à 20 ans, j’ai vu I’m telling you for the last time de l’humoriste américain Jerry Seinfeld. Il y avait quelque chose dans les rouages de son écriture qui m’a parlé. Je comprenais ce qu’il faisait. Avant, je me disais que ces artistes étaient surtout des monstres de charisme.

Cependant, je n’ai jamais eu la prétention de l’imiter. Nous n’avons pas vraiment le choix de définir qui nous sommes sur scène et nous découvrons petit à petit nos «zones de drôlerie», notre débit, notre vocabulaire et quel clown nous correspond le mieux.

Quel personnage êtes-vous sur scène?

Je suis passablement expressive. J’aime faire de petits bruits, changer ma voix, gesticuler. Je parle vite des choses sérieuses de façon clownesque. Dans mon spectacle ça débite et ça bouge.

Comment qualifieriez-vous votre parcours humoristique?

Je n’aime pas trop les lignes droites. J’apprécie quand ça fourmille et quand ça part dans tous les sens. Je ne suis pas une personne monotâche. Je préfère me disperser. Je n’aime ni me fixer d’objectifs clairs ni respecter une deadline. Je préfère improviser et me laisser porter pour vivre des surprises.

Avez-vous un exemple de ce trait de caractère?

Je termine la tournée de mon spectacle à l’Olympia de Paris le 18 décembre. Au lieu d’enchaîner tout de suite avec un deuxième spectacle, j’ai envie de faire autre chose. Cet exemple est représentatif de ce que je suis. Je change et j’essaie des choses nouvelles. Je me suis lancée dans la réalisation et le tournage de courts métrages. Je trouve intéressant d’acquérir de nouvelles aptitudes et de toucher à plusieurs thèmes.

Avez-vous souffert pendant le confinement dû à la pandémie?

Sincèrement, je trouve que j’ai été assez privilégiée, parce que personne n’a été touché dans mon entourage et je n’ai pas connu de problèmes financiers. L’arrêt des spectacles m’a également permis d’avancer mes projets d’écriture.

Quel regard portez-vous sur votre notoriété grandissante des dernières années?

Cela induit que les spectateurs choisissent de venir me voir désormais. Cela change l’ambiance de la salle. Avant, je devais convaincre le public qui, majoritairement, était venu par curiosité. Mon départ vers la France m’a également ouvert des portes. L’expérience à la radio aussi. Même si mon premier amour restera la RTS.

Sentez-vous que le regard helvétique a évolué avec votre réussite en France?

Oui, j’ai l’impression d’avoir passé une étape. L’écho des médias français et la notoriété gagnée à Paris m’ont inscrit un stampel sur le front. J’ai aussi remarqué que les Suisses aiment bien les retours des enfants du pays. Les émissaires font rayonner leur pays à l’étranger.

Notamment sur France Inter et l’émission Bande originale…

Oui, exactement. Cependant, j’ai choisi de démissionner en juin 2020. Depuis, je suis appelée pour faire des remplacements cycliques. Pour moi, c’est très agréable, parce qu’après trois saisons en tant que chroniqueuse en France et mes cinq ans à la RTS, je commençais à me lasser. Désormais, je suis invitée à l’antenne quand j’ai une histoire à raconter et c’est toujours agréable de retrouver les copains.

Les accusations de la droite à l’encontre de France Inter, qui serait une propagande de la gauche, sont-elles pesantes?

Dans mes chroniques, je ne parle pas de politique à proprement parler, mais des grandes idées politisées. Il m’arrive de recevoir une volée de bois verts et on me colle une étiquette de gauchiste. Mais de toute façon, je ne pense pas que les personnes issues de la droite politique écoutent beaucoup France Inter.

Comment définiriez-vous votre spectacle?

Je dirais qu’il s’agit d’un agrégat de sujets différents. Il ne suit pas un fil rouge comme l’histoire d’une vie. Je soulève des questions importantes de notre époque. Les thèmes suivent les tendances culinaires, pornographiques, la santé mentale, le sport... Il y aura à boire et à manger pour tout le monde. Par contre, je ne le conseille pas aux enfants âgés de moins de 12-14 ans, parce qu’il m’arrive de raconter des histoires grivoises.

Cela fait maintenant trois ans que je présente Un spectacle drôle. J’aime changer des petites choses, car sinon je m’ennuie. Cela me permet de changer au fil des semaines et cela amène une microévolution.

Sur les réseaux sociaux on vous a vue impliquée pour le mariage pour tous. D’autres sujets sont-ils importants à vos yeux?

Il y en a tellement. Notamment les questions sur les minorités religieuses, sur le genre et l’orientation sexuelle, les coûts de la santé en Suisse, le racisme, l’écologie... Je ne saurais pas tout énumérer. Avec les sujets dont je parle, on lit facilement mes couleurs politiques sans pour autant que le spectacle soit clivant.

Que dirait la Marina Rollman d’aujourd’hui à l’adolescente que vous étiez?

Oulala… Je me dirais que tout s’arrangera et que ça va aller. Adolescente, je ne me sentais pas très bien. A cet âge, je n’avais aucune emprise sur ce que je faisais ni sur qui j’étais. J’avais envie de me définir en tant qu’adulte et c’est maintenant, à 33 ans, que ça m’arrive. En résumé, je me dirais de prendre mon temps et de pas avancer trop vite.

Propos recueillis par Maxime Schweizer

Réservations et informations: www.culturailes.ch

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus