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Culture

La culture «cantonale» ne pousse qu'en ville


Depuis une semaine, le public découvre le nouveau Musée cantonal des beaux-arts de Lausanne, de son petit nom MCBA. Sur ses murs est accrochée la richesse de ses coffres dans une exposition inaugurale, nommée Atlas. Cartographie du don. La critique, la presse et les premiers visiteurs sont conquis. Ils saluent – quasiment à l’unisson – la lumière, l’espace ou encore la modernité. C’est vrai qu’il est beau ce nouveau site muséal, à côté de la gare de Lausanne, où 120 000 pendulaires défilent chaque jour.

L’histoire oublierait presque que Palézieux était sur les rangs pour accueillir le MCBA. Au lendemain de l’échec dans les urnes du projet de Bellerive, sur les bords du lac, le 30 novembre 2008, onze sites, à Morges, à Yverdon-les-Bains ou encore à Lausanne étaient en lice. A la surprise générale, la petite localité de Palézieux-Gare avait fait acte de candidature. Mais la messe était dite d’avance. C’est Lausanne qui serait choisie, car c’est Lausanne.

Dans nos colonnes du 12 avril, Thierry-Vania Menétrey, ancien municipal chargé de la culture à Palézieux, parlait d’«utopie» avant d’ajouter: «La culture n’est pas l’apanage d’une ville. L’arrière-pays a le droit d’avoir des pôles culturels.» Celui qui est devenu municipal à Oron après la fusion ne cache pas qu’il s’agissait surtout «d’un joli coup de pub». Sur les huit musées vaudois, dit «cantonaux», six sont à Lausanne.

Avec ce nouveau MCBA, le canton de Vaud a raté l’occasion d’amener «sa» culture en dehors de la capitale cantonale. Car le MCBA est le premier bâtiment de Plateforme 10, le nom du futur quartier des arts qui accueillera d’ici 2021 le Mudac (design) et l’Elysée (photo). Le site devra même accueillir un 4e et un 5e musée dans les prochaines années, selon le conseiller d’Etat Pascal Broulis.

Dans l’Hexagone, plusieurs musées «parisiens» se sont pourtant lancés dans la décentralisation de leurs institutions, sans pour autant créer des «sous-musées». Citons pour preuve le Centre Pompidou-Metz ou le Louvre-Lens. La réussite du Théâtre du Jorat, à Mézières, aurait aussi dû être un exemple. La campagne mérite également de voir ses champs irrigués par la culture «cantonale». Heureusement, le tissu culturel local n’a pas attendu l’implantation d’un musée «cantonal» pour semer ses graines, germer, s’épanouir et récolter ses fruits.

Valentin Jordil

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