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Culture

L’ancienne policière a fait son nid, sur les scènes

Demain, la chanteuse biennoise accompagnée par l’Ensemble Découvrir enflammera la scène de l’Univers@lle. DR

Après deux reports pour cause de pandémie, Phanee de Pool – accompagnée de l’Ensemble Découvrir – se produira finalement demain sur la scène de l’Univers@lle, à 20 h 30.

Omniprésente sur les scènes romandes depuis 2017, Phanee de Pool devait se produire à Ch�tel-St-Denis en novembre 2020 déjà. Une date reportée en mars, puis au 9 octobre, soit demain. A la veille de ce concert, qui marque ses retrouvailles avec l’Ensemble Découvrir, la chanteuse biennoise s’est confiée au Messager.

Depuis 2017, vous connaissez un succès qui ne semble vraiment pas près de s’estomper. Comment l’expliquez-vous?

Phanee de Pool: C’est difficile à dire, peut-�tre que ce sont mes textes ou mon aisance sur scène. Je me rends compte que j’ai de la chance, mais je n’ai pas d’explication précise.

Quels sont les principaux retours que vous avez reçus lorsque que vous vous �tes lancée?

Que ma musique était différente de ce dont les gens avaient l’habitude et que mon concept était vraiment travaillé. En plus des textes et des compositions, j’ai vraiment essayé de créer un univers cohérent, qui est d’ailleurs très proche de mon univers de vie réel. Je suis une r�veuse axée sur la poésie avec un c�té vintage, c’est ce que j’essaie de présenter au public. Alors, quand on me dit que c’est du «jamais vu», c’est le plus beau compliment que je puisse recevoir.

Donc une forme d’honn�teté artistique pourrait aussi expliquer votre succès...

Oui, peut-�tre. J’essaie de rester honn�te et intègre. Il y a très peu de différence entre Phanee de Pool et Fanny Diercksen (n.d.l.r. : son vrai nom). Ça me permet d’avoir une certaine constance, sans avoir à jouer un jeu.

Jusqu’en 2017, vous étiez policière «pour payer les factures». Qu’est-ce que ça fait d’avoir raccroché et de pouvoir vivre de votre passion?

Je pense que si je n’avais pas été policière, je ne serais pas là où je suis aujourd ’hui. Ça m’a permis de prendre conscience de plein de petits bonheurs que je ne voyais pas avant. C’est une fierté de pouvoir dire que je suis passée par cette profession à la fois dure et très proche de l’humain.

Pouvoir aujourd’hui vivre de la musique me rend également fière, la police ne me manque pas. Le seul moment où j’y retournerais bien, c’est quand j’ai le trac d’avant-scène (rires). Globalement, je suis bien dans mes baskets. Je gagne moins bien ma vie mais mon niveau de bonheur s’est décuplé, assurément.

Vous avez la particularité de proposer 3 formats de spectacle (seule en scène, orchestre de chambre, symphonique). Pourquoi ce choix? Et quelle différence entre les shows?

Quand j’ai commencé les concerts en solo, les journalistes me demandaient souvent «quels sont vos r�ves?». J’en avais deux : jouer avec un orchestre symphonique et me produire à l’Olympia.

Un jour, le programmateur d’un festival français m’a contacté en me disant qu’il pouvait réaliser une partie de mon premier r�ve: il m’a proposé de jouer avec un orchestre de chambre (n.d.l.r. : l’équivalent d’un petit orchestre symphonique).

Ainsi, j’ai fait mon premier concert avec l ’Ensemble Découvrir et j’ai rencontré Etienne Champollion, l’arrangeur.

De fil en aiguille, j’ai fait la connaissance de Marc Tairraz, le directeur de l’orchestre symphonique Amati à Lausanne. On lui a proposé de mélanger ma musique, les ar rangements d’Etienne Champollion et ses musiciens. Depuis, on fait les grandes scènes avec son orchestre et les petites avec l’orchestre de chambre. Les morceaux restent les m�mes mais le nombre de musiciens leur donne une toute autre dimension.

Vous faites beaucoup de festivals, des salles en Belgique, en France mais aussi de nombreuses «petites» salles. Quelle importance ont-elles pour vous?

C’est hyper important de garder ce rapport humain. Dans les salles à plus de mille personnes, les interactions avec le public sont différentes. Moi, j’ai besoin de fréquenter l’humain, l’intimité est primordiale dans ma musique. De plus, mes textes et mon jeu de scène s’y pr�tent bien. Dans les petites salles, je tisse un lien beaucoup plus fort avec les gens.

C’est donc ce que représente pour vous cette date à Ch�tel-St-Denis ?

Oui et c’est une date d’autant plus importante qu’elle marque les retrouvailles avec l’orchestre de chambre. On n’a plus joué ensemble depuis bient�t un an et demi, ça sera comme retrouver de vieux potes.

Nous avons pris quelques jours cette semaine pour répéter et se remettre dans les morceaux. Il y a beaucoup d’émotion et de motivation; une certaine euphorie que l’on se réjouit de transmettre au public.

Pour les gens qui auraient déjà vu le spectacle, à quoi peuvent-ils s’attendre demain ?

A quelques nouvelles chansons, mais surtout à bouffer de la poésie à pleine bouche. Mon souhait est également qu’ils puissent s’attendre à entrer dans la salle avec un demi-sourire et à en sortir avec le sourire jusqu’aux oreilles. Tout se joue sur le sourire.

C’est votre façon de mesurer la réussite d’un concert ?

Exactement. Après les concerts, je vais toujours discuter et signer des dédicaces. Souvent les gens disent �tre arrivés bougons et repartir heureux. C’est ça le but ultime.

Vous vous appelez Phanee de Pool en référence à nid de poule, votre manager signe ses mails en écrivant «Papa Pool». D’où vous vient cet attrait pour les jeux de mots ?

On a toujours été branchés humour dans la famille. C’est vrai dans «Phanee de Pool», il y a nid de poule. J’ai toujours un chignon sur la t�te, qui peut s’apparenter à un nid de poule. Surtout, la poule mène au poulet qui mène au flic. C’est un clin d’œil à mon passé de policière. De plus, pool à l’envers ça fait «loop» (n.d.l.r. : boucle en français) soit la base de ma musique sur scène. Tout collait assez bien.

Papa et maman Pool portent bien leurs noms. Lorsque l’on débarque dans une salle de concert, les gens les appellent comme ça. Mon cordon ombilical n’est pas du tout coupé. Je l’assume pleinement et j’en suis m�me fière.

Et comment se fait-il que tous vos projets finissent par «gram» (Octogram, etc.) ?

Eh bien peut-�tre parce que je pèse mes mots (rires). Tout est poids dans la vie, reste ensuite à savoir si on veut en faire un fardeau que l’on porte sur nos épaules où un poids qui nous porte.

Propos recueillis par Arthur Du Sordet


En concert devant des élèves

Autre particularité de l’artiste, elle se produit fréquemment devant des enfants lors de séances scolaires. En marge du concert de demain, la chanteuse s’est produite hier et aujourd’hui devant les élèves du CO de la Veveyse.

Qu’est-ce que cela change de chanter devant un jeune public?

C’est à la fois grisant et compliqué. Je dois adapter mon concert, je le fais plus court. Par contre, à la demande des professeurs, je ne modifie pas mes textes. Si je parle de drogue par exemple, ils sont preneurs car ils considèrent que c’est un sujet d’actualité et que ça permet de lancer ensuite une discussion avec les enfants. Généralement, les enseignants sont accessibles à l’idée que je vienne comme je suis et c’est cool.

Vous avez aussi des échanges avec les élèves?

Souvent, des moments de médiation culturelle – que je fais volontiers – ont lieu après les spectacles. Parfois, on me demande de revenir pour discuter de mon parcours. Là, je mets en avant le fait que je n’ai pas de papier d’enseignante, ni de musicienne professionnelle. J’insiste sur le fait que je ne sais pas lire la musique ou que je n’étais pas très bonne en français.

C’est important pour vous de montrer aux enfants que l’on peut réussir sans forcément �tre très scolaire?

Oui et également de leur expliquer que si j’en suis là, c’est que j’ai fait une école de commerce, puis l’école de police et qu’après ce solide passé, j’ai bossé très dur. Je souhaite faire prendre conscience que l’art, la culture ou la poésie, ne nécessitent pas forcément l’obtention d’un certificat. Si on est passionné et qu’on a envie d’en faire, on peut y arriver. ADS

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