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Culture

«Nous restons très prudents, mais la situation est maîtrisée

Il faudra attendre au minimum le début du mois de septembre pour voir les bancs du Théâtre du Jorat retrouver leur public. THÉÂTRE DU JORAT

THÉÂTRE JORAT-MÉZIÈRES

Le Théâtre du Jorat à Mézières (VD) s’est vu contraint d’annuler la première moitié de sa saison, en raison de la crise du coronavirus. Malgré une année noire pour le monde du spectacle, la Grange Sublime garde pour le moment la tête hors de l’eau et a pu déplacer certaines productions à de nouvelles dates.

«Le Théâtre du Jorat tient au milieu de la tem pête». Ce sont les mots rassurants de son directeur Michel Caspary. Sur les dix-neuf spectacles prévus cette saison à la Grange Sublime, plus d’une dizaine ont été annulés, à la suite des dernières directives sanitaires pour lutter contre le Covid-19. Début avril, le théâtre subissait déjà une première vague d’annulation résultant des mesures édictées à la mi-mars.

«A la suite des décisions du Conseil fédéral et du Conseil d’Etat vaudois, il a été décidé très normalement de reporter ou d’annuler tous les spectacles jusqu’au 28 juin», explique Michel Caspary. L’aventure 2020-2021, qui devait commencer le 23 avril avec la comédie Les 3 Ténors, ne reprendra donc en principe que le 10 septembre, avec le spectacle musical Les clochards célestes, cabaret Rebetiko.

Certaines soirées ont cependant pu être repoussées en septembre ou en octobre, mais la possibilité d’une annulation complète ou d’un report en 2021 n’est pas à écarter. «On attend encore les décisions au niveau fédéral et cantonal, qui devraient arriver le 27 mai. C’est là que la suite de cette saison va se jouer.»

Crève-cœur

Si certains reports ont été possibles, d’autres spectacles ont au contraire été définitivement annulés, comme la pièce Le Songe d’une nuit d’été ou l’opéra Nabucco. Un véritable crève-cœur pour le directeur de la Grange Sublime. «Certains spectacles au Jorat constituent souvent la dernière représentation d’une tournée, donc pour ce cas de figure, aucune date de remplacement n’a malheu reusement pu être trouvée. C’est très dommage, d’autant que c’était une belle programmation, dont nous étions très fiers.»

Dans cette période mouvementée, la billetterie constitue également un véritable casse-tête. Pour les spectacles qui n’auront pas du tout lieu, les billets ont d’ores et déjà été remboursés ou ont fait l’objet de dons. «Nous avons déjà reçu plus de 12000 francs de dons sur différents spectacles, se réjouit Michel Caspary. Pour les représentations de printemps déplacées en automne, les billets restent valables pour les nouvelles dates, si cellesci pourront être maintenues.»

Situation financière stable

Malgré les difficultés économiques généralisées du monde culturel, le Théâtre du Jorat tient bon. «Nos quatre collaborateurs mensualisés et moimême avons tous la possibilité de travailler à domicile, explique Michel Caspary. Les autres intermittents ont été déclarés au chômage, mais nous avons fait le maximum pour les payer jusqu’au 31 mai.»

Pour ce faire, la Grange Sublime a pu compter sur l’aide du canton et de la commune. Pour rappel, l’Etat de Vaud et la commune de Jorat-Mézières ont signé au début du mois de février une convention pour trois ans de soutien au Théâtre du Jorat, à hauteur de 585 000 francs par année. «C’est un socle très important, qui est a été complété par des partenaires qui nous soutiennent coûte que coûte malgré la situation. Selon les décisions du Conseil fédéral et du canton du 27 mai, nous allons également entamer des discussions avec d’autres sponsors et mécènes pour lever des fonds.»

Le Conseil de fondation du théâtre, réuni lundi soir, a par ailleurs accepté la mise en place d’une ligne de solidarité, en lien avec le soutien accordé par l’Etat de Vaud. «Pour les spectacles définitivement annulés, nous devrions normalement participer à hauteur de 20% du cachet.»

Prudence de mise

Le Théâtre du Jorat parvient donc aujourd’hui à garder la tête hors de l’eau, malgré une évidente fragilité. «Grâce à nos soutiens et à une bonne maîtrise de nos charges, nous sommes pour l’instant dans une situation financière stable, assure Michel Caspary. Même si nous faisons une projection à zéro spectacle cette année, nous devrions pouvoir traverser cette période correctement avec un minimum d’appui.» Le théâtre n’a donc pas eu besoin de faire appel à l’aide d’urgence du canton. «Nous ne somme pas menacés, mais nous faisons très attention.»

Dans ces conditions instables, quid de la saison 2021-2022? «Elle est déjà entièrement bouclée et comptera tout autant de spectacles qu’à l’accoutumée!», rassure Michel Caspary.

Garder le contact

Outre les considérations financières, le lien avec les spectateurs a été au cœur des débats ces dernières semaines. À l’instar d’autres salles en Suisse romande, une captation vidéo de certains spectacles a-t-elle été évoquée pour le Théâtre du Jorat ? «Non, répond Michel Caspary. Nous n’effectuons pas de captation en général et nous n’avons donc pas un «stock» de représentations à mettre en ligne.» Une équipe se mobilise néanmoins pour garder le contact avec le public via les réseaux sociaux. «Je n’ai personnellement pas peur que les gens n’aient plus envie de venir au Théâtre du Jorat car, de par la singularité de la salle, le lien reste fort avec le public.»


Isaac Genoud

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