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Culture

«Paris est un lieu de culture avec des moyens considérables»

Arnaud Wydler est parti étudier un an à Paris. De retour en Suisse pour les vacances, il a pris le temps d’évoquer sa nouvelle vie. LE MESSAGER

ÉTUDES PARIS/GRANGES

Arnaud Wydler s’est installé à Paris pour avancer sa thèse de doctorat. Dans la capitale de la culture francophone, ce Grangeois, spécialiste de la littérature du XVIIe siècle, a accès à tous les ouvrages dont il a besoin.

«Il y a une part de r�ve, quand on est littéraire, d’étudier à Paris. C’est un lieu de culture, de conservation, d’art, avec des moyens considérables.» Arnaud Wydler pourrait �tre considéré comme un rat de bibliothèque. Il n’est jamais aussi à l’aise qu’entouré de centaines de livres. Le Grangeois de 29 ans a pris ses quartiers dans la Ville Lumière, voici trois mois, et pour un an, afin de favoriser l’avancée de sa thèse de doctorat. «J’ai accès à de nombreux ouvrages très utiles, qu’on ne trouve pas ailleurs. Ici, je peux me concentrer à 100% sur mes écrits.» En vacances en Suisse quelques semaines, le Veveysan a pris le temps d’évoquer sa nouvelle vie.

Arnaud Wydler a effectué l’entier de sa formation académique à Fribourg. Détenteur d’un master en français et histoire, obtenu en 2017, il a poursuivi la voie académique. «Ma première idée consistait à enseigner au gymnase. Mais de fil en aiguille, j’ai obtenu un poste d’assistant à l’Université, qui m�le recherche, enseignement et administration.»

Coup de foudre pour le XVIIe

Le doctorant s’est spécialisé dans l’étude littéraire du XVIIe siècle. «J’avais suivi avec beaucoup d’attention les cours traitant de ce sujet et je me suis découvert un intér�t pour cette période. Je me suis rapidement senti à l’aise avec les outils d’analyse inhérents.» Il s’intéresse alors aux grands romans, aux pièces de thé�tre. «Et puis à des sujets moins connus et pas forcément dévoilés par l’histoire littéraire: des conflits, des débats, des scandales. Les questions spirituelles prenaient éga lement beaucoup de place.» Le Veveysan se penche alors sur l’analyse rhétorique des sermons faits par les prédicateurs de l’époque, à la cour du roi de France, en l’occurrence Louis XIV. «Je traite cinq corpus d’orateurs sacrés. Au XVIIe siècle, les discours religieux étaient très codifiés. On y a alors ajouté des formules qui plaisaient au public, des clins d’œil thé�traux ou m�me certains motifs très littéraires.» Contrairement au XVIe siècle, le XVIIe «se lit facilement, en tout cas avec un peu d’entraînement». «C’est à cette période que sont jetées les nouvelles bases de la langue française, avec la création de l’Académie en 1634 et des dictionnaires.»

Une gestion hybride

Arnaud Wydler a bien conscience de la précision du thème qu’il a choisi, relativement inaccessible au commun des mortels. «Comme la thèse constitue un exercice très formel et codifié, je sais que je vais m’adresser à un public plut�t académique. Cependant, j’aimerais éviter de tomber dans quelque chose de rigide, avec de grandes parties théoriques indigestes. J’imagine une gestion hybride du travail, qui puisse �tre validé sur le plan scientifique et, en m�me temps, lu agréablement par un public plus large.»

La publication de l’ouvrage est prévue, au plus t�t, en 2024. «J’ai commencé mes recherches en 2017 et j’espère avoir terminé mon manuscrit à l’été 2023 et soutenir ma thèse l’année suivante. Le processus paraît long, mais tout prend du temps. Il faut arriver à maturation pour définir un plan d’écriture.» Arnaud Wydler indique avoir terminé le premier chapitre d’un travail final d’environ 500 pages. Après la défense, il réécrira une version qui se verra publiée. «Je réfléchis déjà aux maisons d’édition potentielles qui pourraient s’y intéresser.»

Gr�ce à une bourse

Si le Grangeois établi d’ordinaire à Fribourg a pu se permettre le luxe d’une année à l’étranger, il le doit à une bourse qu’il a reçue. «J’ai reçu un préavis positif en 2019. Je devais partir début 2020, mais j’ai revu mes plans, à cause de la situation sanitaire.»

A Fribourg, son contrat de doctorant, établi sur cinq ans, prévoit une charge d’enseignement de 50%, tandis que les autres 50% sont dédiés à la recherche. «Comme je m’occupe également de l’accueil des étudiants ou autres plans d’études, j’ai un taux de 25% d’activité de communication compris dans mon mitemps d’enseignement.» A Paris, l’étudiant peut se concentrer davantage sur ses recherches. «J’ai quelques projets annexes, des séminaires ou colloques à préparer et je participe également à l’élaboration d’ouvrages collectifs. Mais c’est anecdotique, par rapport au travail fourni habituellement à Fribourg.» Rattaché à l ’Université de Paris-Sorbonne, Arnaud Wydler a accès à toutes les bibliothèques de la ville, et surtout, à la Bibliothèque nationale de France, «qui recense à peu près toute la production littéraire francophone imaginable». Plongé dans un environnement propice au travail académique, le jeune homme avance à un rythme très satisfaisant. «En trois mois passés à Paris, j’ai achevé ce que j’aurais fait en six ou huit mois en Suisse.» Jonas Ruffieux


«Je découvre d’autres façons de concevoir la littérature»

Arnaud Wydler profite de son retour en Suisse, l’espace de quelques semaines, pour prendre du recul sur son aventure parisienne. Parti voici trois mois pour une année d’immersion à Paris, le Grangeois dit s’�tre très vite adapté au rythme de la Ville Lumière. «La vie commence un peu plus tard, vers 9 h, voire 10 h. On finit de travailler plus tard aussi. Paris répond au cliché de ville très stressante, où tout va vite.»

Le doctorant, spécialiste de la rhétorique du XVIIe siècle, s’est installé dans le 20e arrondissement, entre la place Gambetta et le parc des Buttes-Chaumont, «qui apparaît dans presque tous les films». Un quartier qu’il se réjouit déjà de retrouver pour poursuivre son séjour. «Cette expérience m’apporte beaucoup sur le plan académique, mais aussi personnel. Après avoir effectué toute ma formation à Fribourg, il s’avère intéressant de voir une autre culture, une manière différente d’envisager les études universitaires. A Paris, je découvre d’autres façons de concevoir la littérature.»

Pourquoi pas en Suisse?

Passionné de culture, le jeune homme de 29 ans espère, en outre, et de tout cœur, la réouverture totale et définitive des musées et thé�tres. «En tant que Suisses francophones, nous sommes très influencés par la culture française. Du moins en littérature.» Et si pour le Grangeois, consacrer plusieurs années à étudier les rois de France du XVIIe siècle semble découler d’une certaine logique, il n’en va pas de m�me pour tout le monde. «C’est vrai que les gens sont étonnés de voir un étranger s’intéresser à ce point à l’histoire de France. On me demande pourquoi je n’étudie pas le m�me sujet, mais en Suisse. J’explique ainsi notre orientation historique sur la France.» JR

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