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Des paniers surprises pour éviter le gaspillage

Des paniers surprises constitués de produits invendus, mais bons à la consommation: c’est une lutte antigaspillage et profitable aussi bien aux producteurs qu’aux consommateurs que mène l’application Too Good To Go. DR

TENDANCE SUISSE

Le gaspillage alimentaire mondial se chiffre chaque année à hauteur de 2,5 milliards de tonnes.

Too good to go est une application qui propose à ses utilisateurs de récupérer les invendus de certains commerces à prix réduit, via des paniers surprises.

Dans la région, une quinzaine d’enseignes proposent ce service. Et s’en montrent ravies.

L’application Too good to go – littéralement: trop bon pour être jeté – a été développée au Danemark en 2016. Son concept? Sauver du gaspillage des aliments invendus par les commerces et les proposer à prix réduits aux utilisateurs de l’application. Ceci, sous forme de paniers surprises, emplis des restes du jour. En Suisse, depuis 2018, ce sont pas moins de 7 millions de paniers qui ont trouvé preneur, par l’intermédiaire de 5700 entreprises partenaires. Dans la région, une quinzaine de commerces jouent le jeu, parmi eux, Fleur de pains à Attalens, Châtel-St-Denis et Oron, Les délices de Laeti à Semsales ou encore Beurre et cacao à Remaufens.

Réduire le gaspillage

Too good to go vise ainsi à réduire le gaspillage alimentaire avec une solution win-win, pour le producteur et le consommateur. Selon un communiqué publié par la plate-forme, plus d’un tiers de la nourriture produite dans le monde est gaspillée. Ceci correspond au chiffre insensé de 2,5 milliards de tonnes par an. La Suisse est responsable de 2,8 millions de tonnes de gaspillage chaque année. «Il faut bien penser qu’en jetant de la nourriture, nous gaspillons également toutes les ressources qui ont été nécessaires à sa production, au transport, à la réfrigération et au stockage des denrées», explique Yann Gurtner, responsable marketing de l’application en Suisse, au micro de la RTS. «Réduire le gaspillage, ça commence par une réduction de la production. Il est temps que cela change.»

Pour l’heure, Too good to go s’attaque au dernier échelon de la chaîne alimentaire et offre ainsi une solution pratique et facilement réalisable pour les commerçants. D’ailleurs, dans la région, l’engouement semble unanime: tous se rangent derrière cette motivation de pouvoir sauver des invendus, pour en prime savoir qu’ils réjouiront les clients. Ce qui permet, aussi, de profiter d’une visibilité intéressante. Pour les clients, qui bénéficient d’un prix réduit à un tiers environ de la valeur à la vente des produits, ceci représente un avantage économique non négligeable. D’autant que les denrées sont encore fraîches et de bonne qualité.

Ethique et écologique

«C’est vraiment désolant de devoir tout mettre à la poubelle alors que les produits sont encore très bons», regrette Laetitia Royo, du food truck Les Délices de Laeti, qui a ainsi trouvé en Too Good To Go une solution idéale. Environ 80% des paniers qu’elle met en vente trouvent preneur. «De plus, le concept est intéressant en cela qu’il permet à des personnes de s’offrir des produits plus coûteux, comme les aliments sans gluten, à prix réduits.» Christine Kehren, propriétaire et associée de Beurre et Cacao à Remaufens, se montre elle aussi enchantée: «L’idée est super! Cela permet aux clients de se faire plaisir à petit prix et à nous de ne rien gaspiller. En plus, en venant récupérer leur panier, ils en profitent souvent pour acheter d’autres produits.» Présente sur l’application depuis un peu plus d’une année et demie, la Veveysanne a écoulé la quasitotalité de ses offres d’invendus.

Un côté ludique

«Il y a également un certain côté ludique à réserver un panier surprise au commerçant du coin, avec le bon point que cela permet de le soutenir», ajoute Yann Gurtner. De manière globale, les retours des commerçants sont très positifs vis-àvis de l’application et des échanges avec leur clientèle. «Il arrive toutefois que certains consommateurs soient déçus en découvrant le contenu de leur panier, mais cela reste un phénomène plutôt rare», note un commerçant.

Difficile d’ailleurs de trouver d’autres points négatifs à l’initiative danoise. Si bien que l’on peut s’étonner de ne pas assister à une sorte de «ruée vers l’or» dans les magasins, en fin de journée, surtout pour les petits budgets. A Attalens, le magasin Fleur de pains prépare par exemple chaque jour des paniers surprises, dont la quantité varie évidemment en fonction des invendus. Si une majorité trouvent preneur c’est surtout le weekend que le succès est le plus grand.

Avec l’inflation, l’application a d’ailleurs franchi un nouveau palier en 2022, avec 2,5 millions de paniers récupérés, un record en une année. Dans le canton de Fribourg, le chiffre de repas sauvés s’élève à 90 000.

Magali Sulliger et Jonas Ruffieux


D’autres initiatives et un livre de recettes antigaspillage

Outre la mise en relation entre commerçants et clients, Too Good to Go lutte aussi contre le gaspillage alimentaire via d’autres moyens. Déjà, l’entreprise a lancé l’initiative Waste Warrior Brands, qui unit une coalition d’entreprises engagées contre le problème en formant leurs employés sur la question et en sensibilisant leurs clients. On notera par exemple la campagne «souvent bon après» qui a été menée et qui a pour mission d’expliquer comment bien lire les étiquettes alimentaires en faisant la distinction entre date de consommation et date de durée maximale. Ainsi, la mention «consommer jusqu’au» désigne le moment à partir duquel un aliment peut présenter un risque pour la santé s’il est consommé, alors que la mention «à consommer de préférence avant» ne donne qu’une date indicative de qualité. «Une information qui, si elle était davantage connue des ménages, permettrait de sauver énormément de nourriture», note Yann Gurtner, responsable marketing de l’application.

Remixer ses bananes noircies en soupe

Par ailleurs, Too Good To Go a sorti l’an dernier un livre de recettes antigaspillage, Remix. Un livre de cuisine zéro déchet, qui a pour ambition de susciter de nouvelles habitudes quotidiennes. «Des bananes noircies peuvent par exemple être recyclées en soupe au curry, c’est ma recette préférée», mentionne Yann Gurtner.

Du pain durci peut tout à fait se transformer en gâteau tandis qu’avec des biscuits secs, Remix propose la confection du saucisson de chocolat avec du cacao et des noisettes. Parmi les suggestions, on note également le conseil d’utiliser l’eau de cuisson des pois chiches pour remplacer les blancs d’œufs dans l’élaboration des desserts. JR

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