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Dévaler les pistes autrement

Mathias Ryter apprécie le sentiment de liberté que lui procure sa trottinette des neiges. PHOTOS RÉGINE GAPANY

SNOWSCOOT LES PACCOTS

Le snowscoot peut désormais se découvrir le mercredi aux Paccots. Fervent adepte de la trottinette des neiges, Mathias Ryter y tient depuis le début de la saison un stand d’initiation et de location.

Impossible de passer à côté. Mathias Ryter tend sa bâche rouge chaque mercredi au pied de la piste des Vérollys aux Paccots et pose sur la table une petite enceinte pour l’ambiance musicale. De 10 h à 16 h, l’habitant de Froideville propose des locations de trottinettes des neiges et des initiations.

Le snowscoot, bien que proche parent du snowboard, demande un minimum de pratique avant de se laisser apprivoiser. «L’ébauche consistait à poser un BMX sur un snowboard», explique le membre de l ’association Impulsion Swiss Team Snowscoot, basée à Nyon. Moins technique que ses cousins à carres, le snowscoot n’en demeure pas moins physique. «Les jambes et les bras sont fortement mobilisés.»

Le quarantenaire a découvert cette discipline dans les années 1990. Depuis, il n’a jamais décroché, si ce n’est pour apprendre à skier à son fils. «Comme à vélo ou à moto, le principe de base, c’est de tenir un guidon.» Celui qui dévalait les pentes en BMX durant l’été, évoque la sensation de liberté de la discipline.

Debout, les mains sur un guidon et les pieds libres

Les petits skieurs qui découvrent la dizaine d’engins en location sur le stand de Mathias Ryter sont intrigués. «C’est quoi ça?» lancent-ils au passage. Pour ceux qui se déplacent déjà à trottinette sur le bitume, il est très intuitif d’enfourcher la version légère du snowscoot, plus proche de la trottinette que du snowboard. «Pour les puristes, il ne s’agit pas d’un snowscoot, mais pour moi, à partir du moment où l’on est debout sur deux planches et que l’on tient un guidon dans la main, il s’agit bien de cela.»

Dans les deux cas, le snowscoot eretic ou le basique, l’engin pèse entre 10 et 15 kilos. Coupé aux deux tiers, il est formé de deux patins indépendants, d’une fourche, d’un cadre (en acier, aluminium, titane ou carbone) et d’un guidon. La planche arrière, plus étroite qu’à l’avant, est fixée au cadre, lu i-même re l ié à l a fourche. Une attache à accrocher à la cheville permet de ne pas perdre le snowscoot en cas de chute. A la différence du ski bike, l’amateur de glisse reste debout sur une trottinette des neiges.

Le snowscoot offre une alternative à ceux qui se sont essayés au ski ou au snowboard, mais ont abandonné par manque de coordination ou d’équilibre. Mathias Ryter se réjouit par exemple d’avoir initié un père de famille, qui cherchait une activité pour accompagner ses enfants sur les pistes, malgré un problème à une jambe. «Cela a vraiment été une révélation pour l’homme qui est d’ailleurs reparti avec un snowscoot.»

L’électricien de réseau prend congé pour faire découvrir au plus grand nombre sa discipline fétiche. «Je suis le seul de l’association à tenir un stand, mais j’ai plaisir à partager cette forme de glisse.» En sus de la location, il vend également les engins, neufs ou d’occasion. «Je suis en contact avec des fournisseurs», précise-t-il.

Des Pléiades aux JOJ

Chaque mercredi, il embarque ainsi dans son bus VW une dizaine de trottinettes des neiges jusqu’aux Paccots, dans le seul but de passer un bon moment et de faire découvrir «une forme de glisse encore méconnue en Suisse, contrairement au Japon ou en France, où la discipline s’avère plus populaire».

A l’occasion des JOJ de 2019, l’association Impulsion Swiss Team Snowscoot, alors fraichement fondée, avait initié durant une semaine plus de 1000 élèves sur les pistes de Sainte-Croix.

Dans le cas de son activité de promotion, la station des Paccots ne demande rien à Mathias Ryter, qui espère en retour attirer des visiteurs. Le sportif souligne l’importance des règles de politesse sur les pistes en snowscoot, comme dans n’importe quelle autre activité de glisse.

Une mentalité qui plairait à Franck Petoud, le Français qui a inventé le snowscoot en 1991 alors qu’il était établi en Suisse. A l’époque professionnel de BMX, il a testé son prototype aux abords des Pléiades, avant d’organiser les championnats de France en 1995. S’ensuivirent les championnats d’Europe à Murren en 1997, les premiers championnats du monde en 2002 aux Diablerets et les jeux Olympiques de Turin en 2006.

Désormais, plusieurs compétitions existent: freestyle, snowscoot cross, dual slalom et descente. Mathias Ryter, qui avait découvert l’engin dans un magasin de sport veveysan, a quant à lui pris part aux championnats du monde au Canada en 2010. «Pour le plaisir de participer», souligne-t-il. Parmi ses compagnons se trouvait le champion de France Jérôme Dutel.

Mathias Ryter remarque que la relève est là, notamment dans le freestyle, et s’émerveille des prouesses de la nouvelle génération. Pour sa part, il réserve ses samedis à la pratique familiale, mais reste ouvert, sur rendez-vous, à des initiations le week-end. Régine Gapany


Station fermée depuis mercredi soir

Mathias Ryter a profité d’initier encore quelques personnes mercredi dernier, avant que la station des Paccots ne ferme ses remontes-pente à la fin de la journée. Dès lors, et pour une durée indéterminée, la station restera fermée. Le responsable d’exploitation Hugo Agostinho reste cependant optimiste. «L’hiver n’est pas terminé. Jusqu’à présent, nous avons eu 38 cm de neige au total, ce qui nous a permis d’ouvrir quatre semaines, précisait-il par téléphone mercredi. Nous fermons ce soir, car pour l’heure, cela devient plus dangereux qu’autre chose.» RG


J’ai testé pour vous

C’est en tenue de ski, chaussures montantes et casque sur la tête que je suis allée à la rencontre de Mathias Ryter sur son stand de snowscoot aux Paccots. L’entendre évoquer les sensations de liberté éprouvées sur son engin m’a laissée rêveuse.

Après une demi-heure à suivre les conseils de l’expert, j’ai réussi un semblant de virage à droite, et son équivalent à gauche. Sur la pente raide, la trottinette n’a pas hésité à m’emmener droit bas, si je ne la guidais pas promptement. Force est de constater qu’il faudra repasser pour les émotions fortes, bien qu’il semble qu’une heure supplémentaire aurait suffi à me permettre de descendre la piste.

L’initiation a débuté le pied avant côté montagne pour la séance de dérapage, après avoir grimpé quelques mètres à pied en amont de la piste des Vérollys. «Il faut pousser ensuite avant de mettre l’autre pied dans la sangle.»

La position idéale consiste à garder le corps droit et les genoux, ainsi que les bras, légèrement fléchis. C’est l’équivalent des suspensions, qui protègent les épaules quand il y a des bosses. Une fois un peu plus à l’aise sur l’engin, il est possible de s’essayer aux virages, en se penchant en avant pour faire tourner la première partie des deux planches. Il s’agit de maintenir tout son corps, jusqu’au regard, dirigé dans la bonne direction. Ici, point de place au doute ou à l’hésitation, sinon la trottinette ne tourne pas et dévale la pente.

Finalement, il s’agira d’acquérir les bases essentielles de l’arrêt. «Ce dernier se doit d’être net, et en aucun cas s’apparenter à un stop coulé, note Mathias Ryter. Je trouve important de proposer également l’initiation lors de la location. Il est important de débuter sur de bonnes bases.» RG

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