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«En servant le Saint-Père, j'ai réalisé un rêve d'enfant»


SERVICE ATTALENS/VATICAN

Cyril Bernard est garde suisse depuis un peu plus d’un an. L’Attalensois de 21 ans évoque sa fierté de servir le Saint-Père et d’œuvrer au cœur même du Vatican. Il raconte son parcours et son quotidien dans la cité du Saint-Siège.

Entre deux services au sein de la garde pontificale, Cyril Bernard a pris le temps de décrocher son téléphone durant près d’une heure pour évoquer son métier de garde suisse au Vatican. Processus de sélection, honneur de servir, quotidien, foi religieuse, l’Attalensois de 21 ans se livre.

Avant de servir le pape François, Cyril Bernard a suivi un apprentissage dans les banques avant de travailler deux ans durant à Zurich. Puis il a suivi le processus de sélection pour devenir garde suisse, un chemin que le hallebardier rêvait de suivre depuis ses 12 ans.

Décrivez-nous le moment où vous avez su que vous embrasseriez la profession de garde suisse.

Cyril Bernard. Pour ma part, il s’agissait d’un désir profond ancré en moi depuis longtemps. Pour la majorité de mes camarades, aussi. D’autres suivent une tradition familiale. Je me suis toujours montré intéressé et passionné par la garde suisse du Vatican. Mon papa connaissait un garde suisse et il me racontait ses histoires. A mes douze ans, je me suis promis de tout faire pour y arriver. J’ai toujours été actif dans ma paroisse en faisant notamment partie des servants de messe d’Attalens puis en animant à la guitare les messes des familles. Lors d’un pèlerinage à Rome avec le groupe des servants de messe de la Veveyse, nous avons pu visiter la caserne de La Garde Suisse, cela a renforcé mon désir de devenir garde suisse. Mes parents m’ont aussi toujours soutenu dans cette démarche.

Comment se déroule le processus de sélection?

Tout d’abord, nous devons remplir les conditions premières, à savoir être suisse, avoir terminé l’école de recrues, demeurer célibataire à l’état civil, être âgé de 19 à 30 ans, être détenteur d’un casier judiciaire vierge et suivre la confession catholique romaine. Ensuite, il faut déposer sa candidature au commandement de Glaris. J’ai eu deux entretiens, l’un avec des tests semblables à ceux de la police et le second avec le commandant et le chapelain.

Qu’avez-vous ressenti lorsque vous avez appris que vous seriez parmi les élus et que vous alliez devenir garde suisse?

J’attendais avec impatience la réponse dans ma boîte aux lettres. J’ai appris la nouvelle devant la télévision, en regardant par hasard mes mails (rires). J’ai accueilli ma sélection avec un soulagement assorti d’une grande fierté. Avant ce jour-là, je ne m’étais pas rendu compte que je pouvais partir. C’est devenu réel.

De quelle façon la foi vous accompagne-t-elle dans votre service?

(Il réfléchit longuement.) Elle est essentielle si l’on souhaite devenir garde suisse. Chacun de nous possède sa propre perception de la foi. Comme nous servons au cœur même de l’Eglise catholique, elle nous entoure. En Suisse, nous sommes toujours en mouvement, mais ici c’est différent. Durant nos gardes, la foi nous aide à penser, à méditer, à prier et à réfléchir sur soi.

Qu’avez-vous ressenti lorsque vous avez rencontré le pape pour la première fois?

Pour moi, ça a été un grand moment d’échanger avec le Saint-Père. Je me suis senti privilégié de le servir. J’ai eu la chance de le croiser durant un horaire de nuit. Il s’était levé très tôt ce matin-là. Je ne m’attendais pas du tout à le voir, parce qu’il était rentré d’un voyage la veille.

Comment se déroulent vos journées au Vatican?

Le service des gardes suisses est de huit à onze heures par jour et est souvent irrégulier. Nos horaires dépendent beaucoup de l’activité du Saint-Père. Durant les périodes de Noël et de Pâques, nous avons passablement de travail avec les messes au sein de la basilique ou pour veiller sur les chefs d’Etat qui viennent faire leurs vœux. Nous servons principalement en uniforme de gala et d’exercice ou parfois en costard-cravate, que ce soit le matin, l’après-midi, la nuit ou durant les événements extraordinaires.

Le service honorifique au sein du service de sentinelle est éprouvant et exige un haut degré de motivation et de résistance mentale et physique. Elle doit être effectuée par tous les temps et toutes les températures.

La caserne des gardes suisses ressemble-t-elle aux cantonnements militaires suisses?

Non. Comme nous sommes engagés pour deux ans au minimum, il ne faut pas s’attendre à ce que l’on vive dans des dortoirs de onze lits. Nous avons besoin de plus d’intimité qu’à l’école de recrues. Nous logeons dans un studio avec un bureau soit à deux, à trois ou à quatre hallebardiers. Cette politique renforce la camaraderie.

Votre service dure vingt-six mois, pensez-vous prolonger votre mission?

Je réfléchis, en effet, à effectuer une troisième année au sein de la garde pontificale. J’estime que je pourrai ainsi vivre pleinement cette aventure, parce que je connaîtrai toutes les procédures, les gens et parlerai encore mieux italien.

En quelques mots, comment qualifieriez vous votre service de garde suisse jusqu’à présent?

En servant le Saint-Père, j’ai réalisé un rêve d’enfant. J’ai l’honneur de représenter mon pays et de jouer un rôle d’ambassadeur de la Suisse. Je trouve également magnifique de faire perdurer une tradition vieille de 1506. A Rome, j’ai autant appris sur la culture, sur la vie en communauté que sur moi. En une année, j’ai déjà vécu énormément de choses, une aventure riche en expériences, une magnifique école de vie que je garderai toute ma vie en mémoire.

Propos recueillis par Maxime Schweizer

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