Logo

«Etre danseur professionnel, c’est un vrai métier»

Joséphine Remy danse avec des stars à New York et Los Angeles et partage ses connaissances en Suisse. MARINE REMY

DANSE ÉTATS-UNIS/BLONAY

Joséphine Remy, de Blonay, mène de front deux carrières : celle de danseuse, dans un milieu hyper compétitif, aux Etats-Unis, et le développement de sa propre entreprise, la Talents Factory, en Romandie. Elle devrait y animer deux ateliers de danse en talons, en avril prochain.

Joséphine Remy, déterminée et pleine de panache, avait déjà monté sa propre école de danse à Vevey, avec son meilleur ami, alors qu’ils n’étaient âgés que de 17 ans. Ils y enseignaient la danse hip hop. Style de danse pour lequel elle a voyagé dans toute l’Europe pour des compétitions. A l’époque, elle disait déjà à son acolyte: «J’ai envie de danser sur scène avec des stars.»

Aujourd’hui, son rêve s’est réalisé à force de beaucoup de travail, de talent et de bonnes décisions. La danseuse et chorégraphe de 32 ans, pour qui les échanges sont très importants, parle de sa passion et de son métier, depuis Los Angeles, avant son passage en Suisse au printemps.

Expliquez-nous ce qui vous fait vibrer, votre spécialité, à savoir la danse commerciale.

Joséphine Remy: Aux Etats-Unis, ils appellent ça la danse commerciale parce qu’il s’agit de danser avec les stars. C’est un mélange entre la pop, le hip hop et le reggaeton. On danse derrière des stars, que ce soit en concert, dans des clips vidéo ou à la télévision. Il s’agit de mon activité depuis huit ans aux Etats-Unis. J’essaie de la développer en Suisse avec la Talents Factory.

Pourquoi êtes-vous partie vivre aux Etats-Unis ?

En 2010, durant mon apprentissage dans le domaine bancaire, j’ai eu l’occasion de vivre un mois à New York pour apprendre l’anglais. J’ai pris quelques cours au Peridance Center, une école de danse reconnue. En janvier 2014, j’y commençais un programme intensif de deux ans. L’idée de base, c’était de me former et de rentrer.

Et votre vie a basculé…

Oui en effet! J’ai signé des contrats avec des stars comme Chris Brown et Fabolous, ou encore French Montana et Jadakiss. On se fait prendre dans cette énergie, je n’arrivais plus à rentrer. Je me suis dit “je dois rester ici, le rêve américain existe vraiment!” J’étais en train de réaliser mes rêves, même si ça n’a pas été et n’est bien sûr encore pas toujours facile.

En Suisse, il n’y a pas de job commercial, on ne prône pas vraiment le travail des artistes, du coup ils ne peuvent pas payer les danseurs, alors qu’être danseur professionnel ça existe, c’est un vrai métier.

Vous aviez de nombreux contrats à New York, mais avez décidé de vous établir à Los Angeles il y a trois ans. Pourquoi?

Los Angeles, c’est «the place to be». C’est là-bas que se trouvent les meilleurs danseurs au monde et les opportunités de travail en danse commerciale. Notamment grâce à Hollywood et à la télé. Quand j’ai eu la possibilité de signer avec l’agence Go 2 Talent, je me suis lancée. Maintenant, je travaille entre Los Angeles et New York, c’est vraiment génial, j’ai mon réseau dans les deux villes et je fais beaucoup d’allersretours.

Vous revenez aussi régulièrement en Suisse, notamment pour donner des cours à la Talents Factory. Comment décririez-vous cette usine à talents que vous avez fondée?

Aux Etats-Unis, j’ai appris que dans le milieu commercial, on pouvait danser en baskets et casquette, certes, mais qu’il fallait aussi savoir être femme et danser en talons, ce qui est très compliqué.

Du coup j’essaie d’insuff ler cette technique en Suisse, en donnant des cours sous forme de workshops. Je propose des coursblocs de talons de différents niveaux. Les rencontres se passent à Renens, sans avoir encore mon propre local. Je distille ces cours depuis 2016, alors que la Talents Factory n’existait pas encore sous ce nom-là, mais depuis deux ans, ça a vraiment explosé. Il peut y avoir jusqu’à 150 personnes par atelier: beaucoup de femmes, mais aussi des hommes, qui ont envie de renouer avec leur corps et de se sentir mieux dans leur peau. C’est vraiment ouvert à tout le monde.

Proposez-vous d’autres cours?

L’autre branche de la Talents Factory est plus spécifique. Les «intensives» sont des cours plus poussés organisés chaque année pendant trois jours en septembre. J’entraîne des danseurs ultra motivés qui ont envie de passer à un niveau supérieur, soit semipro ou qui rêvent de devenir pro. Ils acquièrent les outils de base pour une carrière en Suisse ou à l’étranger, en se préparant par exemple à vivre une vraie audition ou à travailler sur un plateau de télévision. J’essaie toujours d’apporter quelque chose de nouveau. L’année passée, Yanis Marshall, qui a travaillé pour le Cirque du Soleil, m’a accompagnée et cet automne je souhaiterais inviter une connaissance de Los Angeles.

La transmission, est-ce une vocation pour vous?

Effectivement, j’ai toujours eu cela en moi, mais avant, je ne le ressentais pas autant. Danser sur scène c’est magnifique, mais les cours donnent encore plus de sens à tout ça. Le retour des filles, c’est incroyable, tous ces petits mots que je reçois tels que «ça a changé ma vie en termes de carrière» ou «j’ai enfin confiance en moi». La Talents Factory, c’est d’ailleurs vraiment une histoire de famille maintenant. Mes sœurs s’occupent de la gestion de l’organisation à mes côtés alors que mon compagnon amène ses connaissances vidéographiques. Pour sa part, Jessica, gère les inscriptions sur internet.

Cette répartition des tâches vous laisse-t-elle plus de temps pour les entraînements et les castings?

Je me rends beaucoup à la gym pour garder un physique qui permette la longévité et éviter les blessures. On n’a pas le choix, si on veut être rapide dans sa performance. Récemment, j’ai commencé le yoga et la méditation pour essayer de trouver une balance entre tout donner avec son corps (gym, audition, répétition, classe de talon) et les phases de repos. J’ai encore un peu des problèmes avec ça (rires).

La danse pour vous, est-ce plutôt un art ou un sport?

Pour moi, c’est les deux. Un art parce que la danse permet de faire ressortir notre personnalité et de s’exprimer, mais aussi un sport parce que pour moi, vraiment, on est des athlètes. Il y a tout un apport sportif derrière nos entraînements. Et je prends déjà beaucoup de classes de danse parce que la compétition est tellement dure, on ne peut jamais rester sur ses acquis. Il faut toujours s’entraîner.

Propos recueillis par Régine Gapany

https://josephineremy.com

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus