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«J’ai toujours eu envie de valoriser la profession d’infirmière»

Veveysanne d’adoption, Nataly Viens Python dirige la Haute école de santé Fribourg depuis quatre ans et demi. Elle partage son expérience et sa vision de la santé. STEMUTZ PHOTO

SANTÉ FRIBOURG

A la t�te de la Haute école de santé Fribourg depuis le 1er février 2017, la Veveysanne d’adoption Nataly Viens Python a toujours souhaité améliorer la qualité des soins tout en répondant aux besoins de la santé. Interview.

L’année académique a pris fin, les examens sont désormais terminés. L’occasion de s’entretenir avec la directrice de la Haute école de santé Fribourg (HEdS -FR), la Veveysanne d’adoption Nataly Viens Python. Depuis quatre ans, elle développe cet établissement comptant plus de 800 étudiants et elle a une politique bien précise: tout faire pour que le personnel soignant puisse offrir de bonnes prestations. Québécoise d’origine et désormais résidente de Marly, Nataly Viens Python (55 ans) fait également partie des conseils d’administration de l’HFR et de l’H�pital intercantonal de la Broye (HIB). A la t�te de la HEdS-FR, elle souhaite valoriser la profession d’infirmière.

Vous �tes à la t�te de la HEdS-FR depuis le 1er février 2017. Que retenez-vous de ces quatre dernières années?

Nataly Viens Python. Durant ma première année, j’ai beaucoup appris sur le fonctionnement de l’école et j’ai commencé à me créer un réseau. J’ai également observé l’environnement qui m’entourait pour ensuite prendre des décisions majeures. Mon but n’était pas de tout changer, mais d’apporter des spécificités comme la refonte de la formation bilingue, le renforcement de la collaboration avec les institutions de santé et le lancement de «Cosamo», un système de consultation en santé géré par des étudiants, supervisés par des professeurs, destinée à tous les étudiants du canton.

Quelle politique menez-vous dans cet établissement?

J’ai toujours eu envie de valoriser la profession d’infirmière. Actuellement, près de 42% des personnes formées dans cette branche finissent par la quitter. Aujourd’hui, le métier a changé. Les infirmières et infirmiers sont désormais formés à la pratique avancée. Ils peuvent gérer les sympt�mes et accompagner les patients dans leur traitement. Les programmes enseignés à la HEdS-FR vont dans ce sens. Cependant, aux yeux de quelques personnes, leur r�le n’a pas évolué avec le temps.

Pour remédier à ce problème, nous devons absolument revoir les possibilités de développement, accroître leur autonomie et proposer des défis dans l’accomplissement de leurs fonctions. Sans cela, le risque d’épuisement existe.

Comment pouvez-vous remédier à cela en tant que directrice de la HEdS-FR?

Les hautes écoles spécialisées, comme la n�tre, doivent poursuivre leur politique de formation en continuant de l’actualiser selon les besoins du système de santé. Cependant, nous ne sommes pas seuls maîtres de ce destin, les h�pitaux et les institutions de santé – avec qui nous avons de bons contacts – doivent intégrer les compétences citées précédemment pour étendre le champ de la pratique infirmière.

D’autant plus que la Suisse pioche beaucoup d’infirmières et d’infirmiers à l’étranger…

Oui et cette situation ne peut plus continuer. Avec cette méthode, nous privons certains pays de leur personnel soignant. Nous devons développer des mesures nationales et régionales afin de garantir les ressources professionnelles. Ainsi, les personnes formées pourraient s’engager dans leur pays d’études.

La profession d’infirmier/ère a-t-elle perdu de sa superbe?

Non, je ne le pense pas. En Suisse romande, depuis que la formation bachelor HES existe, le nombre de dipl�més a triplé. Donc l’attrait est bien présent. En plus de cette revalorisation nécessaire, nous ne devons pas oublier de mieux faire connaître la profession. Certes, la crise sanitaire a démontré le r�le central des infirmières et infirmiers, mais la situation est revenue à son point de départ.

En plus de cette valorisation de la profession, avez-vous un projet futur pour la HEdS-FR?

Tout d’abord garder cette qualité de formation reconnue. Ensuite, je suis désolée de le dire, mais nous commen- çons à �tre à l’étroit dans un b�timent qui ne date que de 2018. De plus, je r�verais d’agrandir notre centre de simulation, qui compte parmi nos atouts. Selon une étude de l’Observatoire de la santé, il faudra 29 000 soignants en plus en 2030. Les hautes écoles spécialisées doivent donc poursuivre et accroitre leur politique formatrice.

Propos recueillis par Maxime Schweizer


Arrivée du Québec après un coup de téléphone

Nataly Viens Python est originaire de la Gaspésie, une péninsule située au centre-est du Québec. Alors qu’elle travaillait à Montréal en 1987, elle a reçu un appel d’une connaissance qui lui a demandé si elle aimerait venir travailler en Suisse. Ni une ni deux, elle a embarqué dans un avion pour Paris. «Ensuite, j’ai pris le TGV jusqu’à Lausanne, puis le train jusqu’à Palézieux, détaille la Veveysanne d’adoption. Dans le train direction Ch�tel-St-Denis, je surveillais tous les arr�ts pour ne pas me rater.» Après avoir rencontré Philippe, son mari, elle s’est installée à Attalens et y a habité pendant plus de vingt ans avec leurs deux enfants avant de déménager à Marly.

De 1993 à 2000, la femme de 55 ans a occupé le poste de directrice adjointe à l’école de soins infirmiers de Subriez, située à Vevey. Ensuite, elle a été nommée responsable de recherche à l’Institut universitaire de médecine sociale et préventive durant cinq ans avant d’accepter le poste de coordinatrice qualité et formation à l’Association vaudoise des institutions médico-psycho-sociales située à Pully. En novembre 2008, elle est devenue doyenne Ra&D à l’Institut et Haute école de la santé La Source, à Lausanne. Puis, en février 2017, elle est devenue la directrice de la Haute école de santé Fribourg.

En décembre dernier, Nataly Viens Python a reçu le Prix excellence 2020 des dipl�mées et dipl�més de l’Université du Québec à Rimouski. Titulaire d’un baccalauréat en sciences infirmières (1992), elle fait partie des vingt lauréats qui ont reçu cette récompense, parmi un panel de 53 000 dipl�més. «Ce prix représente énormément pour moi et il m’a touchée, partage la Veveysanne d’adoption. Cela montre que, quand on s’investit pour un domaine que l’on aime, cela en vaut la peine. Cette récompense m’a donné de l’énergie et je vais continuer de travailler pour la santé avec tout mon cœur.» MS

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