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Jean-Claude Serex, le prof de sport range son sifflet

Jean-Claude Serex arpente, pour encore quelques jours, les couloirs de l’atelier de travaux manuels du collège d’Oron-la-Ville. VJ

PORTRAIT ORON-LA-VILLE/MARACON
Dans une semaine, Jean-Claude Serex rangera son sifflet et son marteau. Enseignant d’éducation physique et de travaux manuels depuis 1986 au sein de l’Etablissement scolaire d’Oron-Palézieux, le syndic de Maracon partira à la retraite. Rencontre.

«J’en ai passé des heures ici.» Jean-Claude Serex, 62 ans, arpente, pour encore, quelques jours, les couloirs de l’atelier des travaux manuels du collège d’Oron-la-Ville. L’odeur du bois embaume l’endroit. On traverse la première salle consacrée au travail du métal. «La salle de menuiserie, c’est la suivante. Le bois, c’est mon domaine», explique-t-il. Dans une semaine, il partira à la retraite et rangera, par la même occasion, son sifflet de professeur d’éducation physique et son marteau d’enseignant des travaux manuels.

«La retraite? Elle ne m’inquiète pas outre mesure, je m’en réjouis plutôt!», commente-t-il. Il indique s’en aller «sans nostalgie et sans lassitude». On s’installe dans la salle des maîtres: la porte s’ouvre et se ferme: les enseignants défilent en cette fin d’après-midi, à la veille de la pause estivale. L’infrastructure datant de 1908 n’a plus rien à voir avec celle qu’il a vue, ce jour de 1986, lorsqu’il est arrivé au sein de l’Etablissement scolaire d’Oron-Palézieux, nouvellement créé, après avoir passé sept ans à l’école d’Entre-Bois et de St-Roch, à Lausanne.

«Perte de spontanéité»

«J’ai connu encore l’ancienne salle de gym à Oron-la-Ville et l’atelier des travaux manuels à Serix», se souvient-il. Il évoque d’ailleurs, avec le sourire, qu’il part à la retraite avant qu’un autre cycle de travaux ne commence – après 1991 et 2001 – avec l’agrandissement de l’école, actuellement à l’enquête, qui pourrait être opérationnelle dès la rentrée 2021. A l’heure du bilan, Jean-Claude Serex regrette la «perte de spontanéité et de créativité». Il observe également une augmentation de la bureaucratie.

D’ailleurs, une enseignante s’approche et nous interrompt: «Je n’ai pas eu de programme pour les joutes.» Jean-Claude Serex lui répond: «C’est normal: tu viens et on te dira à quel poste tu dois aller.» Il continue la discussion: «Cela ne veut pas dire qu’avant les choses étaient moins bien faites, même avec spontanéité. Nous décidions, par exemple, de faire une sortie avec les élèves autour d’un café. De peur qu’on nous le reproche et pour se prémunir de problèmes, nous devons maintenant avancer sur les freins.»

Il souligne cependant que dans les branches qu’il enseigne, les «contraintes sont moins importantes»: «Les élèves viennent souvent dans ces cours avec d’autres dispositions, l’ambiance y est souvent plus détendue.» La spontanéité ne l’a jamais quitté. «Un jour, lors d’une réunion intercommunale tripartite, Jean-Claude Serex a proposé de mettre des vélos en libre service en lieu et place d’un ou deux bus pour permettre aux élèves de venir à l’école», raconte le directeur de l’établissement Jean-François Détraz. Seul le temps dira si cette idée se concrétisera.

Le sport est une évidence pour Jean-Claude Serex, qui a été moniteur au sein de la Société de gym d’Ecoteaux-Maracon de 1973 à 1984. «Etre enseignant, c’est pour moi apporter aux élèves nos connaissances et notre expérience», estime-t-il. Après avoir terminé l’Ecole normale en 1977, il obtiendra donc un diplôme de maître de sport en 1983, puis celui de professeur de travaux manuels dans les années 1990. Jean-François Détraz surnomme Jean-Claude Serex «l’homme-orchestre»: «Il est actif sur beaucoup de fronts. Prendre des responsabilités ou un projet en main ne lui ont jamais fait peur.» Le directeur le décrit comme un enseignant «engagé et disponible».

Futur retraité bien occupé

Une chose perdurera au sein de l’établissement grâce à cet enseignant: le triathlon, instauré dès 1987 par Jean-Claude Serex, devenu un rendez-vous incontournable en fin d’année scolaire pour les élèves ou encore le camp d’été au Centre sportif national de la jeunesse à Tenero (TI). «Il a su transmettre que sport et travaux manuels rimaient avec plaisir, tout comme exigence avec convivialité», estime le directeur de l’établissement.

Jean-Claude Serex, marié et père de quatre enfants, souhaite désormais prendre du temps pour sa famille et luimême. «J’ai plusieurs cordes à mon arc et ne suis pas à court d’idées sur la manière dont je pourrai occuper mon temps. J’ai envie de voyager un peu, de m’adonner davantage à mes passions, comme le chant.» Il indique qu’il sera disponible pour un remplacement au pied levé ou pour accompagner un camp. L’habitant de Maracon sera toujours expert lors des épreuves sportives pour le recrutement des futures recrues.

Si le professeur partira à la retraite dans une semaine, l’homme politique n’est, lui, pas prêt de décrocher. Jean-Claude Serex n’a pas l’intention de quitter le fauteuil de syndic de Maracon qu’il occupe depuis 1990. Et c’est l’homme politique qui parle quand il constate une centralisation des sites scolaires qui, selon lui, contribue à «amplifier les conflits», notamment lors de la récréation. En effet, les deux classes de Maracon devraient fermer en 2021, avec l’inauguration du nouveau collège à Oron-la-Ville.

Et le professeur de sport de déplorer, toujours avec le sourire, qu’il soit nécessaire de s’adapter aux structures provisoires qui «empiètent sur les terrains de sport». Sa plus grande satisfaction? «Le retour, toujours positif, de mes anciens élèves. Je n’ai jamais ressenti une agressivité ou une rancœur quand je les recroise. Je suis fier de voir qu’ils ont réussi à faire leur place, trouver un job et fonder une famille… Les notes ne sont pas importantes. Ce qui compte, c’est ce qu’on peut leur apporter et qu’ils peuvent ensuite utiliser dans la vie.»
Valentin Jordil

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