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La cloche voyageuse

De l’église au nouveau collège, depuis 500 ans, la cloche est restée fidèle au village de Palézieux. MMS

Elle ne sonne plus. Mais, après 500 ans et quelques transhumances, elle est toujours là, fidèle, à Palézieux-Village. Elle, c’est la cloche dite du collège. Le Noël villageois sera l’occasion de l’admirer, le 20 décembre prochain.

Des témoins de toutes sortes marquent les étapes de la petite ou de la grande histoire. Il s’agit souvent de lieux ou de personnages, mais parfois aussi d’objets emblématiques. La cloche de l’école de Palézieux-Village, du haut de ses successives villégiatures, a ainsi traversé le temps, de 1519, date avérée de sa naissance, à 2019. Toujours présente au cœur du village. Au moment du traditionnel Noël villageois, le 20 décembre, les habitants devraient se remémorer son histoire.

A cette occasion, comme pour lui faire signe et l’honorer, le rendez-vous est donné à l’église, à 19 h. Le cortège se rendra ensuite au foyer du collège. Les yeux devraient alors se lever vers celle qui a ponctué la vie du village, passant d’un clocher à un autre, d’une vie pastorale à une activité plus laïque. Si, avant d’être nommée «cloche du Collège», elle ne semble pas précédemment avoir eu de nom, la certitude est qu’elle se fit entendre souvent, depuis si longtemps.

Sonner pour exister

L’église de Palézieux-Village existait déjà au début du XIIe siècle. Si sa date exacte de construction reste inconnue, celle-ci était orientée à l’ouest et entourée du cimetière. Au plus fort des querelles religieuses, l’église tomba en ruine et fut alors démolie. Remplacée par un édifice plus grand, érigé au même endroit en trois ans (1828-1830), orienté différemment, sa reconstruction a abouti au temple actuel. Selon Walter Lacher, auteur de La chronique de Palézieux, c’est en 1508 que l’idée d’orner d’un clocher l’église initiale, dédiée à Saint-Pierre, vit le jour, donnant la place pour une cloche d’environ 200 kg, coulée en 1519.

Elle est ornée d’un écusson, dont le champ gauche contient trois étoiles et le champ droit une grue prenant son envol. Elle fut donnée par Marguerite de Vergy, mère du comte Michel de Gruyère, et porte cette inscription en latin: «Je te salue Marie, reine du ciel. Saint-Pierre prie pour nous.» En 1821, la petite cloche est donnée à la fonte. La grande est transférée au collège, l’actuel bâtiment de l’administration communale. «C’était l’époque des grands travaux», déclare le greffe municipal d’Oron Jean-Daniel Graz, puisque en quelques années la nouvelle église, l’école et l’auberge communale virent le jour.

Un classement digne de son rang

Si la cloche sonnait autrefois pour appeler à la messe, sa vocation change en rejoignant l’école. Elle se met à carillonner, agitée, à tour de rôle, par la main de gamins qui, parfois, hésitaient à s’arrêter dans leur élan. A cette nouvelle place, «des abat-son du clocheton protégeaient la cloche de la pluie et portaient le son vers le bas», explique le secrétaire communal. De lieu en lieu, elle n’avait pas achevé sa transhumance. En 1990, elle fut exposée au nouveau centre scolaire pour y être montée sous la voûte de l’escalier extérieur.

Finalement, c’est à cet endroit qu’elle a été condamnée à ne plus pouvoir se faire entendre. Non pas qu’elle était détériorée, mais des plaisantins s’amusaient à la mettre en mouvement trop souvent, relate Jean-Daniel Graz. La volonté de la conserver comme témoin du passé est honorée, puisque, dans le recensement architectural de 1980 du canton de Vaud, elle a obtenu la note de 1, soit un «objet d’intérêt national». Elèves et habitants devraient dorénavant, avant de monter les marches, lever le regard vers cette gardienne du temps.


Michel Machicoane Stocker

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