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La Grange sublime prête pour la reprise

Après dix-huit mois de pause forcée, le Théâtre du Jorat ouvre à nouveau ses portes au public. «Un événement attendu par l’équipe, le public et les artistes», se réjouit le directeur Michel Caspary. DR

SPECTACLE MÉZIÈRES

Dimanche, le Thé�tre du Jorat va vibrer à nouveau pour célébrer les 100 ans du Roi David. L’oratorio d’Arthur Honegger sera interprété par l’Ensemble vocal de Lausanne et par le Sinfonietta de Lausanne. Jeudi, Les clochards célestes, cabaret Rebetiko monteront sur les lattes de la Grange sublime.

Dix huit mois, soit cinq cent quarante jours. Les portes du Thé�tre du Jorat ont été fermées au public durant une année et demie. «Une éternité» pour le directeur des lieux Michel Caspary. Dimanche, Le roi David, l’oratorio d’Arthur Honegger, sera à l’honneur à 17 h. Jeudi prochain, à 20 h, ce sera Les clochards célestes, cabaret Rebetiko.

Responsable de la programmation et directeur du Thé�tre du Jorat, Michel Caspary a tenu à marquer le coup de cette reprise, notamment en organisant une série de discours et en planifiant le centenaire de l’oratorio du Roi David couplé aux soixante ans d’existence de l’Ensemble vocal de Lausanne et aux quarante ans du Sinfonietta de Lausanne. Interview.

Evoquons le passé récent pour commencer. Comment avez-vous vécu cette période compliquée liée à la pandémie?

Michel Caspary. Depuis dixhuit mois, nous étions en pause forcée sans aucun spectacle à présenter. Nous avons fait le choix de ne pas proposer de dates avec une jauge limitée à 50 ou 100 personnes, tout simplement parce que nos frais auraient dépassé nos recettes. Fort heureusement, en 2020, nous avons réussi à équilibrer nos comptes, gr�ce aux personnes qui n’ont pas souhaité se faire rembourser leurs billets et gr�ce au soutien des partenaires privés et publics.

Pourtant, durant cette période, l’équipe du Thé�tre du Jorat n’a pas ch�mé.

En effet. En tant que responsable de la programmation, je devais sans cesse jongler entre les reports et la nouvelle saison. Je m’entretenais régulièrement avec le directeur technique pour savoir ce qu’il était possible ou non de présenter à Mézières. En ce qui concerne la billetterie, nous l’avions fermée tant que nous ne pouvions pas garantir des spectacles sans masque et sans distanciation.

Quelle ambiance entoure cette reprise si attendue?

Nous sommes dans l’attente, dans le stress et dans l’excitation. Depuis le mois de juin, tout s’est accéléré, notamment en termes d’organisation. Nous patientons depuis des semaines pour voir enfin un spectacle, dimanche arrivera vite. L’équipe est impatiente.

Les cent ans du Roi David lance la saison 2021.
Que pouvez-vous nous dire sur ce concert?

Nous allons célébrer trois anniversaires en un seul événement, ce qui est plut�t rare. Le premier a un aspect symbolique. Le 11 juin 2021, nous avons f�té les cent ans de la création du Roi David (musique d’Arthur Honegger, texte de René Morax) au Thé�tre du Jorat. Cette œuvre est devenue un standard dans le ré-

pertoire classique. Pour l’interpréter, nous recevons le Sinfonietta de Lausanne, qui va f�ter ses 40 ans et l’Ensemble vocal de Lausanne, qui, lui, va célébrer ses 60 ans. C’est peu dire que ces trois anniversaires sont emblématiques de l’histoire et du rayonnement du Thé�tre du Jorat depuis plus d’un siècle.

A cet aspect symbolique s’ajoute la notion historique…

Tout à fait, puisque l’art choral fait partie des gènes de la Grange sublime. La première version du Roi David était sous forme de drame lyrique. Elle durait environ quatre heures! La partie musicale a été composée en deux mois seulement. Elle comportait dix-sept instrumentistes, trois solistes, deux comédiens ainsi qu’un chœur d’une centaine d’hommes et de femmes, pour la plupart amateurs.

Peu de temps après, l’œuvre a été réorchestrée par Arthur Honegger pour la transformer en oratorio d’une heure quinze environ, d’abord en allemand, en 1923, à Winterthour, puis en français, en 1924, à Paris et à Rome. Nous sommes extr�mement contents et touchés de lancer les festivités avec Le roi David.

Jeudi prochain, vous présentez Les clochards célestes, cabaret Rebetiko. A quel genre de spectacle musical pouvons-nous nous attendre?

Nous serons dans un tout autre univers par rapport au Roi David. Cette troupe d’artistes vaudois et romands nous replonge dans la guerre entre les Turcs et les Grecs entre 1919 et 1922. Il faut savoir que plus d’un million de Grecs sont alors chassés de Turquie. C’est dans cette atmosphère que naît le Rebetiko: une musique de tavernes et de bordels qui fait fusionner des éléments ottomans, d’Asie Mineure, balkaniques, séfarades ou des Cyclades.

Je tenais absolument à reprogrammer Les clochards célestes, qui étaient initialement prévus en septembre 2020. Donc on retrouvera de la musique et du chant, mais aussi des séquences dansées dans une atmosphère parfois tribale et fascinante. Personnellement, j’ai été très touché par leur prestation.

Un plan Covid sera-t-il mis en place?

Bien entendu. Nous n’ouvrons qu’une entrée séparée en trois lignes de passage. Les spectateurs devront présenter leur passeport Covid avant d’entrer dans la salle. A noter que les autotests rapides ne seront pas acceptés, mais par précaution, nous avons prévu d’installer un centre de dépistage rapide. Ce premier spectacle de dimanche nous servira de ligne pour la suite.

Quels sont les échos des spectateurs ou des artistes?

Les deux sont enthousiastes. Après cette période de vaches maigres, les artistes ont besoin de se rassurer et de se produire. Du c�té des spectateurs, j’ai l’impression qu’ils ressentent cette envie de revoir du monde et de retrouver leurs habitudes.

Propos recueillis par Maxime Schweizer

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