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«La vente, c’est un prétexte»

Laurence Jaccoud, accompagnée d’idéalement quatre employés temporaires, tient la boutique de seconde main Coup d’Pouce depuis presque sept ans. PHOTOS RÉGINE GAPANY

COUP D’POUCE CHÂTEL-ST-DENIS

Laurence Jaccoud gère l’antenne châteloise des magasins de seconde main Coup d’Pouce depuis son ouverture en 2016. La maîtresse socioprofessionnelle de Grattavache raconte son attachement au lieu et aux gens qui y passent.

Dans son bureau au sous-sol du bâtiment de Coup d’Pouce au centre de Châtel-St-Denis, Laurence Jaccoud a accroché aux murs des affiches de Marcel Imsand et Herb Ritts. Sur le fond d’écran de son ordinateur, on distingue la reine d’Angleterre. La maîtresse socioprofessionnelle, coupe courte et moderne, est un condensé d’énergie et d’empathie. Il est plus probable de la croiser dans les rayons du magasin de seconde main avec ses employés temporaires que devant son écran.

Depuis 2016, l’habitante de Grattavache fait partie des meubles. Quand l’antenne châteloise des magasins Coup d’Pouce a ouvert au mois de juin il y a bientôt sept ans, c’est elle qui a lancé l’affaire. «Je ne connaissais pas grandchose à la vente, ayant travaillé durant quinze ans dans le milieu du handicap à Ursy», concède l’assistante socioéducative qui a pu compter et compte encore sur ses collègues bullois pour la soutenir. Elle a depuis accueilli près de 180 personnes en recherche d’emploi bénéficiant de mesures d’emploi temporaire. Aujourd’hui, la pimpante quinquagénaire se sent chez elle dans le bâtiment orange entre le Grand-Clos et la place d’Armes.

Repartir avec un bagage

Pour autant, Laurence Jaccoud ne se verrait pas dans un poste de vendeuse. Ce qui l’anime, ce sont les personnes placées par l’Office régional de placement (ORP), les services sociaux régionaux ou l’AI qui travaillent à ses côtés. Les mesures durent trois mois, et peuvent être prolongées jusqu’à six mois et même une année pour les mesures d’insertion sociale. «Si certains restent deux jours, tant mieux, cela signifie qu’ils ont trouvé du travail.»

Les employés apprécient de pouvoir garder un rythme et de retrouver, si celle-ci a été perdue, la confiance en eux et leurs capacités. Certains aspects tels que la colère à la suite d’un licenciement, ou la présentation en entretien sont ici abordés, ainsi qu’un travail important sur leurs points forts et les aspects à améliorer. «Coup d’Pouce leur fournit un bagage et des outils pour leur vie professionnelle», note la native de Rue. Au début, la maman de trois jeunes adultes s’attachait et pleurait à chaque départ. «Maintenant, ça va mieux.» Certains bénéficiaires se montrent frileux à l’idée de venir, puis font des rencontres et finissent par se plaire. La maîtresse socioprofessionnelle travaille à 70% et se rend chaque semaine à Bulle pour une séance de gestion. Ainsi, les employés doivent vite mettre le pied à l’étrier et se responsabiliser. «C’est aussi en quelque sorte leur boutique. Je leur fais vraiment sentir cela!»

Se considère-t-elle comme une psy? Une coach? «Rien de tout cela. Mais il est clair qu’il y a quand même des choses qui sont déposées ici.» Ce qui n’effraie en rien Laurence Jaccoud, coiffeuse de première formation, que le travail social a toujours attiré. Pour mener à bien sa fonction, elle souligne la capacité d’écoute et la flexibilité, mais également la fermeté quand cela est nécessaire. «Je suis une main de fer dans un gant de velours. Je laisse beaucoup de liberté, mais les employés apprécient aussi que les choses soient claires.»

A sa juste valeur

Les magasins Coup d’Pouce de la Fondation Emploi Solidarité, basée à Fribourg, sont à but non lucratif. «Nous avons tout de même un objectif à atteindre car les résultats permettent le financement du programme de réinsertion. La boutique de Châtel-St-Denis marche d’ailleurs super bien, précise, enthousiaste, la gérante. Certains habitués nous rendent visite deux à trois fois par jour.»

En six ans, Laurence Jaccoud a en outre remarqué un intérêt grandissant de la part des jeunes pour les vêtements notamment, et des clients qui viennent de plus en plus loin. Les prix sont établis à partir d’un barème et les employés font beaucoup de recherches sur internet. «Ce n’est pas que nous ne voulons pas vendre à bas prix, mais il est important que les objets soient cédés à leur juste valeur», précise l’adepte de la seconde main. On l’imagine alors facilement vivre dans une caverne d’Ali Baba. Au contraire, Laurence Jaccoud est plutôt partisane de minimalisme et de yoga.

Egalement grande lectrice, elle a mis l’accent sur le coin livre de sa boutique. La maman d’une de ses amies, à la retraite, y travaille bénévolement les mercredis après-midi. «Je rêvais d’être libraire, je viens ici par amour des livres et par amitié pour Laurence», confie, le sourire aux lèvres, Marie-Christine Repond. Le reste des membres de l’équipe, bien que présents temporairement, se montrent totalement dévoués au magasin. La priorité des employés reste toutefois de retrouver un poste. Ainsi, ils bénéficient d’un soutien à la recherche d’emploi et y consacrent 20% de leur temps d’activité.
Régine Gapany

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