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«La vidéo constitue un moyen privilégié de transmettre des émotions»

Lucas Genevey, Laurent Dikondo et Benoît Koller (de gauche à droite) sont les tout jeunes créateurs de Studio Abstra. LE MESSAGER

AUDIOVISUEL VEVEYSE

Trois jeunes Veveysans ont créé le Studio Abstra, une société de production audiovisuelle, voici six mois. Laurent Dikondo, Lucas Genevey et Benoît Keller réalisent des vidéos commerciales de tous genres et écrivent des sketchs pour le plaisir.

«Notre jeunesse est à double tranchant. D’un c�té, nous représentons une vague fraîche, innovante, qui maîtrise la technologie et de l’autre, il arrive qu’on nous prenne pour des enfants, et nous devons légitimer notre professionnalisme.» Agés respectivement de 22, 21 et 18 ans, Laurent Dikondo, Benoît Koller et Lucas Genevey ont créé leur entreprise de production audiovisuelle. Studio Abstra a vu le jour voici six mois.

Ce projet réunit trois amis, qui se sont rapprochés lors d’expériences, au sein du Cycle d’orientation de la Veveyse, notamment. De réalisation en réalisation, ils se découvrent un talent pour la production de vidéos, passent par la radio scolaire NRV, se voient mandatés par plusieurs organisations, dont l’émission Tataki, de la RTS. Ils se lancent dans la fiction et écrivent de nombreux sketchs. «Puis, avec Lucas, nous nous sommes attelés à une grosse réalisation pour la F�te des vignerons, raconte Laurent, qui a grandi entre Remaufens et Grattavache. J’ai alors demandé l’aide de Benoît et nous avons, tous les trois, passé deux mois à plancher là-dessus, jour et nuit.» La collaboration a fait merveille et l’envie a surgi de créer leur propre société. Avec la volonté d’en vivre.

«Nous nous sommes rendu compte que la vidéo constituait un moyen privilégié de transmettre des émotions, notamment commerciales, l�che l’Attalensois Benoît Koller. Des entreprises cherchent à mettre leurs produits en avant et sont pr�tes à y investir de l’argent.» Le pas est franchi et les premiers mandats arrivent sur la table – d’un espace de travail qu’ils espèrent, bient�t, acquérir. Le Studio Abstra produit alors des publicités, filme un spectacle, tourne un clip de prévention. «La diversité est folle et rend le métier très attrayant. Nous ne connaissons pas la routine.» Mais pas la stabilité, non plus.

Les débuts sont difficiles et les trois jeunes doivent se faire connaître et acquérir une certaine légitimité. «Pour l’instant, nous nous appuyons essentiellement sur le bouche-à-oreille», lance le Ch�telois Lucas Genevey. «Chaque réalisation constitue une ligne de plus à notre CV», poursuit son collègue Laurent. La collaboration avec la ville de Bulle, dans le cadre d’un spot publicitaire, a permis au trio d’entrer dans une nouvelle dimension, en termes de légitimité. Les offres émanent d’ailleurs autant du privé – «une actrice nous a demandé de lui faire une vidéo promotionnelle» – que du domaine public, étatique ou entrepreneurial.

Trio complémentaire

Les trois compères sont désormais professionnels. Pourtant, aucun d’eux ne dispose de formation dans l’audiovisuel. «Nous sommes des autodidactes. Nous avons acquis des connaissances énormes sur YouTube et avant tout, en nous entraînant, en ratant et en recommen- çant.» Surtout, ils se complètent. Laurent joue l’acteur, Benoît fait profiter le studio de sa polyvalence et Lucas occupe principalement le r�le de réalisateur. «Il y a tellement à gérer dans une entreprise qu’on développe également des compétences inattendues, signale Laurent. Comme je maîtrise moins l’aspect technique que mes collègues, j’en profite pour gérer l’administratif et le contact avec la clientèle.»

Et les factures sont bien plus importantes qu’escomptées. «Les assurances, ça coûte cher», l�che Lucas. Pour l’instant, les trois fondateurs, employés à 100%, ne parviennent pas à dégager un salaire convenable. «Nous savions que ce serait difficile et nous avons la chance de ne pas avoir trop de charges personnelles», partage Laurent. Produire une vidéo n’est pas bon marché, comme le concède Lucas: «Certains ne se rendent pas compte du temps investi sur un projet. Il y a beaucoup de réflexion, de mise en scène. Il ne s’agit pas de filmer avec son smartphone.» Par exemple, il a fallu environ cinq jours à l’équipe pour réaliser une publicité de 30 secondes.

«Perfectionnistes»

Au Studio Abstra, un tarif à l’heure est appliqué. «Nous proposons toujours un devis, en accord avec le budget du client, informe Benoît. Mais souvent, nous nous faisons un peu avoir, car nous sommes très perfectionnistes et passons généralement plus de temps que prévu sur un projet.» Et puis, dans ce cas, leur jeunesse ne parle pas en leur faveur. «Nous sommes parfois pris pour des enfants. “Tu vas acheter beaucoup de bonbons avec tout cet argent!”» imite Laurent en rigolant.

Les membres du Studio Abstra fourmillent d’idées et d’envies. Ils souhaitent proposer un accompagnement digital complet, et se forment également dans la photographie. «Afin d ’éviter aux clients de devoir mandater plusieurs prestataires.» Dans le m�me sens, un accompagnement post-production sera également mis sur pied. «On s’est rendu compte que certains ne savent pas vraiment quoi faire des vidéos qu’on leur fournit. Une bonne vidéo mal utilisée, ça ne sert à rien.» Jonas Ruffieux

www.studio-abstra.ch


Leur r�ve, vivre de la fiction

Si, pour des raisons viables, les fondateurs du Studio Abstra se sont lancés dans la réalisation de vidéos commerciales, ils avouent qu’à terme, ils r�vent de fiction. «Nous allons continuer à travailler fort pour notre société, c’est une expérience folle et nous voulons grandir», exprime Laurent Dikondo. «A la base, nous aimons le cinéma, raconter nos histoires. Il y a cette envie de vivre de la fiction», acquiesce Lucas Genevey. Et Benoît Koller d’enchaîner: «Plusieurs boîtes de production réalisent des vidéos commerciales et, à c�té, font de la fiction. Nous souhaitons nous approcher de ce schéma.» Les Veveysans tournent déjà des vidéos humoristiques. La série L’acteur, diffusée sur leur chaîne YouTube JumpCut, met en scène un comédien qui ne respecte pas les codes du jeu. «On adore créer, et ça permet d’étoffer encore notre carte de visite», l�che Laurent, qui prend place devant la caméra. «Mais sans financement, c’est difficile», regrette Benoît Koller, qui insiste toutefois sur l’importance d’inventer, de jouer des saynètes, constamment. Afin de ne pas perdre la main et de développer toujours plus de connaissances. Les trois hommes écrivent d’ailleurs chacun de leur c�té des scénarios, qui verront prochainement le jour, espèrent-ils. JR

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