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L’amour du bois s'enracine a Gruyère

Sandrino Dolci, décrivant l’une de ses œuvres, indique qu’il s’agit d’un gypaète de Derborence volant devant la Quille du Diable, éperon rocheux au-dessus de Sion. CM

MARQUETERIE ÉCOTEAUX/GRUYÈRES

La galerie du Calvaire, à Gruyères, rendra hommage à la marqueterie, de lundi à dimanche prochains. Les œuvres sont signées Sandrino Dolci. Le menuisier d’Ecoteaux, qui n’en est pas à sa première exposition, garde son amour pour le bois parfaitement intact.

Une vingtaine de pièces de marqueterie seront visibles, dès lundi et jusqu’à dimanche prochains, à la galerie du Calvaire, à Gruyères. L’artiste, qui présente principalement des œuvres portant sur le patrimoine fribourgeois, n’est autre que Sandrino Dolci, d’Ecoteaux. A 61 ans, le menuisier est toujours autant enthousiaste vis-à-vis des différentes essences de bois. C’est avec passion qu’il se plaît à parler de ses œuvres et de son processus de fabrication.

«Tout d’abord, j’essaie de me faire une idée globale du sujet, de le “sentir”, confie-t-il. Je ferme les yeux et je m’imagine, par exemple, un pâturage. Ensuite, je dessine un croquis.» Tout en décrivant sa façon de prévisualiser sa pièce, Sandrino Dolci livre un de ses secrets: «J’essaie, la plupart du temps, de représenter des endroits ou des bâtiments connus. Vous savez, les gens aiment bien reconnaître tel ou tel lieu, ou encore être capables d’identifier un chalet.»

Gruyères, Alpes et poyas

Une fois son esquisse en main, l’artiste choisit la sorte de bois qu’il va utiliser. Frêne, cerisier, mélèze et chêne font notamment partie de sa réserve, qu’il conserve précieusement dans sa cave. «J’ai environ trente essences différentes de placages européens, déclare-t-il. Il faut un certain taux d’humidité pour ne pas les détériorer.» Il a pour habitude d’en étaler une sélection au sol, devant lui, afin de déterminer quelles sont les textures les plus à même de figurer sur son œuvre.

Ensuite, c’est le moment de découper les formes, qu’il s’agisse d’animaux, de nuages, d’arbres ou de constructions; en somme, de tous les éléments composant ses pièces. «Pour cette exposition, j’ai préparé trois représentations de Gruyères, quelques-unes des Alpes, une du château d’Oron, ainsi qu’une du fameux pont de Lucerne. Mais j’ai également fait des poyas. Sur l’une d’entre elles, j’ai réussi à faire apparaître, comme incrustée en arrière-plan, une partition du Ranz des vaches. Pour moi, c’est l’apothéose.» Il ajoute que les veines de ses différents bois lui sont très utiles, car elles sont idéales pour représenter les sillons tracés dans les prés par le passage de bovins.

Un jeu d’enfant minutieux

Une fois le matériau prêt et les formes dessinées, la marqueterie s’apparente, selon Sandrino Dolci, à un véritable puzzle: «J’assemble les différentes pièces, côte à côte, et les fixe sur la plaque du dessous avec de la colle à bois. Si nécessaire, je les ponce et les ajuste. Une fois le rendu final obtenu, j’applique plusieurs couches de cire d’abeille. Tout est totalement bio. J’aime que la finition soit aussi proche de la nature que possible.» Il détaille également comment, lorsqu’il veut créer des effets d’ombrages, il utilise une technique de sablage, à chaud.

S’adonnant à la marqueterie depuis son apprentissage, Sandrino Dolci a appris cet art en autodidacte, s’améliorant progressivement au fil des années. En 2008, il présentait déjà ses créations à la galerie du Calvaire, un lieu qu’il est heureux de retrouver: «Ancien dépôt de sel, la bâtisse est située dans une région appréciée par les amoureux des arbres. L’Intyamon, c’est en quelque sorte “La Mecque du bois”, pour les menuisiers et les ébénistes du coin.»

Des parfums qui bourgeonnent

Véritable féru de forêt, Sandrino Dolci est capable de différencier chacun des arbres qui parsèment son chemin. «Pour faire ce que je fais, il faut “rêver bois”, sourit-il. Il faut aussi savoir le sentir. Chaque essence possède une odeur différente.» En effet, un subtil parfum se dégage de chacune des plaques observées.

Bien que les dates de son exposition coïncident avec la première semaine de la Fête des vignerons, Sandrino Dolci ne s’inquiète pas outre mesure quant à la fréquentation de la galerie du Calvaire: «Si, sur mille personnes qui se rendent à Vevey, une seule décide de visiter Gruyères, elle passera forcément par le château. Du coup, elle pourra faire un petit détour et jeter un coup d’œil à mes créations. Ca sera déjà pas si mal (rires)Christian Marmy

A voir l’exposition de marqueterie de Sandrino Dolci, à la galerie du Calvaire à Gruyères, dès lundi et jusqu’à dimanche prochains

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