Logo

L’avenir de la course en question

Arch. Mess.

COURSE DE CÔTE LES PACCOTS

La course de côte organisée par L’écurie des lions d’Attalens, chaque année, entre Châtel-St-Denis et Les Paccots, se voit aujourd’hui contestée par une pétition. A l’issue de la dernière compétition qui a eu lieu les 14 et 15 septembre derniers, des habitants ont décidé de couvrir le bruit des bolides et de se faire entendre. Au moins pour provoquer le débat.

Depuis bientôt quarante ans, L’écurie des lions d’Attalens organise, le temps d’un week-end à la mi-septembre, une course automobile entre Châtel-St-Denis et Les Paccots. Cent cinquante compétiteurs s’affrontent pour le meilleur temps de remontée de la fameuse côte, faite de contours variés, entre prés et forêts, jusqu’au centre du village. Mais, à l’issue de l’édition de 2019, des opposants semblent vouloir se faire entendre. Sans forcément exiger l’interdiction de la compétition, ils s’interrogent sur les nuisances subies.

Le tracé de la course débute à proximité de Fruence. Il voit s’élancer près de cent cinquante bolides allant de 1600 cm3 à 2600 cm3. Pour permettre leurs passages répétés, par groupe de septante-cinq véhicules, du bas de la côte jusqu’à l’arrivée, en son point culminant, au centre des Paccots, la route est fermée. Cette entrave pour les habitants s’impose sur toute la durée de la compétition, dès le samedi à midi et toute la journée du dimanche.

Elle n’est rouverte que momentanément, entre les manches, pour quelques minutes. Les habitants doivent alors prévoir cette contrainte et émigrer le temps d’un weekend ou se résigner à rester chez eux avec un bruit de fond évident. A moins qu’intéressés, de leur balcon, ou derrière les barrières et les lignes de protection du trajet, ils comptent les tours et suivent le combat des pilotes au volant de leurs mécaniques vrombissantes.

Mobilisation en route

Après la dernière course, un tract a été distribué aux Paccots et aux différents endroits concernés par le circuit. Si d’emblée le document indique que certains trouvent le spectacle impressionnant, il souligne que d’autres ne souhaitent plus voir se dérouler la manifestation en ces lieux. Et les invite à signer une pétition en ligne. Le principal initiateur qui, à ce stade, préfère garder l’anonymat, exprime une position plus nuancée: «Il ne s’agit pas d’interdire la course, mais au moins que les habitants concernés soient consultés. D’une centaine de personnes aux Paccots, à la naissance de l’événement sportif dans les années 1980, aujourd’hui c’est près de mille habitants qui s’avèrent touchés.»

Selon lui, deux éléments déclencheurs ont fait naître la pétition: une réunion organisée par la commune le 16 septembre sur le réaménagement routier du centre des Paccots, a vu autour de la table la présence du club L’écurie des lions, alors même que peu d’habitants avaient été conviés. Et puis, suite à l’édition de 2019, de nombreuses personnes ont manifesté leur agacement et leur souhait de voir s’ouvrir un débat. En deux semaines, plus de cent signatures ont été recueillies.

A l’inventaire des nuisances subies, les arguments des pétitionnaires tombent: l’événement n’attire pas autant de public qu’annoncé, notamment le samedi. Un comptage a été effectué recensant cent cinquante personnes environ, avec beaucoup d’apparentés aux concurrents. La vitesse des véhicules peut atteindre, à certains endroits, plus de 210 km/h et des pilotes effectuent des «drifts» (dérapages) malgré l’interdiction du règlement, avec pour conséquence des traces de pneus et l’endommagement de la route.

De plus, les détracteurs soulignent que le niveau sonore à quarante mètres du circuit s’est situé souvent à plus de 90 décibels atteignant, sur certaines zones, à plusieurs reprises, un seuil entre 102,8 et 107 décibels, les horaires d’ouverture de la route n’ayant pas été respectés, des habitants ont dû attendre pour leurs déplacements. Les retombées en termes de commerce ne sont pas au rendez-vous. Un commerçant a fait le choix de rester fermé tandis qu’un stand de vente de boissons stationnait à proximité du café. Enfin des inquiétudes subsistent quant à la sécurité – des accidents ont eu lieu – sans compter le souci écologique.

Etonnement et perspectives

Du côté du comité d’organisation, on se dit «très surpris de cette pétition». Le vice-président Alexandre Genoud déplore: «Nous n’avons pas été contactés et cela va devenir un problème, maintenant, de mettre en place ce genre de manifestations.» Ayant eu écho de la désapprobation en cours, il tient à en contredire plusieurs éléments: «Les normes de bruit sont celles auxquelles nous avons droit et ne se mesurent pas à la volée mais à la sortie du pot d’échappement, tout en tenant compte des facteurs de l’environnement, comme l’orientation du vent.» A la veille de fêter les quarante ans de la course, pas question, pour lui, d’envisager de renoncer.

«Chaque année, nous accueillons davantage de monde et nous devons refuser des pilotes. Les courses se passent bien et il n’y a eu qu’un accident. Le deuxième est intervenu pendant la nuit indépendamment de la manifestion», ajoute-t-il remettant en question la gêne occasionnée et exprimée par les contestataires.

Pour que le débat espéré voit le jour, tout dépendra maintenant de la volonté des intéressés d’imaginer ensemble des solutions, certainement en lien avec la commune. N’est-il pas préférable de se parler et de trouver un terrain d’entente… et de sport?


Michel Machicoane Stocker

 


 

Qu’en dit la commune?
Damien Colliard, syndic de Châtel-St-Denis, n’a pas eu connaissance de la pétition. Si des mécontentements se manifestent, il concède que, bien souvent, dès que des événements sont mis sur pied, des contradicteurs apparaissent. «La commune participe et soutient cette course à l’initiative d’un privé, L’écurie des lions, comme elle le fait pour bon nombre de manifestations, en assurant les heures de police et en mettant à disposition du matériel, avec facturation à la clef.» Dès lors, pour lui, il s’agit de laisser se dérouler cette démarche. Les autorités communales s’en saisiront, si la pétition est déposée. MMS

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus