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Le bois rond comme une évidence

L’Attalensois Philippe Alibert n’est jamais aussi heureux qu’avec une tronçonneuse dans la main. RÉGINE GAPANY

CONSTRUCTION ATTALENS

Philippe Alibert, conseiller communal attalensois en charge du développement durable, est également président de Forêt Fribourg depuis le printemps dernier. Chef d’entreprise, le fustier construit depuis plus de vingt ans des ouvrages en rondins.

L’atelier et la maison où vit Philippe Alibert et sa famille depuis 2005 pourraient détonner dans la zone industrielle d’Attalens. En réalité, ces bâtisses en rondins et au toit végétalisé se fondent dans le paysage qui jouxte la lisière de la forêt.

Dans cette maison étonnante et dans l’atelier similaire, le fustier vit et travaille. Sur le grand terrain attenant, il coupe le bois à la tronçonneuse avec un employé engagé à 100% et peut présenter aux intéressés l a ma ison témoin de 220 m2 et 5,5 pièces. Avec son épouse Marlise, qui gère le côté administratif de l’entreprise, ils ont baptisé le lieu le Champ du bois, qui s’est transformé en Chant du bois sur le site internet. Originaire du département de l’Aveyron en France, où il était déjà bûcheron, l’Attalensois a fondé Alibert S. à r.l. dans les années 2000. Il évoque la satisfaction d’utiliser les essences locales et de suivre le parcours de cette matière première qu’il chérit tant. Le nouveau président de Forêt Fribourg apprécie la mentalité forestière bien présente au pied des Préalpes.

Commandes publiques et privées

Le conseiller communal produit des constructions en bois rond naturel. Cette technique tire son origine de l’arc alpin et de Scandinavie. «Tant un abri de jardin, une niche pour chien qu’un bâtiment de luxe formé de rondins s’appellent une fuste», détaille Philippe Alibert.

Il est possible de faire de la fuste avec de nombreuses essences: sapin blanc, épicéa, douglas, mélèze, chêne, châtaignier, robinier pour l’extérieur et plateau de séquoia ou cèdre pour les tables. L’artisan contacte les gardes forestiers pour se fournir en volumes de bois. Sa zone d’approvisionnement s’étend des arrondissements d’Attalens à Romont.

L’Attalen sois s’attelait déjà à construire en rondins avant même de se former en 1997 auprès «d’un vieux Français». «Ce métier, à cheval entre bûcheron et charpentier, me parle, c’est un ressenti spontané chez moi. J’aime le travail physique, en extérieur et à la tronçonneuse. J’apprécie de savoir ce que devient le bois que je coupe.» C ’est donc naturellement qu’il commence son aventure professionnelle en 1998. «Je n’ai jamais souhaité agrandir pour agrandir, je veux rester sur le terrain.» L’artisan construit des tables, des bacs à légumes, des fontaines, des bassins, des pergolas, des aménagements d’hiver en plus des bâtiments, hôtels, restaurants et refuges forestiers. «Environ 70% de mes clients sont des privés et 30% des structures publiques, énonce l’entrepreneur. Depuis mes débuts, j’ai dû faire une trentaine de maisons et plus de 80 bâtiments divers, la plus grosse demande actuellement». Philippe Alibert travaille «énormément» en Valais, au pied du Jura vaudois et dans les forêts du canton de Fribourg.

Au rythme des saisons

A cette période de l’année, l’entreprise a fini ses travaux d’extérieur et s’affaire aux travaux d’intérieur et à la coupe du bois. Tout est préfabriqué sur le chantier à Attalens. Les maisons sont, dans un second temps, démontées et remontées sur place avec l’étanchéité et l’isolation à l’intérieur. Résulte de ces constructions un «confort visuel», tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. «La toiture végétalisée, qui constitue un atout statique, thermique et complémentaire à l’isolation en régulant la chaleur et le froid, rend à la terre la surface prise pour la construction.» Cette compensation forme un biotope et permet une rétention d’eau afin qu’elle ne s’écoule pas directement dans la cheneau en cas de précipitations abondantes. «Je monte sur le toit une seule fois par année, pour faucher», souligne l’artisan.

Les maisons en fuste, en plus de reposer l’œil et l’esprit, offriraient un véritable confort de vie, selon Philippe A libert. «Faciles à chauffer, elles gardent aisément la chaleur tout en étant respirantes et en assurant un échange entre l’intérieur et l’extérieur, malgré une bonne qualité d’isolation.»

Régine Gapany


La sculpture pour s’évader

«Quand je ne travaille pas, je n’ai qu’une envie, prendre ma tronçonneuse et sculpter», rigole Philippe Alibert. Pour autant, l’artiste artisan a décidé de proposer ses créations sur commande uniquement, pour des projets particuliers. Question de stockage. Ses œuvres, exposées à la biennale Bossonn’art, sont monumentales.

Son travail avec les rondins l’a amené à tenter la sculpture. «La fuste, bien qu’étant une pratique relativement simple, demande patience et finesse», deux qualités essentielles pour sculpter des formes boisées en 3D. Ainsi, poissons, oiseaux et autres totems prennent vie grâce à la tronçonneuse du fustier, qui apprécie la dimension abstraite de la sculpture par rapport à la construction en bois. «Dans les deux cas, il faut être fait pour ça», conclut joyeusement l’ancien bûcheron, qui a trouvé sa planche de salut dans le bois rond. RG

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