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Le contrat de mariage entre Oron et Essertes est finalisé

Les syndics d’Essertes et d’Oron René Delessert et Philippe Modoux (debout) étaient côte à côte pour plaider en faveur d’une union entre leurs deux communes. VJ

Le projet de fusion entre Oron et Essertes avance. Par contre, on est loin de l’enthousiasme qui avait conduit au rapprochement des dix communes de la région d’Oron, en 2012. Samedi matin, il n’était qu’une trentaine de citoyens à assister à la présentation de la convention de fusion. Compte rendu.

Le 28 novembre 2011, la population plébiscitait la fusion entre les dix localités de la région d’Oron avec 78% de votes favorables. Deux préfets, un conseiller d’Etat et dix syndics posent alors tout sourire sur une photo de famille… pour l’histoire. Huit ans après cette date, Oron (5501 habitants) se lance dans un nouveau projet de fusion avec Essertes (374), qui avait renoncé au premier projet. Mais l’enthousiasme n’est plus au rendez-vous. Le syndic d’Oron Philippe Modoux confirme: «Nous sommes moins motivés, il n’y a pas les mêmes enjeux.»

Ce sentiment semble partagé par la population: samedi matin, seule une trentaine de citoyens se sont déplacés pour voir les deux exécutifs in corpore – accompagnés par «monsieur fusion» Gilles Léchot de Compas management services – exposer leur projet de convention de fusion. D’ailleurs la majorité des personnes présentes sont des habitants d’Essertes. Ils n’ont pas manqué de relever que le lion d’or sur fond de gueules, installé dans l’aula du collège d’Oron-la-Ville, était plus grand. L’image renvoyée est davantage celle d’un mariage de raison que d’amour.

En effet, plusieurs paramètres expliquent ce revirement: le potentiel de candidats prêts à s’impliquer dans la Municipalité s’amenuise et l’autonomie est de plus en plus difficile à assumer, notamment financière. Le syndic d’Essertes René Delessert a souligné que de nombreux services étaient déjà regroupés, citant l’établissement scolaire, la Protection civile ou encore le Service du feu. Il a souligné qu’en quelque sorte, Essertes retrouve «ses premiers amours», puisque jusqu’en 1814, la commune n’en forma qu’une avec Châtillens et Les Tavernes.

Fusion réussie en 2012

Tout le monde s’accorde sur la réussite du mariage conclu entre les dix localités de la région d’Oron, même le canton la cite souvent en exemple. Un sentiment confirmé par Le Messager dans une enquête en avril 2017. «Je suis convaincu qu’Oron a réussi une belle fusion, a déclaré René Delessert. La mayonnaise a pris et les petites entités ne sont pas pour autant laissées pour compte.» Début octobre 2017, Oron et Essertes ont annoncé leur volonté de rapprochement. Fin janvier 2019, le Conseil général d’Essertes s’est prononcé – par 21 voix pour, 7 contre et une abstention – en faveur d’un engagement dans un processus de fusion.

Depuis les deux communes ont entamé les études qui ont mené à l’élaboration d’une convention de fusion. Le texte devra être approuvé début 2021par les deux législatifs, le même jour, avant d’être soumis à la population, en septembre 2021. En cas de double «oui», la nouvelle entité communale entrera en vigueur le 1er janvier 2022, soit six mois plus tard que préalablement annoncé. En effet, pour obtenir de la part du canton l’entier de l’aide financière à la fusion, il faut attendre dix ans entre deux fusions. «Pour six mois, cela représente quand même 650 000 francs, ce qui représente au total 805 900 francs», a insisté Gilles Léchot.

Armoiries, sujet sensible

«La population d’Oron va certainement dire oui, a assuré Philippe Modoux, à l’issue de la présentation. Car, depuis la fusion, nous avons accueilli 900 nouveaux habitants. Avec Essertes, c’est 400 de plus, ce qui ne changera pas la structure de la commune.» En cas d’union, la nouvelle commune de 5875 habitants pour 2628 hectares continuera de s’appeler Oron et les administrations communales de Palézieux-Village et d’Oron demeureront, tout comme les armoiries. Ainsi, aucune billette supplémentaire ne serait ajoutée autour du lieu symbolisant les dix localités. Ce dernier point n’a pas manqué de faire réagir l’assemblée.

Aussitôt, le consultant Gilles Léchot a indiqué que le coût pour changer l’ensemble des visuels se monterait à 100 000 francs: «Vous me direz, c’est le prix du symbole.» Au niveau politique, lors de la première législature, et uniquement pour celle-ci, deux cercles électoraux seront créés pour l’élection du Conseil communal permettant à Essertes d’avoir cinq élus. Le Conseil communal d’Oron passerait alors de 60 à 65 membres. Essertes passera donc d’un Conseil général avec des membres non élus à un législatif élu au système proportionnel (listes).

Si la convention de fusion est acceptée, les autorités communales seraient désignées à l’automne 2021. Ainsi, les autorités actuelles bénéficieraient d’une «dérogation» pour siéger jusqu’à l’entrée en vigueur de la nouvelle commune. Dans la convention de fusion, beaucoup de règlements seront repris de la commune d’Oron. «Cela peut paraître comme une annexion, mais c’est qu’il n’y avait pas de règlements à Essertes, notamment pour les arbres, a indiqué Gilles Léchot. Il reviendra au législatif de réadapter certains textes s’il le juge nécessaire.»

Economies en vue

Ainsi, le taux d’imposition reprend celui d’Oron, soit 69 points contre 72 pour Essertes. Gilles Léchot a souligné l’importance de la stabilité, Oron n’ayant pas changé de taux depuis sept ans. Cette adaptation représentera 34 000 francs de baisse de revenus. La fusion permettra toutefois d’effectuer 317 000 francs, dont 175 869 francs en termes de péréquation, d’économies. Seul bémol au tableau, l’épuration. En effet, les deux communes n’appartiennent pas à la même association intercommunale. C’est l’un des seuls points qui ne changera pas immédiatement pour les habitants.

Autre élément qui devra est revu en cas de fusion, l’organisation de l’Etablissement primaire et secondaire d’Oron-Palézieux. En effet, actuellement, Oron dispose de cinq voix, Essertes une et Maracon une. En cas de fusion, les cartes seront rebattues. «La politesse voudra alors qu’on discute avant de décider», a ironisé Gilles Léchot, regrettant que Maracon n’ait pas voulu rejoindre, pour la seconde fois, un projet de fusion. La solution, selon le consultant, sera que Maracon paie la location des services pour l’établissement scolaire à la commune d’Oron.

Valentin Jordil

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