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Le «gardien» des forêts prend sa retraite

Après trente ans à arpenter les forêts de la Haute-Broye, Eric Sonnay prend une retraite bien méritée. Mais l’appel des bois n’est jamais loin... IG

ÉCOTEAUX

Le garde forestier du triage de la Haute-Broye Eric Sonnay prend sa retraite, après trente années de bons et loyaux services. L’occasion, pour ce «gardien» de la forêt, de revenir sur son parcours au cœur des bois de la région. Portrait.

Malgré sa retraite, Eric Sonnay ne reste jamais très loin des zones boisées. Pour preuve, sa maison en lisière d’une petite forêt à Ecoteaux. Mais, loin de surveiller l’évolution de ces arbres dont il s’est occupé durant trente ans, le garde forestier aborde cette nouvelle étape en toute sérénité: «Mon successeur est déjà bien établi. Comme c’est moi qui ai fait les plans de coupes des arbres pour l’hiver, je dois encore le briefer sur deux ou trois petits détails.» Eric Sonnay s’occupait jusqu’à récemment des huit cents hectares de forêt du triage de la Haute-Broye.

A l’origine, Eric Sonnay ne se destinait pas à la garde forestière. «C’était loin d’être une évidence. La vocation n’est venue que bien plus tard.» A l’époque, les conseillers en orientation le destinent à travailler en quincaillerie. Il préfère alors se tourner vers la forêt, sur les traces de son père, lui-même garde forestier. Il débute son apprentissage de bûcheron dans la région d’Oron en 1972. Mais ce n’est qu’en 1980 qu’il effectue une année à l’école de garde forestier de Lyss. Par la suite, il participe à deux ans de coopération technique au Mali. «C’était un projet de la Confédération, où l’on a fait des reboisements et créé une école forestière. L’expérience était très intéressante.» Après un passage dans un bureau d’ingénieur forestier, Eric Sonnay est engagé le 1er mai 1989 comme garde forestier au triage de la Haute-Broye, poste qu’il occupait jusqu’à aujourd’hui.

Multiples facettes

Mais quelles missions constituent le quotidien d’un garde forestier? «Généralement, on s’occupe de trois volets principaux: un travail d’exploitation et d’entretien, un travail législatif et un travail de promotion.» Entretien des chemins, choix des arbres à couper, soins à la jeune forêt, surveillance des maladies arboricoles: Eric Sonnay, et le garde-forestier plus généralement, est sur tous les fronts.

S’ajoute à cela une dimension «policière», consistant au maintien de la législation forestière. «C’est un domaine complexe avec beaucoup de règles à respecter, explique-t-il. Il est par exemple interdit d’avoir des dépôts en forêt ou de construire, sauf exception, à moins de dix mètres d’une lisière. Ce sont des lois qu’on s’efforce de faire respecter, en collaboration avec l’inspecteur des forêts.»

Le garde forestier doit finalement s’atteler à un travail de promotion, essentiel au bon fonctionnement du rapport entre les habitants et la forêt. «On organise parfois des visites avec des classes et on prend part aux discussions avec les autorités politiques en tant que conseillers techniques.»

Evolution des forêts

En trois décennies, Eric Sonnay a eu l’occasion d’observer les évolutions du métier de garde forestier. Outre les progrès techniques des machines, l’infor matique a apporté de nombreux changements à la profession. «On a maintenant des programmes géoréférencés qui nous permettent de marquer les endroits exploités. Cela nous permet de faire des plans d’action plus clairs que les versions papier de l’époque.»

Autre grand changement: les subventions pour l’entretien des forêts. «Il y a trente ans, elles n’existaient pas. Aujourd’hui, le garde forestier est chargé de l’exécution et du contrôle des travaux, ainsi que du bon paiement de ces subventions.»

A l’instar du métier, c’est également la biodiversité qui change de plus en plus. «A l’époque, on se demandait à quoi servait une forêt: produire du bois, accueillir du public et protéger contre les inondations et les glissements de terrain. Aujourd’hui, on s’est rendu compte que la forêt est aussi un milieu très riche, qu’il faut préserver.» Des subventions sont ainsi allouées afin de promouvoir des réserves forestières et des îlots de sénescence, à savoir des zones où les arbres ne peuvent pas être abattus.

Réchauffement climatique

Cette problématique de la préservation s’est notamment accélérée avec le réchauffement climatique, observable depuis quelques années dans le milieu forestier. «La canicule de l’année dernière a été longue et très sèche. De nombreux arbres, notamment des sapins blancs, ont souffert. Et les températures de cette année n’ont rien arrangé.»

Une forte chaleur qui favorise notamment l’invasion des bostriches. «Même si ces insectes existent depuis bien longtemps, on a de plus en plus de signes alarmants de dégradation», déplore-t-il. Une solution pour diminuer les pertes? «Agir rapidement en repérant et en abattant les arbres, pour ensuite les écorcer.»

Eric Sonnay reste cependant positif quant à l’avenir de la forêt. «On ne va pas assister à une désertification des forêts, mais plutôt à une évolution. On trouvera notamment des arbres plus adaptés aux zones de sécheresse, comme le cerisier, le chêne ou le mélèze.»

Isaac Genoud

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