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Le village attend la seconde mise à l’enquête du «prieuré-école»

L’antenne vaudoise de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X veut transformer une vieille ferme au centre du village d’Essertes en un «prieuré-école». DUPONT ARCHITECTES

RELIGION ESSERTES

L’antenne vaudoise de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X met de l’eau dans son vin. Face aux nombreuses oppositions qu’a suscitées la transformation d’une imposante ferme d’Essertes en un «prieuréécole», elle a revu son projet à la baisse. Avant la seconde mise à l’enquête attendue «d’ici la fin de l’année», selon les architectes, les modifications ont été présentées à la population, mardi soir.

L’Association de fidélité chrétienne, soit l’antenne vaudoise de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X (FSSPX), a rompu le silence dans lequel son projet de «prieuré-école» est plongé depuis un an. Pas moins de 95 personnes s’étaient opposées à la transformation d’une vieille ferme à la rue du Village en un «prieuré-école», lors de la mise à l’enquête du 6 septembre 2019 (voir Le Messager des 27 septembre et 4 octobre 2019).

Une forte mobilisation s’était alors emparée du village de moins de 400 habitants. «La population d’Essertes est-elle d’accord pour accueillir une telle église et devenir ainsi “l’Ecône vaudoise” (en référence à la commune valaisanne qui abrite, depuis 1971, le premier séminaire de la FSSPX, n.d.l.r.)?» C’est la crainte dont avait fait part des habitants, via un toutménage qu’ils ont distribué dans toutes les boîtes aux lettres. La FSSPX veut quitter Villars-Tiercelin, où l’une de ses écoles est actuellement installée avec vingt-sept élèves. Le bâtiment recherché doit en effet permettre à la FSSPX de réunir au même endroit école et logement pour les sœurs dominicaines qui assurent l’enseignement. Ce que le site du Gros-de-Vaud ne permet pas. L’enjeu architectural et urbanistique est le principal grief. Les opposa nts, dont Pat r imoine su isse, craignent que l’aspect extérieur de la bâtisse de 1870 soit totalement transformé.

Préserver l’aspect de la ferme

En septembre 2019, il était alors question de dix-huit velux et trois lucarnes dans le toit, quinze ouvertures en façade côté nord, seize à l’est… Un an plus tard, l’antenne vaudoise de la FSSPX – propriétaire de la ferme – a revu son projet à la baisse. «Nous avons investi pas mal d’énergie afin d’améliorer et de redimensionner notre projet», a expliqué l’abbé Lukas Weber, secrétaire de l’Association de fidélité chrétienne.

Mardi soir, la population était invitée au Café-Théâtre Barnabé à Servion pour en découvrir les contours. Une vingtaine d’habitants avaient répondu à l’invitation. Ce nouveau projet – dont la mise à l’enquête est prévue «d’ici la fin de l’année», selon le bureau Dupont architectes – «a reçu l’aval de Patrimoine suisse», a précisé l’abbé Lukas Weber. Ainsi, la capacité de l’école est passée de soixante à quarante-cinq élèves de la 1re à la 8e HarmoS.

«Nous n’allons pas atteindre ce chiffre avant plusieurs années, a-t-il indiqué. Nous ne nous attendons pas à un grand afflux d’élèves. C’est la raison pour laquelle, nous étions d’accord de réduire ce nombre.» Pour rassurer les habitants, l’Association de fidélité chrétienne va joindre à sa prochaine mise à l’enquête un règlement de l’utilisation de l’école faisant «partie intégrante du permis de construire». «Ainsi, s’il venait à être modifié, ces changements passeraient par une mise à l’enquête.»

Pas plus de 45 élèves

Le règlement fixe le nombre d’élèves réguliers à quarante-cinq et les horaires de l’école qui se calqueront sur ceux de l’école publique vaudoise. Il exclut la notion d’internat. Il régit également l’utilisation de l’oratoire qui servira de chapelle pour une utilisation exclusive pour les habitants de la bâtisse ou des activités spirituelles avec les élèves. Mais il ouvre la porte pour accueillir des événements particuliers, type fête de l’école. Pour finir, le texte ouvre la porte sur le fait que le «prieuré-école» pourrait accueillir des modules de formation pour quarante-cinq personnes au maximum.

La bâtisse devrait également accueillir trois à cinq prêtres et trois ou quatre sœurs dominicaines-enseignantes. Pour ne pas changer l’aspect de la ferme depuis la route cantonale, la création d’une salle de classe prévue dans les combles a été abandonnée par les architectes, tout comme une salle de groupe. L’oratoire est passé de soixante-six à quarante-huit places, la capacité d’accueil des appartements a également été réduite, passant de treize à onze résidents. Le projet a ainsi perdu 30% de son volume.

Limiter le nombre de voitures

Le trafic que pourrait engendrer l’école est l’un des aspects qui a été soulevé à de nombreuses reprises par les oppositions à la première mise à l’enquête. Ce second projet prévoit une zone de dépose-minutes pour cinq ou six voitures et une voie de dépassement afin de permettre aux parents d’amener leurs enfants. Treize places de stationnement pour les prêtres et les sœurs sont également prévues.

Ce qui n’a pas manqué de faire réagir l’assistance lors des questions. L’Association de fidélité chrétienne estime que cela sera suffisant. «Nous estimons à un peu plus de deux enfants par voiture», a précisé l’abbé Lukas Weber. Et une habitante d’interroger: «Vous n’excluez pas d’utiliser les places de dépose-minutes en dehors des cycles scolaires?» L’abbé Lukas Weber a répondu: «Nous n’allons pas accueillir 300 personnes comme cela a pu être dit.»

Le bureau d’architectes a précisé que ce chiffre était issu du rapport de risques incendies. Il s’agit simplement d’un seuil maximal. Entre l’acquisition de la ferme et sa rénovation, le coût du projet est estimé entre 4 et 5 millions de francs. Difficile de dire à ce stade si l’Association de fidélité chrétienne est par venue à convaincre les habitants d’Essertes avec la seconde mouture de son projet...
Valentin Jordil

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