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Les saynètes en cailloux de Serge Bochud

Sur un chevalet, Serge Bochud présente ses petits tableaux colorés avec pierres naturelles. RÉGINE GAPANY

ARTISANAT CHÂTEL-ST-DENIS

Le Châtelois Serge Bochud est connu dans la région pour sa passion des timbres, notamment. Il y a dix ans, le retraité a commencé une activité créatrice en assemblant des pierres sur des bouts de bois.

Il est probable que vous l’ayez déjà aper- çu derrière un stand sur un des nombreux marchés de la région. Serge Bochud y vend de petits tableaux, le fruit de ses heures de création dans son atelier situé dans le grenier de la maison familiale.

«Tout a commencé il y a une dizaine d’années, alors que mon épouse Edith cherchait une décoration pour dresser une table», se remémore le Châtelois. Ni une ni deux, il s’inspire d’images trouvées sur internet et donne vie à un canard à l’aide d’une plume, d’un caillou et d’une tige de métal. S’ensuivent rapidement des œuvres sur bois, où il colle, «au pistolet ou à la Cementit» de petits galets afin de donner vie à ses mondes imaginaires. Sa première création? Une girafe.

Puis, suivant l’inspiration et les saisons, il poursuit ses explorations. Ainsi pour Noël, l’artiste avait disposé de petits cailloux plats ramenés de Lettonie par un de ses amis, sous un couvert de brindille, improvisant une crèche minimaliste. Sur son établi, hérité de son père menuisier, dans le grenier de la maison située à la Grand-Rue de Châtel-St-Denis, une œuvre est en cours: une poya, sa troisième. Serge Bochud s’excuse du désordre, du linge qui sèche dans la pièce et des outils gisant un peu partout, dont la pince coupante qu’il avait reçue au début de son apprentissage en 1963. Le lieu possède un charme suranné qui colle bien à la spontanéité du travail de l’artisan.

«Les pierres ne sont jamais travaillées, si ce n’est parfois peintes, à l’instar des fonds, qui au tout début, restaient bruts», explique l’ancien quincaillier de formation. Il a par la suite travaillé comme chef de rayon dans les grandes surfaces avant de faire carrière durant 35 ans chez Cipag, comme acheteur cette fois.

Hommage au chat bleu

Bien qu’il essaime les marchés à grands coups de publicité sur les réseaux sociaux, le but de l’artisan n’est pas de vendre, si ce n’est peut-être pour acheter quelques timbres. La philatélie étant une de ses autres grandes passions. Le conseiller général socialiste a durant de nombreuses années organisé la bourse philatélique de Châtel-St-Denis.

L’homme né à Fribourg en 1948, qui a fait ses écoles à Vallorbe, a également été entraîneur d’athlétisme durant qinze ans dans le chef-lieu veveysan où il s’est installé en 1976. «J’adore ce sport, je me lèverais à 2 h du mat’ pour regarder une compétition à la TV», confie Serge Bochud. Dans son corpus d’œuvres se trouvent un sauteur de haie et un coureur de demi-fond, composés de petites pierres noires, que son épouse avait re- çues dans un arrangement floral.

La famille également, très importante pour lui, se retrouve souvent symbolisée dans ses tableaux. Il parle d’ailleurs volontiers de son épouse, de ses filles et de sa petite-fille de vingt ans. «J’ai la chance d’avoir une belle famille, nous nous entendons bien!» Mais c’est lorsqu’il aborde le thème de son chat Vladimir, qu’il nommait Minet, que Serge Bochud devient très émotif.

«Il est décédé il y a deux ans, j’ai de la peine à faire le deuil.» Ses dernières créations, qui ne comportent cette foisci pas de cailloux, sont d’ailleurs un hommage au british shorthair blue. Sur les poutres figurent trois silhouettes de chat bleu réalisées à partir de caisses de bière en bois, grâce à la scie à chantourner qu’il s’est offerte récemment.

Irlande, musique et recyclage

Dans la maison, son épouse écoute Option Musique. Quant à l’artiste, que la technologie n’effraie point, il s’est constitué une playlist sur Spotify de ses chanteurs préférés: Claude Nougaro, Jean Ferrat, Gilbert Bécaud et Joe Cocker. Michel Sardou, qu’il n’affectionne pas particulièrement, lui a donné le goût de l’Irlande. «Je pourrais y vivre», s’enthousiasme le retraité. A Châtel-St-Denis, quand il pleut, il profite de rester plutôt dans son atelier ou penché sur ses timbres, dont il fait actuellement l’inventaire.

Pour autant, gros marcheur – il a «besoin d’au moins 5000 à 10 000 pas par jour», le septuagénaire profite du prétexte de ses tableaux pour aller chercher des cailloux au bord de la Veveyse ou du Léman. Pour preuve, une grosse caisse comporte plus de 100 kg de pierres, compartimentées dans des bacs de margarine, sur le bord de son établi.

«Pour le reste, je me fournis avec ce que je trouve et ce que l’on me donne.» Par exemple, il demande à son voisin de lui mettre de côté quelques branches de bouleau à l’heure de la taille. L’artisan utilise aussi du sable et les fonds de la maquette de trains qui trônait dans le grenier quand ils sont arrivés il y a plus de quarante ans.
Régine Gapany

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