Logo

«L’être humain doit changer de paradigme»

Les vues urbaines répondent aux paysages naturels dans le roman graphique et dystopique de Daniel Galasso. RÉGINE GAPANY

BD ORON

Daniel Galasso vient de sortir un roman graphique, «Sentinelles», aux éditions Hélice Hélas. L’habitant d’Oron-la-Ville situe sa dystopie à Genève, où il habitait. Mais l’ouvrage ouvre des portes sur l’ailleurs.

Année 2053. Sur les trottoirs, des voitures rouillées. Des insectes tueurs ont anéanti plus de la moitié des êtres humains. Une tranche de la population semble immunisée, les sentinelles. Elles ont donné leur nom au titre de l’ouvrage de l’Oronais Daniel Galasso et sont amenées à combattre les nids des hyménoptères redoutés.

Le lecteur, ou regardeur (la BD ne comporte pas de textes, si ce n’est quelques coupures de journaux reproduites), suit ces personnages au fil des pages à travers une ville de Genève à moitié vide et des espaces naturels peuplés d’animaux et de quelques groupements humains. Un étonnant présage, l’auteur ayant donné le dernier coup de crayon avant la pandémie.

L’artiste de 56 ans a ressorti des tiroirs un scénario écrit à l’âge de 18 ans, alors qu’il décidait en 2019 de mettre l’accent sur sa pratique personnelle, après avoir travaillé de nombreuses années dans le graphisme et l’enseignement.

Préserver tout le vivant

Sentinelles fait référence aux «peuples qui surveillent, protègent et perpétuent un savoir, à l’instar des habitants des îles sentinelles de l’océan Indien». Au fil des 184 pages, les protagonistes finissent par arracher et brûler leur insigne, et plutôt que de combattre le changement, s’y adaptent. Dans cette balade philosophique sous forme de fable écologique, Daniel Galasso transmet son profond respect et ses observations du vivant.

Après avoir mangé un champignon, les sentinelles disparaissent pour se retrouver dans un autre lieu et dans un autre temps. Il y a des peintures rupestres, des tribus et un nouveau-né sur une pirogue qui vogue vers l’ailleurs. Une façon d’illustrer une nouvelle humanité, connectée au monde qui l’entoure. «L’être humain doit changer de paradigme.» Une conclusion qui ramène le lecteur au début de l’ouvrage où il peut lire, en grand et sur une page: «Pourquoi ne sauver que l’humanité? Préservons tout le vivant!»

L’univers d’un passionné de science-fiction

Et l’auteur de souligner: «Les animaux sont purs, ils ne fonctionnent qu’à l’instinct.» Ainsi en va-t-il des chats, grenouilles, chiens, ours, lynx et vaches qui peuplent son ouvrage et côtoient les insectes tueurs, ainsi que les sentinelles et les humains survivalistes qui se terrent dans les bois ou en ville, dans des bâtiments autrefois institutions culturelles comme le Musée d ’art moderne et contemporain.

La lecture est fluide et l’auteur nous embarque à travers ses ambiances. De la tasse de café chauffée au gaz «il n’y a plus d’électricité» au détour des rues genevoises «délicatement envahie par la végétation». Si les références à des vues de la ville du bout du Léman sont évidentes aux connaisseurs, Daniel Galasso laisse la porte ouverte à de nombreuses interprétations, notamment à la fin de son ouvrage.

On retrouve dans Sentinelles, après l’avoir peut-être découvert au château d’Oron cet été (Le Messager du 20 mai), l’univers du passionné de science-fiction qui vit à Oron avec son épouse depuis 2020. Il s’inspire des animaux et des environnements qui l’entourent pour créer des bestiaires et des paysages réalistes et métaphysiques.
Régine Gapany

DR
DR

Ce contenu provient de notre ancien site web. Il est possible que sa mise en page ne soit pas idéale. En savoir plus