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LEVER DE RIDEAU SUR LA PRISON DES LÉCHAIRES

La prison de Palézieux accueille désormais de jeunes adultes jusqu’à 25 ans. DR

Philip Curty, directeur de la prison de Palézieux, détaille le fonctionnement de l’établissement pénitencier construit en 2014 dans la zone industrielle. Interview.

Le protocole de sécurité de la prison de Palézieux était très impressionnant. Pour entrer, il a fallu passer le portillon, donner sa carte d’identité et abandonner son téléphone à l’accueil. La première porte s’est ouverte. Une fois qu’elle s’est refermée, la gardienne, professionnelle et distante, a actionné le mécanisme pour ouvrir la seconde porte. Un mécanisme pour éviter que des prisonniers ne s’échappent. Ensuite, il a fallu attendre le directeur Philip Curty, en place depuis 2014, pour aller dans son bureau. Philip Curty a été psychologue et a travaillé dans plusieurs prisons. Il a répondu très volontiers à cette interview. Son bureau est composé d’une grande table assortie d’un pupitre avec son ordinateur. Un casque Bluetooth et d’autres affaires étaient disposés sur le reste du pupitre. Derrière lui, un meuble en bois avec une maquette de bateau. Le directeur, sur un ton sympathique, livre sa vision de la vie en prison. Levons le voile sur la prison de Palézieux, aux Léchaires, qui, à la base, était destinée aux mineurs avant d’accepter aussi de jeunes adultes jusqu’à 25 ans.

Combien de personnes compte la prison de Palézieux?
Philip Curty.

Il y a 36 places pour 18 mineurs et 18 adultes âgés de 18 à 25 ans. Nous comptons sur 70 employés pour assurer la sécurité, la subsistance, l’accompagnement et tout ce qui s’ensuit.

Y a-t-il plus de garçons ou de filles?

Nous comptons 90% de garçons et 10% de filles. Ce chiffre montre qu’elles sont quand même moins tentées à faire des bêtises, mais lorsqu’elles en font, elles peuvent être aussi graves que celles des garçons.

Quelle est la moyenne d’âge ?

La moyenne d’âge est de 17 ans. La prison est divisée en deux parties: une pour les mineurs et une autre pour les jeunes âgés de 18 à 25 ans.

Les détenus ont-ils droit à une visite hebdomadaire?

Oui, il y a une visite d’une heure par semaine. Ils se peut, de temps en temps, que les prisonniers ne veulent pas voir leurs parents parce qu’ils ont honte.

Qu’ont-ils fait pour aller en prison?

Ils sont enfermés parce qu’ils ont commis des vols de voiture ou fraudés à multiples reprises en ne payant pas leur billet de train. Parfois, ils sont accusés de vol à main armée, de meurtres ou d’agressions sexuelles.

Est-ce que les prisonniers regrettent leurs fautes?

Cela dépend, les prisonniers ne sont pas indifférents, mais les multirécidivistes disent regretter pour sortir plus vite. Certains simulent des problèmes psychiatriques pour aller en hôpital où ils pensent être mieux installés. Les récidives restent fréquentes chez les mineurs, ce qui ne veut pas dire qu’ils ne regrettent pas leurs délits. Malgré tout, la prison reste la dernière option des juges qui préfèrent sanctionner à leur manière et les envoyer par exemple dans des foyers ouverts ou fermés.

Avez-vous déjà assisté à des évasions ou des suicides dans la prison?

Non, il n’y a jamais eu d’évasion ni de suicide. Les cellules sont contrôlées pour éviter que les prisonniers ne se fassent du mal. Il y a aussi des cellules spécialisées et sous surveillance en cas de soupçon de la part des codétenus ou des psychologues de la prison. Il y a eu des cas de scarification pour accéder aux soins de l’hôpital, mais pas de suicide à proprement parler.

A votre avis, que faudrait-il faire pour éviter les récidives?

Pour éviter la récidive, un éducateur devrait accompagner les détenus à leur sortie de prison. Certains jeunes recommencent à commettre des délits, parfois à cause de leurs fréquentations qui ont une mauvaise influence. Ce qui peut aider un jeune à sa sortie c’est de trouver un apprentissage. Avoir une petite amie peut aussi être favorable, compter sur des amis sains qui font du sport par exemple est positif. La famille aussi reste une bonne influence pour accompagner le jeune.

Quelles sont les activités au sein de la prison?

Nous avons beaucoup d’installations comme une salle de sport, une salle de multimédia, une bibliothèque. Les jeunes peuvent faire des bricolages, des jeux, du travail, des promenades, etc. Cela permet de varier les activités. Concernant l’enseignement, ils ne sont que trois élèves par classe. Nous organisons des conférences pour leur faire prendre conscience qu’il existe passablement de personnes avec un parcours particulier. Par exemple, la venue de l’alpiniste Nicole Niquille les avait beaucoup impressionnés.

Les cellules sont-elles collectives?

Non, dans les prisons pour mineurs, les cellules sont obligatoirement individuelles. Cela permet aux filles et aux garçons d’être dans la même prison. Les filles et les garçons sont ensemble dans les activités sauf en cas de désaccord ou de croyances différentes. En ce qui concerne les cachots, les prisonniers y vont seulement en dernier recours, comme après une agression sur un camarade. Ils peuvent y rester entre un et sept jours.

Y-a-t-il des bagarres ? Si oui pourquoi?

Les bagarres sont dues aux insultes ou aux paris, même s’ils sont interdits. Le gain est principalement les cigarettes. Les bagarres ont aussi lieu à cause de provocations ou de malentendus.

Accueillez-vous seulement les jeunes prisonniers vaudois?

Non, notre établissement concerne tous les cantons romands. Il existe un concordat qui stipule que la prison de Palézieux serait celle où seraient envoyés les jeunes prisonniers romands.

Propos recueillis par Julie Angéloz, Alyssia Audia et Pauline Berthod

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