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L’or bleu de Remaufens


ENVIRONNEMENT REMAUFENS

Il y a un peu plus d’une centaine d’années, les Remaufensois furent bien inspirés dans leur impérieuse recherche de l’eau. Leur découverte en 1906 d’une source en Mology, aux Paccots, offre au village une eau intarissable, peu onéreuse et de haute qualité. Reportage à la source.

La pluie généreuse de cet automne ferait presque oublier que l’abondance d’eau ne coule pas forcément de source! A moins effectivement d’en trouver une, de la capter et de la distribuer pour les besoins de tous. Au début du siècle dernier, les Remaufensois, confrontés au manque du précieux liquide, se sont mobilisés pour éviter la pénurie. «Gr�ce aux recherches et aux imposants travaux de nos anciens, nous disposons aujourd’hui d’une alimentation en eau de grande qualité», affirme Grégory Déglise, conseiller communal chargé du dicastère des eaux, endiguement, gaz et cimetière.

Qui, dans le village, sait d’où vient l’eau lors de l’ouverture des robinets? Comme d’aucuns pourraient le supposer, le secret ne se situe pas dans les rivières ou sous-sols de Remaufens. Il faut se rendre au-dessus des Paccots pour découvrir au cœur de la for�t, en Mology, les précieuses sources voisinant la Veveyse. Le lieu appartient à la commune de Remaufens depuis l’époque des partages effectués entre 1766 et 1769. Ces terrains, a priori sans valeur, ont révélé par la suite leur trésor caché. A partir de 1906, une pénurie d’eau se faisant sentir, avec du danger en cas d’incendie, Remaufens fit appel à un sourcier, l’abbé Mermet, curé à Seiry.

Découverte par hasard

Mais c’est par hasard que les forestiers communaux découvrirent les sources en Mology. L’heureuse découverte changea les transactions avec la Société des eaux de Ch�tel-St-Denis pour arriver à la conclusion d’une convention. Laquelle reconnaissait les captages nécessaires et l’acheminement de l’eau jusqu’à Remaufens, à ses frais. Il en coûta 600 000 francs de l ’époque. La commune a alors été aidée par Attalens et la Société immobilière du Mont-Pèlerin, à charge de leur fournir l’eau, pendant nonante neuf ans.

La magie de Mology

Six captages ont été alors engagés sur le site. «Entre 1906 et 1908, les travaux ont été entrepris, gr�ce à une remarquable mobilisation des Remaufensois, qui pourtant ne disposaient pas des moyens techniques d’aujourd’hui», souligne Frédéric Maillard, fontainier (surveillant de réseau), de la commune. Sur les six captages effectués, quatre se sont révélés concluants, correspondant à quatre sources avec une alimentation suffisante. Deux sont visibles, les deux autres étant enterrés. Ils sont toujours pleinement opérationnels, et seulement étayés, en cas d’étiage, par un puits de pompage de secours. Grégory Déglise explique l’origine de cet or bleu: «L’eau est dite glacière. Elle provient de la fonte des neiges, d’infiltrations, du ruissellement, son filtrage étant assuré par les différentes couches du terrain, par les roches et les sédiments». Elle est peu calcaire, se situant à «seize degrés français». (L’eau est considérée comme dure quand le titre– «degré français» – mesurant le calcium et le magnésium qu’elle contient, dépasse vingt-cinq degrés n.d.l.r.).

La pureté des sources permet avantageusement de ne pas avoir à procé- der à des traitements invasifs.

La s eule intervention consiste à un passage dans des rayons u ltrav iolets, pour détruire les potentielles bactéries, tandis que les possibles limons sont, eux, éliminés par des filtres. La commune exécute trois contr�les annuels de la qualité de l’eau, transmet les prélèvements, pour analyse au Service de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires du canton. Ce dernier effectue son propre contr�le inopiné.

Eau courante et courant électrique

Reste l’acheminement jusqu’au village, qui se fait par une conduite gravitaire de neuf kilomètres. Gr�ce à la déclivité naturelle, tout autre technique est évitée. «Nous pouvons enregistrer une pression, en descente, jusqu’à trente bars, précise Frédéric Maillard. Nous disposons donc d’une chambre de réduction de pression, au Scex, pour que l’eau ressorte à douze bars, afin de soulager la conduite en acier de 150 millimètres de diamètre, mais �gée de 118 ans.» Grégory Déglise souligne: «Remaufens a sa propre eau, à cinquante centimes le mètre cube, ce qui en fait l’une des moins chères du canton».

Un tiers de la conduite a été changée au cours des quinze dernières années. Le traçage des fuites – environ soixante litres par minute – bien que difficile est suivi. Une mise aux normes du site de Mology a eu lieu en 2013 et 2014. La surveillance du réseau s’opère en télégestion, depuis trois ans. La mise en place d’une conduite neuve, sur un autre tracé, avec interconnexion de toutes les sources des communes devrait voir le jour dans les cinq à sept prochaines années. A la clef, un projet de turbinage destiné à fournir de l’électricité. Un enjeu que Remaufens entend bien relever, en honneur des anciens qui ont su si bien anticiper l’avenir.
Michel Machicoane Stocker

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