Pourquoi quitter le banc aussi vite que ça? Homme apprécié, qui aimait sa terre, sa famille, son chalet, son troupeau. La montée au chalet et les désalpes étaient pour lui ses jours de fête. De son troupeau avec ses sonnailles et f leuri, il en était fier. Lorsqu’il fabriquait son bon gruyère, son vacherin et ses tommes, du temps que le lait chauffait, un petit baquet de crème fraîche et épaisse ne nous faisait pas peur.
En automne, il savait quand même s’adonner à quelques plaisirs. Des sorties avec les 43. Mais ce qu’il aimait le mieux, c’était le Tyrol et son folklore. Il a même chanté dans un caveau où il avait donné les frissons à tout le monde. Sans oublier de vieux souvenirs, en septembre, le samedi soir, nous montions jusqu’aux Marindes pour passer une bonne soirée avec les amis.
Le soir avant de manger une bonne fondue, nous allions jusqu’aux Morteys, où les chamois nous faisaient fête. Ils s’amusaient en se glissant sur les petits tacons de neige qui restaient dans les couloirs. Après tout cela, au clair de lune, c’était les bouquetins que l’on voyait sur le sommet du Vanil. Avec leurs grandes cornes, il nous semblait qu’ils allaient percer le ciel et piquer quelques étoiles.
Pendant une dizaine d’années, tu as joué le théâtre avec les «Takounè». Ce théâtre! Une joie de la vie de parler le langage de nos anciens. Nous étions une équipe de véritables amis. Après tout cela, la vie est souvent trop courte, surtout lorsque l’on se croit en bonne santé.
Depuis quelques temps, la Faucheuse avait acheté un balai neuf pour faire du nettoyage dans les rangs des 43. Plein de soucis avec sa santé, le cœur le chicanait beaucoup.
Mais le vent s’est levé. La grande Faucheuse avait bien répété son rôle et elle était sur le seuil de ta porte. Elle savait assez que le vent avait déjà eu versé des chênes pourtant bien enracinés dans la terre profonde.
La voleuse a eu raison de toi, sans que tu puisses dire au revoir. A ta femme, à tes enfants et petits-enfants, ces deux ou trois mots de tous tes amis qui aimaient te rencontrer, te parler, manger tes bons macaronis de chalet et partager un verre avec toi. Je vous présente toute mon amitié.
Adieu Zepp !
Un des 43. Gérard Genoud
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