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«Nos équipes sont en train de sauver des vies»

Depuis la fin du mois de mars, la ligne de production de la valve pour les respirateurs artificiels, produite par FAS Medic SA à Palézieux, est entièrement automatisée. Un moyen de répondre à la forte hausse de la demande. PHOTOS FAS MEDIC SA

ÉCONOMIE PALÉZIEUX

Etablie à Palézieux, l’entreprise FAS Medic SA a multiplié par dix le volume de production de sa valve.

Une pièce de haute précision devenue un composant essentiel à plupart des respirateurs utilisés dans les hôpitaux pour soigner les patients du Covid-19.

Face à la forte hausse des commandes, la société a dû se réorganiser. Reportage.

Depuis le début de la crise sanitaire liée à la pandémie de coronavirus, le parking de FAS Medic SA réservé à ses quelque 190 employés ne désemplit pas... au contraire. Installée à Palézieux depuis les années 1970 (lire encadré), l’entreprise ne manque pas de travail. La raison est à chercher dans son catalogue. En effet, FAS Medic SA (aussi connu sous le nom de Fluid automation systems) fabrique un composant de seize millimètres, seulement, pour lequel la demande a été multipliée par dix en quelques semaines.

Car, avec le Covid-19, sa valve nommée Flatprop – essentielle au fonctionnement des respirateurs artificiels – est très recherchée. Sa fonction? Elle dose la quantité d’oxygène et d’air délivrés aux malades. Pour faire face à l’explosion des commandes (notamment de la part du troisième producteur mondial de respirateurs, le Suisse Hamilton Medical) des centaines de petites mains s’activent, 24 h/24 – et ceci depuis la mi-mars – pour assembler cette minuscule pièce convoitée dans le monde entier.

Engager du personnel

FAS Medic a obtenu un statut spécial des autorités vaudoises et fédérales, autorisant les heures supplémentaires pour la création de sa valve la semaine et le week-end. La société a également pu compter sur le soutien du canton de Fribourg, où habitent beaucoup de ses employés. En quelques semaines, FAS Medic a dû recruter entre septante et cent travailleurs temporaires pour venir renforcer ses équipes.

Réinventer les espaces

«Les produits sont très techniques. Il faut en temps normal trois mois pour former une personne. Nous avons donc mis en place énormément de programmes de formation», indique le directeur général de IMI FAS depuis une année, Yann Le Bihan. Pour donner un bref aper- çu de cette «situation exceptionnelle», il donne un exemple: «Les produits sont tellement rares sur le marché que les clients deviennent les pays. Des avions sont spécialement affrétés par les gouvernements pour réceptionner la marchandise. Dans une carrière, c’est quelque chose d’unique que de se retrouver face à une pandémie et à la tête d’une entreprise au cœur de l’actualité.»

L’entreprise a également investi «massivement» dans de nouveaux outils de production. «Normalement, nous aurions eu besoin de neuf à douze mois pour les installer, nous sommes en train de le faire en deux mois», souligne le directeur général. Pour respecter des normes sanitaires, FAS Medic a dû «pousser» ses murs. «Nous avons dû changer entièrement les lignes d’assemblage, détruire des murs, créer de nouveaux espaces ou encore modifier les cafétérias», détaille celui qui avait occupé le poste de directeur commercial pendant sept ans avant de prendre la tête de la société.

Yann Le Bihan souligne la «solidarité» et le «courage» de ses collaborateurs. «La situation est difficile: nous leur demandons de faire des efforts, mais le sentiment de fierté qu’ils ressentent arrive à dépasser tout cela. Nous parlons beaucoup de business, mais nos équipes sont en train de sauver des vies. L’enjeu de ce que nous faisons à Palézieux est là.» Selon lui, le rythme «effréné» auquel fonctionne l’entreprise n’est pas prêt de baisser: «Nous ne sommes qu’à la moitié du chemin. La situation va durer jusqu’en septembre, au moins. Un ralentissement est attendu pour la deuxième partie de l’année prochaine. Tout ce que je dis n’est valable que maintenant.»
Valentin Jordil


Une success-story née à Palézieux en 1971

Fondée en 1971 à Palézieux, FAS Medic SA appartient depuis 2004 à la multinationale britannique IMI plc. Spécialisée dans l’ingénierie, «elle conçoit, fabrique et entretient des produits de haute technologie qui contrôlent le mouvement précis des fluides», comme inscrit dans le communiqué de presse de l’entreprise. Celle-ci emploie 11000 collaborateurs sur vingt sites de production dans le monde. Cotée à la Bourse de Londres, IMI plc a dégagé un chiffre d’affaires d’environ 2,2 milliards de francs l’an dernier. Avec l’effectif de son personnel administratif, basé à Versoix/GE, FAS Medic SA emploie 250 collaborateurs. Pour faire face au nombre croissant des commandes pour sa valve destinée aux respirateurs artificiels, si essentielle face au Covid-19, l’entreprise à dû engager une centaine de collaborateurs supplémentaires pour son site de Palézieux (lire ci-contre). FAS Medic s’est «attaqué», il y a quinze ans, au Life science. «Je n’ai pas de boule de cristal, mais j’ai bien compris que les politiques de santé seront la priorité des différents pays dans les mois et les années à venir.» Le directeur général Yann Le Bihan explique quand même que l’entreprise a connu des «baisses significatives» dans d’autres secteurs. «Cette diversification nous permettra d’être plus forts, notamment de digérer plus facilement la crise économique qui s’annonce.» VJ

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