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Pierre-Alain Borloz, l’homme dans l’ombre de l’exécutif

Pierre-Alain Borloz: «On ne naît pas secrétaire communal, on le devient.» VJ

ADMINISTRATION COMMUNALE FOREL (LAVAUX)

«Mémoire vivante» de la commune de Forel, Pierre-Alain Borloz partira à la retraite dans un mois. Le Messager tire en quatre points le portrait du secrétaire communal.

Secrétaire communal depuis 1989, Pierre-Alain Borloz est un homme de l’ombre. A Forel (Lavaux), il est dans l’ombre de la Municipalité depuis trois décennies. Dans les fanfares, il occupe le dernier rang et il est à l’ombre du pavillon de sa basse. Son départ à la retraite, le 31 mars, est l’occasion de le mettre un peu en lumière. L’enfant de Châtillens nous a reçus, mardi après-midi, dans son bureau avec vue sur les Alpes. «J’ai plus les yeux sur l’écran de l’ordinateur que sur la fenêtre», dit-il en souriant.

LE «HUITIÈME» MUNICIPAL

Ce titre de «huitième» municipal n’est pas officiel. Le secrétaire communal joue toutefois un rôle important dans la gestion du village. «Certes, nous ne sommes que l’auditeur et le transcripteur des décisions, mais nous participons à la vie de la commune, estime-t-il. Et, au final, notre voix n’est que consultative.» A 32 ans, Pierre-Alain Borloz accède à la fonction de secrétaire communal. Son prédécesseur était resté trentesix ans à ce poste. «On m’a choisi parce que je venais du village d’à côté, reconnaît-il. Ce qui m’a beaucoup aidé, c’est que je savais ce que ce poste représentait puisque mon père fut municipal à Châtillens.»

Il reconnaît avoir eu «très jeune» un intérêt pour la chose publique. D’ailleurs, il fut conseiller général à Châtillens et conseiller communal à Oron-la-Ville. Habitant désormais à Ormont-Dessus, il siège au Conseil communal et préside la commission de gestion. Après le gymnase à Moudon, il effectue un apprentissage de secrétaire d’exploitation postale au sein du géant jaune, puis un autre de secrétaire des télécommunications à Swisscom. Il a ensuite travaillé pendant douze ans à La Poste, avant de prendre la tête de l’administration de Forel. «On ne naît pas secrétaire communal, on le devient», déclare-t-il.

Au cours des trente dernières années, tous ses lundis soir ont été consacrés à la séance hebdomadaire de la Municipalité, où il rédigeait le procèsverbal de l’exécutif, «journal de bord» d’une commune. Pierre-Alain Borloz a toujours apporté un soin particulier à sa rédaction: «Je savais que ces documents resteraient pour la postérité. Trois heures de séance, c’est trois heures d’écriture.»

LE TÉMOIN

Vingt et un municipaux, dont quatre syndics et des milliers de permis de construire, Pierre-Alain Borloz a vu défiler beaucoup de personnes. «J’ai eu la chance d’être un témoin privilégié de l’évolution de la commune.» Pierre-Alain Borloz, qui fêtera ses 63 ans à la fin mars, se définit comme la «mémoire vivante» de l’histoire récente de Forel. En effet, quand il devient secrétaire communal, Forel ne comptait «que» 1400 habitants. Aujourd’hui, ils sont 2100.

«C’est assez prenant. Ce n’est pas que des gens qui débarquent. Ce sont des plans de quartier, des constructions, des permis de construire, ainsi que des discussions avec des architectes, des ingénieurs, des urbanistes...», énumère-t-il. Dans les faits marquants, auxquels il a assisté, il cite l’inauguration de la nouvelle administration communale en 2006, après deux ans de travaux. «Avant, quand nous arrivions le lundi matin en hiver, il faisait 12°C dans les bureaux», se souvient-il.

Homme de caractère, il a également été témoin de l’évolution de sa fonction, notamment avec l’apparition de l’informatique. «Plus de la moitié de mon travail se passe derrière un écran à ouvrir, traiter, transférer et imprimer des e-mails. Nous sommes la courroie de transmission centralisée pour tous les municipaux. Des fois, je dis qu’on est la boîte aux lettres», explique-t-il.

La syndique de Forel Suzanne Audino fut également la première secrétaire de Pierre-Alain Borloz durant quinze ans. Elle souligne son engagement et sa disponibilité: «Il a toujours défendu les intérêts de la commune. Avec son départ, une page va se tourner. Trente ans, ce n’est pas rien.»

LE MUSICIEN

De 1998 à 2006, il a présidé l’Harmonie d’Oron. D’ailleurs, ses quatre filles y ont joué. Au cours des dernières années, il avait quelque peu délaissé sa basse. Pierre-Alain Borloz a également présidé l’association du Giron des musiques de la Veveyse. Il confie vouloir sérieusement se remettre à la musique, au moment où la retraite sonne pour lui.

LE FUTUR RETRAITÉ

Dans un mois, une page se tournera à Forel. Pierre-Alain Borloz ne manque pas d’ironiser en indiquant que la banque et la poste quitteront aussi la commune dans quelques semaines: «Quand je suis arrivé, le bâtiment de la banque et de la poste était inauguré en grande pompe.» Pierre-Alain Borloz a aimé son travail. «Venir le matin n’a jamais été une contrainte. Il n’y a aucune monotonie dans ce travail.»

«Je pars le cœur léger en me disant que j’ai vécu de belles choses, de l’intérieur, indique-t-il Je me réjouis, car c’est maintenant une nouvelle vie qui commence. Je souhaite faire beaucoup de choses pour lesquelles je n’ai pas eu le temps, en commen- çant par m’occuper de moi.» Il confie vouloir entretenir son chalet à Cerniat, adopter un chien «pour qu’il me réapprenne à marcher (sourire)» et refaire des balades en montagne.

Valentin Jordil

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